Dans une dizaine de jours, les députés des deux Chambres présenteront en plénière le projet de révision de la constitution et ce, conformément aux vœux du président de la République qui, en a fait l'annonce lors de l'ouverture de l'année judiciaire. C'est une révision que le président Abdelaziz Bouteflika veut «partielle et limitée» à travers l'introduction d'amendement de quelques articles «loin de la profondeur, du volume et même de la forme» dont l'examen revient de plein droit à la volonté populaire devant s'exprimer par voix référendaire. Il s'agit donc d'une légère modification que les deux tiers des deux Chambres se chargeront d'apporter, maintenant que les bases du développement national sont jetées et après que «nos préoccupations qui étaient toutes tendues vers la lutte contre le terrorisme, la consécration de la politique de concorde civile et de réconciliation nationale, et la prise en charge des effets de la tragédie nationale» ne constituent plus un souci politique. Cette révision pour laquelle s'est prononcé le président de la République depuis son arrivée au pouvoir est aujourd'hui, enfin rendue possible car maturée «à la lumière de l'expérience vécue ces dernières années» et après avoir constaté, dira le président de la République, de temps à autre, des interférences entre les différents pouvoirs dans la pratique de leurs missions. Une expérience donc qui vient confirmer la nécessité d'introduire certains correctifs urgents à quelques dispositions de la Constitution «nécessaire» de l'optique présidentielle pour garantir une «plus grande maîtrise dans la gestion des affaires de l'Etat», notamment en ce qui concerne certaines dispositions en quête d'amélioration et de perfectionnement conformément aux exigences de l'heure et des perspectives, contenues dans le programme présidentiel d'organisation «d'une société et de l'Etat, ainsi que l'ensemble des relations et mécanismes constitutionnels attachés à l'organisation du pouvoir et de sa pratique, autant que la consécration des droits et libertés individuelles et collectives du citoyen». Le Parlement et de la sorte saisi pour entamer une démarche conformément aux dispositions de l'article 176 qui stipule que «lorsque de l'avis motivé du Conseil constitutionnel, un projet de révision constitutionnelle ne porte aucunement atteinte aux principes généraux régissant la société algérienne, aux droits et libertés de l'homme et du citoyen, ni n'affecte d'aucune manière les équilibres fondamentaux des pouvoirs et des institutions, le président de la République peut directement promulguer la loi portant révision constitutionnelle sans la soumettre à référendum populaire si elle a obtenu les trois-quarts des voix des membres des deux chambres du Parlement». Les députés sont par conséquent tenus d'y réfléchir afin «d'enrichir le système institutionnel avec les fondements de la stabilité, de l'efficacité et de la continuité», a instruit le chef de l'Etat avec la précision de veiller à la protection des symboles de la glorieuse révolution devenus aujourd'hui les symboles constants de la République, de par le fait qu'ils représentent, a tenu à le souligner le Président, «l'héritage éternel pour l'ensemble de la nation afin que nul ne puisse y toucher, ni les altérer ou manipuler». Le travail devra en second lieu aborder l'aspect organisationnel en réorganisant, précisant et clarifiant les «prérogatives et les rapports entre les constituants du pouvoir exécutif sans pour autant toucher aux équilibres des pouvoirs». Un pouvoir exécutif doit être fort, uni et cohérent, à même d'assumer ses responsabilités et de décider avec célérité et efficacité, a insisté le président de manière à éviter les situations de «dualités et les contradictions, et de dépasser les effets négatifs induits par l'incapacité à coordonner certains programmes». Le président de la République qui exprime ainsi son approbation de la révision constitutionnel attire l'attention toutefois des juristes en charge de l'élaboration du nouveau texte sur l'impératif de veiller à la concordance des dispositions nouvelles qui y seront introduits afin de donner suite à la mise en application des programmes nationaux par lesquels il a été constaté des chevauchements dans la prise de décision. Il s'agit donc de corriger les lacunes existantes et les défaillances du texte par l'établissement de relations entre le législatif et l'exécutif qui soient équilibrées et cohérentes, évitant comme l'a si bien souligné le président de la République «les contradictions» qui induisent fatalement à «l'émiettement et à la dissolution de la responsabilité». Cette révision se doit par conséquent de réparer et sacrer par-dessus tout, l'obligation de situer les responsabilités quant à l'exécution des programmes et la réalisation des projets de développement. Le troisième aspect que le Président souhaite qu'il soit modifié et corrigé est celui relatif au respect de la volonté populaire. Le peuple doit «d'exercer son droit légitime à choisir ses gouvernants et à leur renouveler sa confiance en toute souveraineté, tant il est vrai que nul n'a le droit de limiter la liberté du peuple dans l'expression de sa volonté, car la relation entre le gouvernant élu et le citoyen électeur est une relation de confiance profonde, réciproque, basée sur le choix populaire, libre et convaincu». Il est donc franchement exprimé que la véritable alternance au pouvoir doit émaner du libre choix du peuple lorsqu'il est consulté en toute démocratie et en toute transparence «au travers d'élections libres et pluralistes. Au peuple et au peuple seul revient le pouvoir de décision», selon les termes du discours présidentiel. Cette révision de la Loi fondamentale qui s'inscrit en droite ligne des réformes de notre arsenal juridique dont dira le président de la République dans son discours officiel entre dans la phase «d'achèvement de l'une des étapes les plus importantes de la réforme de la justice à travers un programme touchant plusieurs aspects de l'institution judiciaire, qui devait être renforcée et relancée dans le cadre du processus de redressement de toutes les institutions et structures de l'Etat pour consacrer les bases de l'Etat de droit».