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Vague d'indignation après l'expulsion de juristes espagnols par les autorités d'occupation
Sahara occidental
Publié dans La Nouvelle République le 18 - 03 - 2025


L'expulsion samedi d'une délégation de juristes espagnols du Sahara occidental par les autorités d'occupation marocaines a suscité une vague d'indignation et de vives inquiétudes chez les associations de défense des droits de l'Homme qui ont condamné une «violation flagrante du droit international».Selon Inès Miranda Navarro, membre de l'Association internationale des juristes pour le Sahara occidental (AIJUWS), cette expulsion constitue «une violation flagrante du droit international, en particulier du droit à la liberté de circulation des personnes et des conventions de Genève». L'expulsion de la délégation de juristes «démontre, une fois de plus, la répression croissante et le manque de transparence concernant ce qui se passe dans les territoires sahraouis occupés par le Maroc, où les restrictions à la liberté de mouvement et la répression ne sont qu'un échantillon des graves violations des droits de l'homme auxquelles le peuple sahraoui est confronté quotidiennement», a dénoncé l'association dans un communiqué. Des juristes espagnols ont été expulsés de Lâayoune occupée par les autorités marocaines, alors qu'ils s'apprêtaient à enquêter sur la situation des droits de l'homme dans ce territoire. Les membres de la délégation, qui comprenaient les avocates Dolores Travieso Darias et Flora Moreno Ramos, ainsi que l'expert Silvestre Suarez Fernandez, ont été empêchés de quitter l'avion à leur arrivée à Laâyoune. Des hommes en civil, apparemment des agents des autorités d'occupation, sont montés à bord de l'appareil et ont ordonné à la délégation espagnole de rester à bord sans fournir d'explications claires. L'AIJUWS a indiqué, dans ce contexte, qu'elle mène des missions d'observation juridique dans le territoire occupé du Sahara occidental, en collaboration avec le Conseil général du barreau espagnol «en réponse à la violation répétée par l'Espagne de l'article 73 de la Charte des Nations unies». «Comme les autres puissances administrantes, l'Espagne est tenue de communiquer périodiquement au Secrétaire général des Nations unies des informations sur la situation économique, sociale et éducative des territoires sous son administration», a-t-elle rappelé. Or, «l'Espagne ne respectant pas cette obligation depuis 1976», l'AIJUWS tente donc de «combler ce manque d'information depuis 2002». A cette fin, elle organise périodiquement des missions d'observation juridique dans le territoire occupé et rend compte des résultats de ses enquêtes au Secrétaire général de l'ONU, ainsi qu'aux pays et institutions intéressés. En effet, l'objectif de cette mission était de se rendre sur le terrain pour évaluer la situation des prisonniers politiques sahraouis détenus dans les prisons marocaines et de rencontrer des responsables d'organisations sahraouies de défense des droits humains. Lever le blocus Le Collectif des défenseurs sahraouis des droits humains au Sahara occidental (CODESA) a condamné, de son côté, l'expulsion des juristes espagnols, appelant la communauté internationale à «exercer des pressions» sur le Maroc pour «lever le blocus militaire et médiatique imposé à la partie occupée du Sahara occidental» et à «mener à bien le processus de décolonisation du Sahara occidental». Réaffirmant la nécessité pour les Nations unies de mener une enquête internationale sur l'expulsion des observateurs internationaux du Sahara occidental occupé, le collectif a réitéré son appel aux Nations unies et au Comité international de la Croix-Rouge pour qu'ils «assument l'entière responsabilité des violations du droit international humanitaire au Sahara occidental, en raison du refus persistant de la force d'occupation marocaine de respecter et d'appliquer le droit international, garantissant le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination». La Ligue pour la protection des prisonniers sahraouis dans les prisons marocaines (LPPS) a exprimé, pour sa part, sa «profonde préoccupation» face à ces pratiques qui «bafouent le droit international et méprisent les efforts des Nations unies». Condamnant l'expulsion de la délégation internationale, la LPPS exhorte la communauté internationale à prendre des mesures efficaces pour obliger les autorités d'occupation à «cesser ces pratiques et à garantir le respect des droits de l'homme». «Cette interdiction s'inscrit dans le cadre d'une politique d'isolement de la région et de la poursuite du blocus militaire et médiatique imposé depuis 2014, qui a précédemment empêché l'accès au territoire occupé, des rapporteurs des Nations unies et des organisations internationales de défense des droits de l'homme, y compris le Haut-Commissariat aux droits de l'homme», a-t-elle souligné. L'Association sahraouie des victimes de violations graves commises par l'Etat marocain a également condamné l'expulsion de ces professionnels du droit, affirmant que «le Maroc ne veut pas de témoins dans les villes sahraouies occupées». Le Maroc «continue d'interdire aux étrangers l'accès au territoire et d'empêcher les rencontres avec les Sahraouis qui réclament la liberté et l'indépendance et avec les défenseurs des droits de l'homme, de peur qu'ils révèlent au grand jour la terrible situation des droits de l'homme et les crimes commis quotidiennement contre eux en raison de leurs convictions politiques», a-t-elle ajouté. Qualifiant l'expulsion des juristes espagnols de «violation flagrante du droit international», le représentant du Front Polisario en Espagne, Abdullah Al-Arabi a affirmé, dans un communiqué, que «le Maroc empêche systématiquement les défenseurs des droits humains, les journalistes, les militants et les représentants politiques d'entrer au Sahara occidental, afin de dissimuler les violations des droits humains subies par les civils sahraouis». Il a exhorté, à ce titre, toutes les institutions espagnoles et européennes à «déposer officiellement plainte contre le Maroc concernant ces pratiques».

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