Certains émirent l'avis d'éviter la confrontation, le déséquilibre des forces étant trop important au détriment de l'armée musulmane, mal préparée et inexpérimentée. Les Mouhadjiroun affirmèrent qu'ils étaient prêts pour la bataille, suivis par les Ançars, qui déclarèrent qu'ils iraient jusqu'au bout de leur engagement à défendre l'Islam et son prophète. Confronté par ces déclarations de dévouement sincères et enthousiastes, expressions d'une fois inébranlable, le Messager de Dieu (QSSSL) ordonna à tous de se diriger sans s'attarder vers Badr pour contrer leurs ennemis. Ces derniers comptaient environ un millier d'hommes bien équipés, cent chevaux et sept cent cinquante chameaux et se trouvaient sous le commandement d'Utba Ibn Abi Djahl, aidé par les chefs les plus connus des grandes familles qoraichites. Mis au courant de ces événements, le chef de la caravane mecquoise se résolut à changer de route en longeant la côte de la mer Rouge pour se mettre à l'abri, en prenant soin, une fois hors de danger, de dissuader ses amis de continuer leur marche vers Badr, les conseillant de rentrer à La Mecque. Abou Jahl, le chef des Banou Makhzoum, maintint la décision de poursuivre l'application de son plan vaille que vaille, têtu, orgueilleux et sûr de la victoire des siens. Déroulement de la bataille de Badr Arrivés les premiers au lieu indiqué, les musulmans choisirent un puits d'eau et colmatèrent le reste pour acculer leurs ennemis à la soif, en les en privant de cette matière vitale. Ces derniers se dépêchaient, en effet, pour pouvoir se ravitailler en eau. Interrogés, deux prisonniers affirmèrent être chargés du ravitaillement en eau l'armée mecquoise et donnèrent d'autres informations utiles. De plus, une ondée se déversa, mais du côté des polythéistes ce fut un véritable déluge qui arrêta leur marche, au contraire du côté des musulmans, que la pluie douce purifia et lava de toute souillure. Le Prophète (QSSSL) eut une tente située au sommet d'une colline surplombant le théâtre du combat, lui permettant de suivre les opérations de près. Lui et les croyants implorèrent le Secours divin.. C'était la nuit du vendredi 17 du mois de Ramadhan de l'an 2 de l'hégire (15 mars 624 chrétienne) et la matinée trouva les deux armées, l'une en face de l'autre, prêtes à engager le combat qui, suivant la coutume, commença par un duel (Utbah Ibn Rabiâa, un chef de clan quraïshite, son frère Shaybah Ibn Rabiâa et son fils Al-Walîd Ibn Utbah contre Ali Ibn Abi Taleb, gendre du Prophète, Oubaydah Ibn Al-Harith et l'oncle du Prophète le fameux Hamza). Les trois adversaires polythéistes furent rapidement tués, ainsi qu'Oubeida, et la bataille générale s'engagea immédiatement, faisant rage. Le Prophète (QSSSL), à la tête de son armée, continuait à prier et à invoquer Dieu pour qu'Il leur accorde la victoire, et sa requête fut exaucée et vint couronner les efforts des musulmans, qui sont arrivés à se défaire de la première puissance arabe. Soixante-dix polythéistes furent tués – parmi eux leurs principaux chefs comme Abou Djahl — et autant furent faits prisonniers. Les pertes musulmanes s'élevaient à quatorze hommes (6 Mouhadjirouns et 8 Ançar). En conclusion : Ainsi, s'acheva la bataille de Badr, à l'issue de laquelle les corps des polythéistes tués furent enterrés dans une fosse commune. Le Prophète (QSSSL) se présenta devant eux et leur parla : «Tribu ingrate envers votre Prophète ! Vous me traitiez d'imposteur, alors que d'autres gens croyaient en moi. Vous m'avez abandonné, alors que d'autres gens m'ont porté secours. Vous m'avez chassé, alors que d'autres gens m'ont accueilli chez eux. Ô Utbah Ibn Rabiâa ! Ô Shayba Ibn Rabiâa! Reconnaissez-vous, désormais, que la Promesse de votre Seigneur est véridique ? Car moi, je reconnais que la Promesse de mon Seigneur est véridique.» Omar Ibn Al Khattab demanda alors au Prophète : «Ô Messager de Dieu, pourquoi parles-tu à des hommes morts ? — Par Celui Qui détient mon âme dans Sa Main, déclara le Prophète, vous ne m'entendez pas mieux qu'eux, bien qu'ils soient incapables de répondre.» Trois jours plus tard, l'armée musulmane, victorieuse, quitta les lieux pour rentrer à Médine, couronnée de succès et emportant un grand butin, qui fut équitablement partagé entre les soldats. Les prisonniers capables de payer une rançon furent libérés et les autres devaient prendre en charge l'instruction de dix enfants musulmans, puis furent libérés aussi. Telle a été la première bataille de l'histoire de l'Islam. Son importance réside dans le fait qu'elle fut l'expression la plus aboutie du combat éternel que se livrent le Bien, défendu par le Prophète et ses fidèles croyants, contre le Mal, qu'entouraient la vanité, l'orgueil et l'égoïsme, défendu par les esclaves de l'idolâtrie et de l'ignorance humaine. Enfin, la brillante et historique victoire des musulmans à Badr — que nous commémorons aujourd'hui—eut le grand mérite de faire prendre à tous conscience que l'Islam était devenu une force qui compte dans la Péninsule arabique en ce premier quart du VIIe siècle, d'abord, et dans le reste du monde, les siècles suivants.