Ahmed Aboutaleb serait-il l'incarnation, en Europe, du désormais fameux «Yes we can» de Barack Obama ? Serait-il la preuve qu'un meilleur avenir pour les communautés immigrées est possible sur le Vieux Continent ? La bonne nouvelle ne vient pas de France, hélas !, mais des Pays-Bas. M. Aboutaleb vient de créer l'événement en devenant le premier maire marocain et musulman de ce pays. Il préside aux destinées de Rotterdam, l'un des plus grands ports européens, une ville de 558 000 habitants, dont une forte composante immigrée (20% de la population), en majorité des Marocains. Le chemin de ce personnage est remarquable. Fils d'un imam, arrivé en Hollande à l'âge de 15 ans, il est tour à tour journaliste, porte-parole ministériel puis conseiller municipal des villes de La Haye et d'Amsterdam. En 2007, il sera l'un des deux premiers immigrés à accéder au gouvernement. A la même époque, en France, Nicolas Sarkozy recrutait deux femmes d'origine maghrébine (Rachida Dati pour la Justice, Fadela Amara pour la banlieue) pour son gouvernement. Mais ni l'une ni l'autre n'ont été élues au suffrage universel. Revenons un instant sur le cas de Rachida Dati qui sur peuplent les prisons ! Ah, pour ça elle y est …En soulevant tous les magistrats contre elle. Là, n'est pas le sujet car, elle fait ce que Sarkozy lui dit de faire. Quant à Fadila Amara, elle fait ce qu'elle peut et promet des merveilles à long terme. Selon elle dans 10 ans les banlieues seront des lieus chics. A Rotterdam, Ahmed Aboutaleb est apprécié, non seulement par les Marocains, mais par un grand nombre de Néerlandais «de souche». Son élection est d'autant plus remarquable qu'elle intervient dans une ville berceau de la droite extrémiste. Connu pour ses opinions modérées, ses appels au calme entre les communautés après l'assassinat, en 2004 à Amsterdam, du cinéaste ultra-nationaliste Théo Van Gogh (auteur d'un film violemment anti-islam), il bénéficie d'une protection jour et nuit. Son accession au fauteuil suprême de Rotterdam a fortement irrité l'extrême-droite hollandaise. Une campagne est relancée, y compris au sein du parti travailliste dont Ahmed Aboutaleb fait partie, pour interdire la double nationalité afin, soit-disant, de «réduire l'influence des pays des immigrants sur eux». Pas moins de 200 000 hollando-marocains sont visés. Mais comment ne pas retenir avant tout l'événement de son élection. Le symbole de réussite qu'il représente, et l'encouragement qu'il peut donner aux immigrés en Europe, à tous les démocrates qui militent pour une reconnaissance de la «diversité» et qui sont aujourd'hui admiratifs devant le nouveau président américain. Surtout vu de France, où l'on peine à trouver un citoyen non «Français de souche» à la tête d'une grande ville ou sur les bancs de l'Assemblée nationale. Alors, merci et bon courage et bonne chance, M. Aboutaleb.