Parmi toutes les personnalités musulmanes, au demeurant très nombreuses, l'imam Ali Ibn Abi Taleb occupe une place vraiment à part dans la mémoire collective des populations du monde islamique. Son image relève presque du mythe et les mythes, comme on le sait, ont la peau dure. Cousin puis beau-frère du Prophète Mohamed (QSSSL), Ali Ibn Abi Taleb serait né en mars 599. Comme son père était très pauvre, l'Envoyé de Dieu le recueillit chez lui, l'éleva dans sa maison et s'occupa parfaitement de son éducation. Après la Révélation, il fut le premier parmi les adolescents (à l'âge de dix ans) à embrasser la nouvelle religion monothéiste. Il était tout le temps aux côtés de son illustre cousin l'accompagnant partout où il se déplaçait. Quand notre Prophète émigra à Médine, en 622, ce fut Ali qui prit sa place chez lui faisant croire aux polythéistes que c'était Mohamed. Il se chargea de rendre aux gens leurs biens entreposés chez le Prophète puis prit à son tour le chemin de l'exil vers Médine. A 22 ans, il épousa Fatima Ezzahra et prit part à toutes les batailles, et se rendit célèbre par sa force physique et sa bravoure uniques : Badr, (où il a prit l'étendard des Mouhadjiroune et tua à lui seul une vingtaine de polythéistes) Ohoud, Kheïbar etc. Il participa à la transcription du Coran et conseilla à Omar Ibn el Khettab de prendre l'hégire comme références dans la datation des événements et de la chronologie. Il fit partie du cercle restreint des Sahaba qui étaient consultés constamment par les califes successifs : Abou Bakr, Omar et Othman. A la mort de ce dernier, il lui succéda pour cinq ans (556-661) dans des conditions très difficiles. Personnage emblématique au charisme incontestable, le calife Ali a d'emblée rencontré une vive opposition dès qu'il prit les commandes de l'Etat musulman, à Médine. En effet, le gouverneur de Syrie, Mouawiya Ibn Abi Sofiane, lui désobéissait en réclamant la tête des assassins d'Othman Ibn Affane, tandis que les illustres compagnons Talha et Zoubeyr (ainsi que la «mère des croyants», la noble Aïcha, la femme du Prophète (QSSSL), ont fait front contre lui. D'ailleurs, ils furent défaits à la bataille du «Chameau » (aux environs de Bassorah) en octobre 656. La lutte contre Mouawiya fut longue et entre les deux adversaires eut la bataille de Siffin (juillet 657) et se continua par l'affaire de l'arbitrage d'Edroh, en Jordanie (janvier 658), qui se termina à l'avantage du futur calife omeyyade. Alors, de ses rangs sortirent d'autres opposants, les kharédjites, qui lui menèrent la vie dure en lui reprochant d'avoir accepté ledit arbitrage. Ali les battit au cours de la sanglante bataille de Nahrawan (sur les rives du Tigre) en 658. Mouawiya en profita pour s'emparer de beaucoup de territoires et s'autoproclamer calife, en 660.Pendant ce temps, le calife légitime transporta la capitale de Médine à Koufa, en Irak. L'année suivante, cet illustre calife au charisme incontestable fut assassiné alors qu'il accomplissait la prière d'el fedjr, à l'issue d'un complot qui visait aussi à tuer Mouawiya et son ami, Amrou Ibn el Aç, car considérés tous les trois par les comploteurs comme étant la cause de la grande «fitna» et des luttes intermusulmanes. Le calife Ali ne survécut pas à ses blessures et mourut, au mois de janvier 661. Il fut enterré à Nadjef (ville sainte chez les chiites et située à 160 km au sud de Baghdad). Excellent orateur et maître incontestable de la rhétorique, l'imam Ali demeure une personnalité très populaire dans le monde musulman qui célèbre toujours son courage légendaire. Il était très bon même si on lui reprochait le manque de qualités politiques, mais lui, ne pouvait, à cause de son éducation remarquable et de son tempérament généreux, louvoyer et se mouvoir sur le terrain mouvant et plein d'embûches et parsemé de ruses de la politique. Son court passage à la tête du califat et les nombreux problèmes qui surgirent, alors, ainsi que la situation inextricable qu'il avait héritée ne lui ont pas permis de donner la pleine mesure de ses talents et de ses qualités de cœur et d'esprit au demeurant rarissimes.