Désormais, et surtout si cela ne capote pas au cours de la préparation, les éleveurs algériens auront leur fédération. C'est la résolution adoptée par les éleveurs venus de toute l'Algérie. Cela s'est passé lors de la commémoration du 34e anniversaire de l'Union nationale des paysans algériens, le 26 novembre 2008, à laquelle ont été conviés les principaux acteurs. Cette fête a bénéficié du parrainage du président de la République qui a adressé un message aux éleveurs. Il a été lu à l'assistance par le secrétaire général de la présidence de la République M. Haba El-Kobbi : le président de la République a appelé les éleveurs à s'organiser dans une fédération forte sous la houlette de l'union des paysans. Cette organisation sera chargée de veiller aux intérêts de cette frange de la société algérienne qui donne le meilleur d'elle-même pour assurer l'autosuffisance alimentaire du pays. Il a exhorté les éleveurs de veiller et de défendre le couvert végétal des steppes (ndlr : préserver la nappe alfatière), de développer le cheptel en respectant les lois de la nature et en mettant les acquis scientifiques au profit de l'ovin, en sauvegardant les races spécifiques à notre pays (ndlr : quatre races uniques qui n'existent qu'en Algérie : le Ouled Djellal, la Taadhmit, El Hamra et le Rembi). En résumé, c'est une question de souveraineté nationale qu'il s'agit de défendre. Ce message a été lu à la fin de la cérémonie. Juste avant, M. Allioui, secrétaire général de l'union, a, dans un long discours faisant le bilan de son organisation, dit en substance que les efforts se sont concentrés autour du renforcement des acquis, et surtout, en tenant le coup devant toutes les agressions et attaques qui ont ciblé l'économie nationale, en particulier le domaine agricole. Il s'est félicité des décisions prises récemment par le gouvernement pour la sauvegarde du cheptel, en décidant de surseoir conjoncturellement à l'importation des viandes congelées et en promulguant les nouvelles lois qui encouragent et redonnent de l'espoir aux agriculteurs. Il dira aussi que beaucoup de secteurs se sucrent, à qui il faudrait barrer la route, et surtout ne pas faire leur jeu qui consiste à décourager les agriculteurs. Certes, confirmera-t-il, il existe des problèmes hérités des différentes équipes qui ont été à la tête du ministère, et qui ne peuvent être résolus que par la mobilisation vigilante et consciente de tout un chacun. Il a annoncé la mise en place, prochainement, d'une commission préparatoire devant mettre en œuvre les textes de création d'une structure pour le regroupement des éleveurs. Du haut de la tribune, il annoncera la composition de cette commission qui est constituée par les représentants de 14 wilayas statutaires et 3 wilayas observatrices. Il saisira l'occasion, avant de clôturer son intervention, pour lancer un appel au président de la République de se représenter pour un prochain mandat. Tayeb Louh, en visite de travail et d'inspection, a été invité à prendre la parole. Il rappellera aux présents les efforts développés par l'Etat algérien pour mettre le pays sur le tremplin de l'émergence. Il dira qu'en plus des mesures sociales prises en faveur des couches les plus démunies, l'Algérie a opté pour la construction de barrages pour l'alimentation en eau potable et l'irrigation des terres, la réalisation de lycées, d'universités et des établissements scolaires, la mise à disposition de laboratoires de recherche scientifique et la construction de routes et de voies ferrées pour promouvoir la communication et encourager le développement à l'intérieur du pays. Il clôturera son intervention par un appel lancé aux agriculteurs, en général, et les éleveurs, en particulier, de travailler pour assurer l'autosuffisance nationale, car, ainsi, l'Algérie ne se sentira plus dans la nécessité d'importer des viandes congelées pour assurer l'alimentation du citoyen. Le Dr Rachid Benaissa, ministre de l'Agriculture et du Développement rural, lors de sa prise de parole, a tenu a rétablir un impair protocolaire, et en langage usité chez les agriculteurs, il a réhabilité la fonction de producteur et celle d'éleveur en les plaçant les premiers dans la liste des gens à remercier d'être présents à cet événement, en ajoutant que c'est grâce à eux, à leur patience et abnégation que l'Algérie est debout, car ni le colonialisme, ni la sécheresse et ni le terrorisme n'ont pu venir à bout de l'Algérie qui est restée debout. Ce sont eux qui ont la lourde tâche d'assurer et de défendre la souveraineté nationale. Si, aujourd'hui, la nécessité devient impérative pour que les éleveurs se prennent en charge, c'est que la maturité est atteinte et que les ex-luttes de leadership n'ont pas fait aboutir les revendications des éleveurs d'où leurs intérêts qui n'ont pas été défendus convenablement. La solution pour vous, en s'adressant aux éleveurs, c'est que votre organisation, d'ailleurs que vous aviez de tout temps revendiqué, reste l'unique solution pour vous de défendre vos intérêts. Un peu plus tard, en début d'après-midi, dans la salle de réunion de la wilaya de Djelfa, à leur demande, le Dr Rachid Ben Aissa s'est réuni avec les éleveurs pour débattre de la situation. Il annoncera aux professionnels de l'élevage ovin que son département avait demandé aux investisseurs de se lancer dans la construction de complexes d'abattage et de conditionnement des viandes, cela depuis plusieurs années, mais en vain, dira-t-il, et c'est pour cela que l'Etat a pris en charge la réalisation de trois complexes, l'un au centre, l'autre à l'est et le troisième à l'ouest. Pour ce dernier, le lieu a été choisi, c'est dans la commune de Bogtob qu'il sera réalisé. Pour les deux autres, nous attendons les choix des lieux qui doivent remplir les conditions requises : être près des zones d'élevage proches des voies de communication, et la disponibilité de terrains. Des éleveurs, dans leurs interventions, ont demandé à ce que le crédit Rfig aille directement vers les éleveurs, laissant entendre qu'il profite actuellement aux spéculateurs, et que c'est la seule solution pour éviter les intrus parmi eux. C'est l'identification des éleveurs qui permettra, à l'avenir, de mieux distribuer les aliments du bétail et d'avoir des statistiques fiables. Par ailleurs, nous avons eu un entretien en off, avant la tenue de la réunion, avec le Dr Rachid Ben Aissa qui, pour avoir un autre son de cloche, a posé des questions auxquelles nous avons répondu : «aujourd'hui, il y a des batailles rangées au sein de la famille rurale, qui sont parfois fratricides et meurtrières, pour qui aura le privilège de labourer les terres». L'intérêt est plus que jamais accordé à la terre nourricière. C'est un bon signe pour l'avenir.