L'armée turque a pénétré dans la nuit de samedi à dimanche de 10 kilomètres en territoire irakien lors d'une incursion dans le nord du pays, après des attaques meurtrières en Turquie des rebelles kurdes du PKK, a annoncé hier un responsable irakien des services de sécurité. Au moins quatre personnes ont été tuées lors de cette incursion. «Une jeune fille de 15 ans a été tuée par les tirs de l'armée turque qui ont également blessé sa mère et son frère âgé de deux ans dans le village de Khwakurq», a annoncé le préfet de Sidikan. «Trois autres personnes ont été tuées lors de cette incursion dans les monts Qandil, où le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dispose de bases arrière», a indiqué le responsable de sécurité sans préciser si les victimes sont des civils ou des rebelles. L'incursion a eu lieu à Shamarsha, dans la province d'Erbil, au nord de la localité de Sidikan, a-t-il ajouté. C'est la seconde fois en cinq jours que des soldats turcs franchissent la frontière avec l'Irak. Mercredi, l'armée turque avait pénétré de la province turque de Sirnak à la province irakienne de Dohouk plus à l'ouest, pour leur première opération terrestre dans la région en deux ans. Le porte-parole du PKK Ahmed Denis a indiqué dans la capitale de la région autonome du Kurdistan irakien (nord) que deux combattants rebelles avaient été tués dans les accrochages de mercredi. Samedi, il a menacé de lancer des «attaques dans toutes les villes de Turquie si l'armée devait poursuivre sa politique d'affrontement militaire». La journée de samedi a été la plus meurtrière de ces deux dernières années pour l'armée turque, qui a perdu neuf soldats lors d'une attaque lancée par un groupe de plusieurs dizaines de rebelles contre un poste militaire à la frontière avec l'Irak, dans l'extrême sud-est de la Turquie. Deux soldats ont par la suite été tués par une mine posée par le PKK. Douze rebelles, selon l'armée, ont été tués dans la riposte immédiate des militaires. L'aviation a ensuite bombardé pendant «toute la journée» des positions du PKK dans le nord de l'Irak, selon un communiqué de l'armée. Ankara évalue à environ 2000 le nombre de rebelles kurdes retranchés dans le nord de l'Irak. Le PKK, qui lutte pour l'autonomie des régions kurdes du sud-est de la Turquie, est considéré comme une organisation terroriste par la Turquie et nombre d'autres pays. Le conflit kurde en Turquie a fait plus de 45.000 morts, selon l'armée, depuis le début de l'insurrection du PKK, en 1984.