De la via Appia au lieu d'un massacre à l'époque de l'apartheid et en passant par un village où a grandi Nelson Mandela : l'Unesco a ajouté ce samedi 13 sites à sa liste du patrimoine mondial. Treize lauréats en une journée. Non, on ne parle pas d'athlètes des Jeux olympiques, mais bien des nouveaux sites inscrits ce samedi sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco, dont le comité est réuni jusqu'à mercredi à New Dehli. De l'Iran au Kenya et de l'Italie au Japon, on vous fait un petit topo sur les dossiers validés. La via Appia, vestige de l'empire romain « Regina Viarum », littéralement « la reine des routes » en latin, est le nom que les Romains, connus pour leurs talents d'ingénieurs et de constructeurs, avaient donné à la via Appai, voie reliant Rome à Brindisi, une ville portuaire des Pouilles. Il s'agit du 60e site italien inscrit à l'Unesco. Ruban pavé de plus de 500 kilomètres construit à partir de 312 av. J.-C. par Claudio Appius l'Aveugle, censeur et consul romain, la Via Appia Antica est un livre d'Histoire à ciel ouvert que les fouilles archéologiques nourrissent indéfiniment. En plus d'avoir résisté à plus de deux millénaires, la Via Appia témoigne de l'ingéniosité des bâtisseurs romains, qui ont percé les montagnes, creusé des canaux, édifié des viaducs et mis en place tout un système de relais de postes. Les mines japonaises de Sado, histoire croisée avec la Corée du Sud Les plus anciennes mines de l'île de Sado, en face de la côte nord-ouest du Japon, auraient commencé à être exploitées dès le XIIe siècle et le site est resté en activité jusqu'après la Seconde Guerre mondiale. Durant la colonisation japonaise de la péninsule coréenne (1910-1945), des milliers de Coréens y ont travaillé de force. Pour le Japon, le site méritait de rejoindre la liste du patrimoine mondial de l'Unesco en raison de sa longue histoire et de son remarquable héritage de l'époque préindustrielle. Mais Séoul s'était opposé à cette proposition quand elle fut présentée pour la première fois en raison du recours à la main-d'œuvre coréenne forcée pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsque le Japon occupait la péninsule coréenne. « L'inscription a été le résultat de 14 années d'efforts », a souligné sur le réseau social X le Premier ministre japonais Fumio Kishida, après l'accord de Séoul en échange de la promesse de maintenir vivante la mémoire « des dures conditions de travail de tous les travailleurs » dans les mines. En Dacie et à Târgu Jiu, la Roumanie doublement couronnée Bucarest a validé coup sur coup l'inscription de l'ensemble monumental du sculpteur Constantin Brâncuși à Târgu Jiu et des frontières de l'empire romain en Dacie. Installé dans le parc de Târgu Jiu, l'ensemble monumental de Brâncuși est un hommage aux soldats roumains de la Première Guerre mondiale, composée de trois sculptures géantes. Les grottes de Niah, 12 ans après en Malaisie Avec l'inscription du patrimoine archéologique de l'ensemble des grottes du parc national de Niah, la Malaisie enregistre son 5e site protégé par l'Unesco, douze ans après la vallée de Lenggong. Ces grottes, au nord de l'île de Bornéo, ont notamment livré aux archéologues un crâne d'homo sapiens vieux de 38.000 ans. Mandela honoré en Afrique du Sud La liste exacte des lieux concernés n'a pas encore été communiquée, mais l'Unesco a retenu le dossier des « sites de mémoire de Nelson Mandela » en Afrique du Sud, titré « Droits de l'homme, libération et réconciliation ». Gedi, entre vie et archéologie au Kenya Aujourd'hui, encore 600 personnes vivent à Gedi, sur la côte kényane. Mais le village est aussi un site archéologique exceptionnel, entre ruines d'un port du XIIIe siècle et palais complexes construits en corail, terre et plâtre. Ce site important de la culture swahilie est le neuvième site du Kenya inscrit au patrimoine mondial. L'Axe central, l'architecture chinoise récompensée L'Axe central de Pékin, un ensemble d'anciens palais et de jardins impériaux de la capitale chinoise, a également été ajouté à la liste samedi. Cet ensemble patrimonial de 589 hectares est une illustration de « l'ancienne tradition chinoise de l'urbanisme, emblématique car mettant en évidence les caractéristiques distinctives de la civilisation chinoise », a souligné l'agence officielle chinoise Chine Nouvelle. Thaïlande, Arabie saoudite et Russie aussi de la partie Au nord de la Thaïlande, le parc de Phu Phrabat et ses pierres Sema de la période de Dvaravati figurent aussi sur la nouvelle liste de l'Unesco. Tout comme les alentours du lac Kenozero, parc naturel russe, et le site archéologique d'Al-Faw en Arabie saoudite, une ancienne cité florissante du royaume de Kindah, active au IIe siècle avant notre ère. Hegmataneh, ancienne capitale de l'empire médique en Iran Entourée de sept murailles concentriques pendant l'Antiquité, selon la légende, l'ancienne capitale des Mèdes est une merveille architecturale, qui témoigne aujourd'hui de la riche histoire de l'Iran. Le palais de Darius n'y fait pas oublier jardins et temples, aux influences croisées de toutes les cultures qui se côtoyaient le long de la route de la Soie. Après son déclin et diverses invasions, les archéologues du XIXe siècle ont remis au jour les vestiges de la cité. La résidence de Schwerin, joyau allemand Les Allemands savent construire des châteaux grandioses. Moins connue que celui du Neuschwanstein, la résidence de Schwerin a tout de même accueilli confortablement ducs et grands-ducs de Mecklembourg pendant des siècles. Situé sur une île au bord d'un lac, le panorama est grandiose depuis les tours Renaissance du château. Hier, la Palestine et les Marquises Le monastère de Saint-Hilarion, situé dans la bande de Gaza, a quant à lui été inscrit vendredi au patrimoine mondial en péril de l'Unesco. Les îles Marquises, l'un des cinq archipels de la Polynésie française, et les tumulus funéraires ornés de la dynastie Ahom dans le nord-est de l'Inde, ont aussi intégré la liste du patrimoine mondial.