Fidèle aux traditions de la maison, le Front de libération nationale (FLN), porte étendard de la revendication depuis deux ans, a applaudi des deux mains la révision constitutionnelle annoncée hier par le président de la République lors de l'ouverture de l'année judiciaire. “Nous soutenons l'idée d'aller vers une deuxième révision constitutionnelle par référendum pendant le troisième mandat du président Bouteflika, et nous sommes pleinement satisfaits de la décision du chef de l'Etat de réviser la constitution par voie parlementaire, en première étape”, a déclaré à la très officielle agence APS le secrétaire général de l'instance exécutive du parti du FLN, M. Abdelaziz Belkhadem, en marge de la cérémonie d'ouverture. M. Belkhadem dont le limogeage n'a pas encore livré tous ses secrets confirme si besoin est, en évoquant le troisième mandat, la levée de la limitation des mandats dans la future mouture, mais aussi l'éventualité d'une autre révision, par voie référendaire celle-là, et dont le Président a dit “ne pas abandonner”. “Une deuxième révision de la Constitution est une nécessité pour, d'abord, approfondir la pratique démocratique et ensuite clarifier les relations entre les institutions et les différents pouvoirs”, soutient l'ex-Chef du gouvernement. Pour sa part, Ahmed Ouyahia, actuel Chef du gouvernement et néanmoins secrétaire général du RND, a salué la révision de la Constitution qui, selon lui, contribuera à “consolider l'harmonie au sein du pouvoir exécutif”. “Nous applaudissons cette décision et notre applaudissement ne va pas être différent des résolutions du dernier congrès de notre parti et de son conseil national”, a-t-il dit. Réputé pour être dans “les secrets des dieux”, Ouyahia qui avait parlé de “l'imminence” de la révision le 18 septembre dernier lors du conseil national de son parti a indiqué à propos des délais fixés pour le début de l'opération de révision du texte fondamental du pays, que “ce sera fait dans les jours qui viennent”. “Le processus de mise en œuvre de la révision prendra forme et atterrira devant le Parlement (…) tout sera ficelé avant la fin du mois de novembre prochain”, a-t-il dit. Selon le RCD, le projet de texte est depuis le 10 octobre au Parlement. L'un de ses députés, l'avocat Hakim Saheb, membre de la commission juridique appelée à examiner le texte, n'a pu se procurer ce texte en raison des “tergiversations”, rapporte le parti de Saïd Sadi sur son site Internet. “Nous n'avons pas de copie, mais nous allons voir ce qu'on peut faire”, aurait-on répondu au député. Le président de la commission, note ce parti, aurait confié à son interlocuteur que la commission examinera le texte entre le 4 et le 10 novembre prochain, probablement le 9. De son côté, le FFS de Hocine Aït Ahmed n'est pas allé de main morte pour fustiger ce qu'il qualifie de “stratégie de putsh et de régression politique”. “L'annonce de la révision de la Constitution par le chef de l'Etat n'a rien d'inédit. Une simple levée de suspense. Le pouvoir continue de veiller sur la pérennité du système”, écrit le premier secrétaire Karim Tabbou dans une déclaration reçue par Liberté. “Mis à part le personnel habituel qui meuble l'arène du pouvoir, l'annonce et la révision de la Constitution n'apporte rien de positif à la population. Le système répète insidieusement et impunément les mêmes manœuvres : occulter les impasses politiques par le recours aux révisions, aux redressements et aux plébiscites”, ajoute-t-il. Pour le parti d'Aït Ahmed “(…) le pays est géré loin de toute norme politique. Les mêmes factions se relaient dans des alternances claniques par l'intrigue policière et la violence armée”. “Rien n'a été épargné aux algériens, ni leurs richesses, ni leurs mémoires, ni leurs vies. Encore moins leur avenir”. C'est pour quoi, conclut Tabbou, le FFS s'oppose à cette stratégie “d'accaparement, de putsch, de neutralisation et de régression politique et morale”. Karim Kebir