Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté à l'unanimité, vendredi, une résolution appelant les rebelles du M23 à cesser immédiatement leur offensive dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), demandant aux forces rwandaises de cesser leur soutien au groupe armé et de se retirer du pays. Le Conseil décide que le M23 doit immédiatement cesser les hostilités, se retirer de toutes les zones sous son contrôle et démanteler les administrations «parallèles illégitimes» mises en place sur le territoire de la RDC. A cette fin, les membres du Conseil saluent les efforts régionaux déployés par l'Union africaine (UA), la Communauté de l'Afrique de l'Est (CAE) et la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) pour mettre en œuvre un cessez-le-feu immédiat. Dans cette perspective, ils se déclarent disposés à envisager que la Mission de paix des Nations Unies, la MONUSCO, puisse jouer un rôle dans l'application et le suivi d'un futur accord. En outre, le Conseil demande aux forces de défense rwandaises de cesser de soutenir le M23 et de se retirer immédiatement de la RDC, sans conditions préalables. Il invite la RDC et le Rwanda à reprendre les pourparlers diplomatiques, conformément au processus de Luanda, principal cadre de négociation entre Kinshasa et Kigali, et au processus Nairobi, centré sur la résolution du conflit à l'intérieur de la RDC. Le Conseil condamne par ailleurs l'appui apporté par l'armée de la RDC aux Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et demande que les engagements visant à neutraliser le groupe soient respectés. En outre, il se dit prêt à prendre de nouvelles mesures contre les personnes qui contribuent à la poursuite du conflit dans l'est de la RDC. Les membres du Conseil condamnent en outre l'exploitation illicite et le trafic systématiques des ressources naturelles dans l'est de la RDC. Ils appellent à restreindre l'étiquetage illégal et assurer la transparence et la traçabilité des exportations de minéraux. À cette fin, le Conseil exhorte toutes les entreprises opérant dans le secteur minier à mettre en œuvre le Mécanisme régional de certification de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs.Les membres du Conseil demandent à toutes les parties d'ouvrir d'urgence des couloirs humanitaires temporaires dans le Nord- et le Sud-Kivu, notamment via l'aéroport de Goma, qui doit être rouvert, l'aéroport de Kavumu et les points de passage frontaliers. Par ailleurs, le Conseil souligne qu'aucune action visant à entraver l'aptitude de la MONUSCO à s'acquitter de son mandat ne sera tolérée, s'agissant notamment de la liberté de circulation de la mission à Goma. Il exige que les parties belligérantes cessent toute hostilité contre les soldats de la paix. Plus de 1 400 réfugiés.. La cheffe de la mission de maintien de la paix de l'ONU en République démocratique du Congo (MONUSCO) a appelé, vendredi, à trouver une solution d'urgence pour le transfert en toute sécurité des personnes ayant trouvé refuge dans les bases de la mission à Goma, la capitale du Nord-Kivu tombée sous le contrôle des rebelles du M23. Bintou Keita, qui était l'invitée du point de presse quotidien de l'ONU à New York, a indiqué que plus de 1.400 individus « à haut risque », y compris des femmes et des enfants, s'étaient abrités dans les bases de la MONUSCO dans l'est de la RDC, suite à la chute de Goma, le 28 janvier dernier. «Malgré de fortes pressions exercées par le M23 pour que ces individus lui soient remis, la MONUSCO reste déterminée à assurer leur sécurité », a déclaré Mme Keita, qui s'exprimait par visioconférence depuis Kinshasa, la capitale congolaise. À l'heure actuelle, la mission continue de répondre à des demandes de protection de la part de défenseurs des droits de l'homme, notamment des femmes, qui subissent des menaces ou risquent d'être victimes d'attaques. La cheffe de la MONUSCO a réaffirmé que la mission entendait s'acquitter de son devoir de protection des individus non armés cherchant refuge à l'intérieur de ses bases, conformément au droit international humanitaire. Une situation humanitaire catastrophique Bintou Keita, Représentante spéciale du Secrétaire général de l'ONU et cheffe de la MONUSCO en visite en RDC.MONUSCO Video Bintou Keita, Représentante spéciale du Secrétaire général de l'ONU et cheffe de la MONUSCO en visite en RDC. «La situation actuelle est cependant intenable en raison du nombre considérable de personnes sous notre protection », a toutefois reconnu la haute responsable. Elle a notamment mentionné les conditions de vie difficiles dans les bases de la MONUSCO et les ressources limitées dont dispose la mission. Mme Keita a par conséquent appelé à trouver de toute urgence une solution « sûre, digne et soutenue par la communauté internationale » pour transférer les personnes actuellement dans les base de la MONUSCO vers un lieu sécurisé, « dans le plein respect de leurs droits et de leur libre arbitre». Mme Keita a par ailleurs indiqué que l'occupation de certaines parties du Nord-Kivu par le M23, avec le soutien des forces de défense rwandaises, limitait fortement la capacité de la MONUSCO à s'acquitter de son mandat dans la province. Elle a fait état de restrictions à la liberté de mouvement de la mission, notamment des barrages routiers et des exigences de notification préalable 28 heures à l'avance, qui empêchent les soldats de la paix de mener des opérations de sauvetage. A ces défis opérationnels, s'ajoutent selon Mme Keita des « campagnes de désinformation et de haine » à l'encontre de la mission, qui « déforment délibérément son rôle et ses actions » et mettent en danger la vie des Casques bleus. Pour dissiper tout malentendu, la cheffe de la MONUSCO a rappelé que le mandat de la mission est de protéger les civils dans les deux provinces de l'est de la RDC que sont l'Ituri et le Nord-Kivu, où les Casques bleus veillent sur des centaines de milliers de personnes déplacées. Selon Mme Keita, la visite, cette semaine, du nouveau commandant brésilien de la MONUSCO, le général Ulisses de Mesquita Gomes, à Beni, dans le Nord-Kivu, et à Bunia, en Ituri, témoigne de la détermination de la mission à assurer un rôle de leadership dans ces régions instables. Dans un message vidéo exclusif filmé pour ONU Info à Beni, le commandant de la MONUSCO a indiqué que sa visite visait à « renforcer le moral des troupes » et « assurer une coordination efficace » de la mission pour garantir la protection des civils. Le nouveau commandant brésilien de la MONUSCO, le général Ulisses de Mesquita Gomes, arrive à Beni, dans le Nord-Kivu.MONUSCO Le nouveau commandant brésilien de la MONUSCO, le général Ulisses de Mesquita Gomes, arrive à Beni, dans le Nord-Kivu. A l'appui du rôle essentiel de la MONUSCO dans la région, Mme Keita a rappelé que la mission s'était rapidement mobilisée en Ituri, ces dernières semaines, afin de déjouer des attaques de miliciens de la Coopérative pour le développement du Congo (Codeco). Ces derniers ont mené plusieurs incursions nocturnes près du site pour personnes déplacées de Djaiba, dans le territoire de Djugu, à environ 90 kilomètres au nord de Bunia, la capitale de la province. Pour éviter une escalade des violences inter-communautaires, la MONUSCO a établi, le mardi 11 février, deux bases opérationnelles mobiles temporaires, dont l'une située à quelques mètres du camp de déplacés de Lodha et l'autre dans le village voisin d'Aar. Au Nord-Kivu, Mme Keita a souligné que la MONUSCO assurait la protection de plus de 200 civils vulnérables à Eringeti, près de la frontière avec l'Ituri.