Comme le gouvernement, la Banque du Japon (BoJ) se montre de plus en plus fataliste sur l'évolution de l'économie nippone. Fin novembre, l'institut d'émission considérait que la conjoncture était «de plus en plus difficile». Vendredi 19 décembre, la BoJ a indiqué que l'économie était désormais «en détérioration». Pour tenter de relancer la deuxième économie mondiale, la BoJ a donc décidé, vendredi, de ramener son taux directeur de 0,3% à 0,1%, revenant presque à la politique de taux zéro pratiquée entre 2001 et 2006. L'objectif est notamment d'enrayer l'envolée du yen face au dollar, qui pénalise sévèrement les exportateurs nippons. Le billet vert est même tombé, mercredi dernier, au lendemain de la décision de la Réserve fédérale américaine (Fed) de ramener ses taux à 0 %, à son plus bas niveau face à la devise japonaise depuis treize ans. Insistant sur la nécessité de outenir les entreprises confrontées à une pénurie de crédit, le gouverneur de la Banque du Japon, Masaaki Shirakawa, s'est défendu de revenir à la politique dite «d'assouplissement quantitatif», en vigueur entre 2001 et 2006. Concrétisée par des taux zéro et une émission massive de liquidités, cette politique avait permis aux banques de s'extirper du problème des créances douteuses et de la crise qui les avait durement atteintes dans les années 1990. Mais ces mesures adoptées entre 2001 et 2006 auraient également favorisé la mise en place des conditions de la crise actuelle, en incitant les investisseurs à recourir au «carry trade» : l'argent - gratuit - était alors massivement emprunté dans l'Archipel pour être placé en Europe ou aux Etats-Unis. La décision prise vendredi par la BoJ n'a pas été sans susciter reproches et interrogations. Certains estiment ainsi que la Banque du Japon a cédé aux pressions extérieures, ou qu'elle n'a pas su, comme la Fed, jouer de l'effet de surprise. Autre reproche fréquent : son manque de vision. Le gouvernement japonais, lui, a fait part de sa satisfaction. Le ministre des finances, Shoichi Nakagawa, estime que la BoJ «a évalué avec sérieux la situation de l'économie». Vendredi, le cabinet a rendu publique l'édition de décembre de son rapport économique mensuel, qui prévoit un produit intérieur brut pour l'exercice fiscal 2008, clos fin mars 2009, en recul de 0,8 %. L'année suivante devrait se traduire par une croissance nulle, un retour de la déflation et une hausse du chômage.