La Turquie a promis samedi une riposte ferme au lendemain d'une attaque menée par la rébellion kurde dans le sud-est du pays, la plus sanglante depuis le début de l'année, au cours de laquelle 15 soldats turcs et 23 rebelles ont été tués selon l'armée. Le président Abdullah Gul a assuré qu'Ankara «poursuivrait la lutte» contre la rébellion, «quel qu'en soit le prix», après cette attaque, suivie de violents combats, contre un poste militaire proche de la frontière irakienne. Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, qui se trouvait au Turkménistan, a annulé une visite en Mongolie pour regagner Ankara, où une réunion de crise avec les responsables militaires et politiques du pays était prévue afin d'étudier la riposte de la Turquie. L'armée turque mène régulièrement des raids contre des bases du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), la rébellion kurde active dans le sud-est de la Turquie, dans les montagnes du Kurdistan irakien, frontalières de la Turquie. Selon Ankara, cette région abrite des milliers de combattants du PKK, qui y sont retranchés pour préparer des opérations contre la Turquie. «La lutte contre le terrorisme est un processus à long terme, pas à court terme (...) Nous enquêtons pour savoir comment a été menée cette lâche attaque, qui l'a rendue possible», a dit M. Gul, qui a renoncé à une visite privée lundi en France. «Ces personnes seront retrouvées et toutes devront répondre» de cette attaque, a-t-il assuré. Le ministère turc des Affaires étrangères a annoncé avoir pris contact avec les autorités irakiennes pour les presser d'agir contre la rébellion kurde dans le nord de leur territoire. «Nous espérons que le gouvernement de notre voisin, l'Irak, remplira ses obligations», a affirmé le ministère dans un communiqué. A Bagdad, le gouvernement a condamné l'attaque et affirmé «soutenir toutes les mesures» qu'Ankara prendra «pour assurer la sécurité de son territoire», mais a demandé à la Turquie d'agir «avec sagesse et retenue». L'attaque a été lancée vendredi dans la ville de Semdinli, dans la province d'Hakkari, par des rebelles du PKK, appuyés par des tirs à l'arme lourde provenant de bases situées dans le nord de l'Irak, selon l'armée. Les forces turques ont répliqué par des tirs d'artillerie et des hélicoptères d'assaut ont bombardé des positions rebelles, pendant que des renforts étaient envoyés dans la zone, a déclaré le porte-parole de l'armée, le général Metin Gurak. Des avions de chasse et l'artillerie turque ont aussi pris pour cible un groupe de rebelles dans le nord de l'Irak, à une dizaine de kilomètres du poste attaqué, a ajouté le général Gurak, précisant que deux soldats étaient portés disparus. Le PKK a affirmé que cette attaque constituait une riposte aux opérations de l'armée qui se sont poursuivies en dépit d'une trêve annoncée par la rébellion entre mardi et jeudi, pour marquer la fin du mois de jeûne musulman de ramadan. «Les violents combats qui ont commencé après cette attaque réussie se poursuivent», a déclaré le PKK dans un communiqué publié par l'agence Firat, considérée comme le porte-parole de la rébellion. Classé organisation terroriste par la Turquie, l'Union européenne et les Etats-Unis, le PKK se bat depuis 1984 pour l'autonomie du Sud-Est de la Turquie, peuplé en majorité de Kurdes. Selon un récent bilan fourni par l'armée turque, le conflit a fait 32 000 morts dans les rangs du PKK et près de 6 500 dans celui des forces de sécurité (armée et police). Quelque 5 500 civils ont également été tués dans le conflit.