Au moins, 150 personnels de la protection civile de la wilaya d'Alger ont été conviés à participer à un séminaire d'étude et d'information sur le VIH/sida organisé hier par leur direction générale et l'association AIDS Algérie. La première interrogation qui peut nous passer par l'esprit sur cette manifestation est : qu'elle est la relation entre la Protection civile et le sida pour initier une telle rencontre ? Une question qui a été posée par plusieurs invités avant d'accéder à la salle de conférence et qui a vite trouvé une réponse simple et explicite de la part des agents de cette institution consciente des risques du métier. Ces hommes d'intervention et de secours qui sauvent souvent des vies sont, eux mêmes, exposés à des risques d'accident et de contamination lors de leurs missions d'intervention dans des accidents de la route, des catastrophes naturelles ou autres. Ils ne choisissent ni les endroits d'intervenir ni les personnes à sauver mais sont mobilisés dans des situations différentes et ne sont pas épargnés des risques. La formation et la prévention contre le maximum de ces risques sont donc indispensables. Pour ce qui est de la maladie du sida, le choix du thème n'est pas gratuit car il faut prendre conscience de l'existence de cette maladie chez nous et de sa propagation en silence à défaut de la mentalité et des moyens du dépistage et de communication. La Protection civile ne semble vouloir courir aucun de ces risques au détriment de la sécurité et la bonne santé de ses éléments. Lors de l'ouverture officielle du séminaire, le commandant Azzeddine Kettab a bien fait connaître que le but initial est celui de l'amélioration des connaissances du personnel de la Protection civile en matière de prévention et de lutte contre le VIH/sida. Les objectifs sont, a-t-il précisé, informer les participants sur la situation de la maladie vilaine, renforcer les connaissances sur les risques de la transmission et les modes de prévention, promouvoir les conduites à moindre risque dans les situations d'urgence et mobiliser les participants pour une meilleure implication dans la lutte contre la stigmatisation et l'exclusion des personnes vivant avec le VIH. Pour le Pr Mehdi du CHU Mustapha Pacha, «le sida avance et nous n'avons pas le droit de reculer», a-t-il affirmé en expliquant que les recherches et la politique de lutte contre cette maladie demeurent limitées et ne sont pas encore à la hauteur pour maîtriser le danger. L'évaluation de la situation dans le monde entier et en Algérie en particulier, a été le sujet d'intervention M. Adel Zedam de l'association AIDS qui a indiqué, en rapportant les chiffres de l'Institut Pasteur d'Alger, que le monde compte 33 millions de personnes vivant avec le virus dont 2,7 millions ont été enregistrées rien que pour l'année 2007. Durant la même année 2,1 millions de malades ont trouvé la mort. Une moyenne de 7 400 nouvelles infections par jour ont été constatées dont 96% dans les pays en développement. L'Afrique demeure l'épicentre de la pandémie du sida et près de 80% ne connaissent pas le statut sérologique. Il a tenu à préciser que seulement un sur huit personnes qui veulent être testées parvient à le faire et seulement le tiers des millions de personnes qui ont besoin d'un traitement y ont accédé ce qui explique que la propagation du problème est due également au manque de moyens et la région de l'Afrique enregistre le moins accès au traitement. Elle enregistre 22,5 millions sur les 33 millions de personnes atteintes par l'infection. 38 nouveaux cas de sida déclarés en 2008 En Algérie, 3 416 séropositifs ont été recensés entre l'année 1985 et octobre 2008. A noter que 445 nouveaux cas ont été constatés seulement cette année. Il s'agit, également, de 878 cas déclarés de la maladie du sida entre 1985 et 2008 dont 38 nouveaux cas apparus durant les dix premiers mois de l'année en cours. 20% de ces cas sont dus à des relations sexuelles non protégées, 5% à la toxicomanie et 70% à des causes non encore définies. On compte une moyenne de 200 nouveaux cas de séropositifs par an et une cinquantaine de nouveaux cas de maladies par an. Le mode de contamination hétérosexuelle est prédominant ces dernières années. La mise en évidence des wilayas à épidémie concentrée a fait ressortir que depuis des années, Tamanrasset demeure en première position à cause, entre autres, du nombre important des immigrants clandestins qui la traversent pour gagner le nord en destination de l'Europe. Ainsi, une prévalence élevée (nombre de personnes infectées dans un groupe de population) a été relevée suite à une enquête de sérosurveillance. D'autres wilayas sont également citées par ces enquêtes qui n'ont pas encore pris fin pour dire qui sont réellement les régions les plus touchées et pour quelles raisons. En termes de chiffres et de recherche, beaucoup reste à faire. A noter, par ailleurs, qu'à l'échelle mondiale, l'Algérie est un pays de faible prévalence (0,1 à 0,5%). La population sexuellement active de 15 à 49 ans est la plus touchée.