L'agence Média Palestine appelle à la solidarité afin de soutenir Anas Al Sharif, dernier journaliste d'Al-Jazeera survivant dans le nord de Gaza, diffamé et menacé par l'armée israélienne. « Je n'ai plus les mots », confie Anas Al Sharif, reporter d'al-Jazeera, dans une vidéo publiée sur son compte Instagram à son arrivée dans la cour de l'école du quartier al-Darraj, à Gaza-ville. Derrière lui on peut apercevoir le massacre qui a eu lieu à peine quelques heures plus tôt, alors que des Palestiniens s'étaient réunis dans une école pour prier. De nombreux reportages ont depuis documenté ce massacre, l'un des plus meurtriers à Gaza depuis octobre dernier. Nous publions le 12 août des témoignages décrivant un niveau de violence insoutenable. Visiblement bouleversé par la scène dont il est témoin, Anas Al Sharif ajoute : « Je ne peux pas décrire ce qui se passe ». Si cette vidéo a ému un large public, qui a témoigné de son soutien au journaliste et de son indignation quant à cette attaque, elle a aussi fait réagir l'armée israélienne. Dans une série de tweets, le porte parole en langue arabe de Tsahal Avichay Adraee accusait Anas Al Sharif de présenter un mensonge, avant d'ajouter que le journaliste devait « connaitre les noms d'un grand nombre de terroristes du Hamas parmi ceux qui ont été tués dans l'école », insinuant, sans fournir aucune preuve, qu'il y aurait un lien entre le média et le Hamas. Ces déclarations font craindre pour la sûreté du journaliste. Comme l'agence Média Palestine le détaillait dans un article du 13 août 2024, les journalistes présents à Gaza sont délibérément pris pour cible par l'armée israélienne, alors qu'ils sont en exercice de leur fonction et sont clairement identifiables comme tels. Alors que les médias internationaux sont empêchés d'entrer dans Gaza pour documenter le conflit, les journalistes qui étaient présent sur place en octobre sont en danger, en tant que civils comme en tant que professionnels. Dans un communiqué publié plus tard dans la journée du 10 août 2024, Al Jazeera Media Network qualifie les déclarations du porte-parole de l'armée israélienne d'actes d'intimidation : « ces remarques ne sont pas seulement une attaque contre le caractère et l'intégrité d'Anas, mais aussi une tentative évidente d'étouffer la vérité et de réduire au silence ceux qui rendent courageusement compte de la situation à Gaza. «Depuis le 31 juillet et l'assassinat de ses collègues Ismail Al Ghoul et Rami Al Rifi, Anas Al Sharif est le dernier correspondant pour AL-Jazeera dans le nord de Gaza. Le journaliste avait déjà reçu des menaces pour son travail de reporter, et son père a été tué le 11 décembre 2023, après qu'une frappe aérienne israélienne ait touché sa maison familiale à Jabalia. L'agence Média Palestine, de même que de nombreuses organisations de protection de la presse, s'inquiète pour sa survie et relaie l'appel d'Al-Jazeera à la communauté internationale d'être solidaire d'Anas Al Sharif et de tous les journalistes qui risquent leur vie pour faire connaître la réalité de Gaza au monde entier. Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a documenté l'assassinat d'au moins sept journalistes et travailleurs des médias affiliés à Al Jazeera – à qui Israël a interdit d'opérer à l'intérieur du pays – depuis le début de la guerre Israël-Gaza en octobre dernier. Le CPJ « profondément préoccupé » pour la sécurité du correspondant d'Al Jazeera. Depuis le 7 octobre, le Syndicat des Journalistes Palestinien a rapporté un total de 160 journalistes été assassinés par l'armée israélienne.n