La trêve conclue en juin entre Israël et le Hamas a été de nouveau ébranlée hier par une série d'accrochages de part et d'autre de la frontière de la bande de Ghaza, où la situation humanitaire inquiète l'ONU et l'Union européenne. Les combattants du mouvement islamiste ont tiré dans le sud d'Israël cinq roquettes de type Grad, de portée plus longue que les roquettes Kassam qu'ils emploient habituellement, après un raid aérien de Tsahal dans le nord du territoire palestinien qui a blessé deux hommes armés du Hamas. Les deux camps se sont mutuellement accusés de violer le cessez-le-feu. «Le Hamas est directement responsable de l'escalade de la violence», a déclaré le porte-parole du gouvernement israélien, Mark Regev. «Israël souhaitait que le calme qui prévalait encore récemment prévale à nouveau, mais le Hamas (...) cherche une dangereuse escalade.» Un responsable du Mouvement de résistance islamique, Mahmoud al-Zahar, a déclaré que la trêve était toujours en vigueur aux yeux du Hamas, qui s'adjuge le droit de mener des opérations d'«auto-défense et de résistance». «Mais si les Israéliens décident de ne plus tenir compte du cessez-le-feu, nous sommes prêts», a-t-il prévenu.Les services de secours israéliens ont confirmé les tirs de roquettes Grad sur la ville côtière d'Ashkelon et précisé qu'ils n'avaient pas fait de victimes. Ces engins de fabrication soviétique, apparus dans les années 60, ont une portée de 25 km. «Nous continuerons à défendre avec la dernière énergie l'armée et la population israéliennes et à déjouer les tentatives d'attaque lorsque nous les détecterons», a déclaré le ministre de la Défense, Ehud Barak. «Dans le même temps, nous sommes prêts à envisager positivement une poursuite du calme si tel est le voeu de l'autre camp». Le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, qui expédie les affaires courantes, devait pour sa part consulter les principaux chefs militaires à propos de la situation. Deux combattants du Hamas avaient été blessés un peu plus tôt par un tir de missile de l'armée de l'air israélienne, selon les services de secours palestiniens. Un porte-parole militaire de l'Etat hébreu a déclaré que ce raid avait été mené en représailles à une attaque du Hamas sur la ville de Sderot, où le mouvement islamiste a revendiqué avoir tiré huit roquettes Kassam. «Deux roquettes ont touché la ville et provoqué des dégâts aux bâtiments», a dit le porte-parole de la police israélienne, Micky Rosenfeld. Un habitant a été soigné pour des blessures provoquées par des éclats et un certain nombre d'autres ont été traités pour traumatisme. «Heureusement, il n'y a pas eu de victimes mais il y a beaucoup de dégâts», a déclaré Micha Ben Alain, qui habite dans un kibboutz touché par les tirs. Le maire de Sderot, David Buskila, a réclamé des mesures immédiates de l'armée pour mettre fin à ces tirs. Les incidents entre le Hamas et Israël ont commencé le 4 novembre lorsque six activistes du mouvement palestinien ont été tués par l'armée israélienne lors d'une opération contre un tunnel secret d'infiltration et une frappe contre des combattants ayant tiré au mortier. Israël a décidé alors d'interdire l'entrée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza et bloqué les livraisons de fioul à l'unique centrale électrique du territoire contrôlé depuis juin 2007 par le Hamas. Mercredi, ce dernier a promis une «riposte douloureuse» après une incursion de Tsahal qui a fait quatre morts dans les rangs de sa branche armée. L'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a annoncé jeudi qu'elle était à court de vivres pour approvisionner 750 000 habitants de la bande de Gaza, soit la moitié de la population totale. La commissaire européenne aux Relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner, s'est déclarée «profondément préoccupée par les conséquences pour la population de la fermeture complète de tous les points de passages de la bande de Gaza aux livraisons de carburant et d'une assistance humanitaire de base». Hier, certaines boulangeries de Gaza ont affiché des pancartes limitant l'achat de pain mais aucune pénurie majeure n'a été signalée.