Les médias français ont rapporté que le Président français, Emmanuel Macron, a reconnu, dans un communiqué, que «Larbi Ben M'hidi, héros national pour l'Algérie et l'un des six dirigeants du FLN qui lancèrent l'insurrection du 1er novembre 1954», avait été «assassiné par des militaires français placés sous le commandement du général Aussaresses». Les mêmes sources ont relevé que cette reconnaissance a eu lieu à l'occasion du 70e anniversaire de ce qu'ils continuent d'appeler «l'insurrection du 1er novembre 1954 qui ouvrit la Guerre d'Algérie». L'historien français Gilles Manceron a fait observer que «les historiens le savaient depuis longtemps» et que «de nombreux témoignages ont été accumulés sur cette issue». Il a rappelé que «l'armée française et l'Etat français ont menti pendant plus de 60 ans en disant qu'il s'était suicidé». «C'est la fin d'un mensonge.» Le Président Emmanuel Macron avait reconnu, en septembre 2018, 61 ans après les faits, dans un communiqué, là également, que le chahid Maurice Audin «a été torturé puis exécuté ou torturé à mort par des militaires qui l'avaient arrêté à son domicile». A cette occasion, le Président français souhaitait que «toutes les archives de l'Etat qui concernent les disparus de la Guerre d'Algérie puissent être librement consultées et qu'une dérogation générale soit instituée en ce sens». Le 2 mars 2021, c'est toujours par un communiqué de l'Elysée que le Président Macron, sur préconisation de l'historien français Benjamin Stora, reconnaissait un autre crime commis par l'Etat français, l'assassinat de l'avocat Ali Boumendjel. Il s'agit de la reconnaissance de trois crimes commis par le colonialisme français déguisés, pour Maurice Audin en évasion, et pour Larbi Ben M'hidi et Ali Boumendjel, en suicides. Une reconnaissance tous les trois ans. Les exécutions sommaires commises par l'armée française en Algérie se comptent, au moins en milliers. Au rythme d'une reconnaissance tous les trois ans, combien de temps faudra-t-il à l'Etat français pour reconnaître, un par un, les assassinats commis par son armée durant la Guerre de libération nationale ? Les chahid Maurice Audin, Larbi ben M'hidi et Ali Boumendjel ont été arrêtés, torturés et assassinés en 1957. L'année 1957 a été celle de la généralisation de la pratique de la torture et des exécutions sommaires par l'armée française en Algérie. Pour Les officiers parachutistes de l'armée coloniale, soutenus par leur hiérarchie, avaient décidé que la justice expéditive devait remplacer la justice «selon la procédure du Code pénal». Les exécutions de suspects devaient être immédiates et servir d'exemple, elles devaient, donc, être publiques, au vu et au su de la population algérienne. Dans son aveuglement, l'armée française estimait que la conception d'une justice arbitraire, était la seule condition pour que la répression soit efficace et atteigne son but illusoire qui était de «casser» le FLN et de rallier les Algériens à la France. Le résultat final, on le connaît : le colonialisme français a été chassé d'Algérie. Alors que l'armée française assassinait des prisonniers après les avoir torturés, l'Armée de libération nationale (ALN) était présente partout dans le pays, comme en attestent les informations publiées, à l'époque, sur les Une de la presse coloniale locale et détaillées en page intérieure dans une rubrique intitulée «événements d'Algérie», dédiée, en fait, aux activités de ceux qui sont désignés tantôt «rebelles», tantôt «hors-la-loi», selon l'humeur du moment, on les appelait au début fellaghas. Dans les djebels, de durs combats étaient imposés à l'ALN par l'armée coloniale qui affichait des bulletins mensongers où les «hors-la-loi» mis «hors d'état de nuire», c'est-à-dire tués ou capturés, étaient comptés par dizaines, voire centaines, et les armes et bombes récupérées, un mini-arsenal. C'était du mensonge, de la pure propagande, loin de ce qui se passait sur le terrain. En fait, dans ce nombre, disproportionné par rapport aux effectifs de l'ALN, les services français de la guerre psychologique incluaient les victimes des représailles parmi le peuple sans armes, qui offrait son soutien aux combattants. Dans sa grande majorité, dans les campagnes comme dans les villes, le peuple algérien participait, de diverses manières, au combat contre le colonialisme en fournissant au FLN et à l'ALN, l'assistance dont ils avaient besoin. Les représailles immédiates et sans jugement, par instinct bestial, tournaient au massacre de la population avec la destruction de villages entiers. La France doit reconnaître les crimes qu'elle a commis en Algérie.