Les ministres de l'environnement et délégués de 140 pays, réunis à Nairobi, à l'occasion du Conseil d'administration du Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) ont décidé, vendredi 20 février, de lancer des négociations sur un traité international concernant l'utilisation du mercure. La toxicologie de ce métal lourd, et la menace qu'il fait peser sur la santé humaine, sont connues depuis le fameux accident de Minamata, au Japon, en 1953. Achim Steiner, Secrétaire général-adjoint de l'ONU, et Directeur exécutif du PNUE a déclaré, à l'issue de la réunion de Nairobi : «Aujourd'hui, nous sommes unis sur la nécessité d'un instrument juridiquement contraignant, et une action immédiate, vers une transition à un monde faible en mercure». Selon le communiqué du PNUE, les ministres se sont entendus, en attendant la finalisation du traité, sur une action immédiate, dans le cadre d'un partenariat mondial articulé autour de huit points : renforcer la capacité des pays, dans le monde entier, de stocker le mercure, réduire la provision du mercure provenant de l'extraction primaire du métal lourd, sensibiliser sur les risques et réduire l'utilisation du mercure dans l'exploitation minière artisanale, réduire la part du mercure dans des produits tels que les thermomètres et les lampes à décharge, de haute intensité, ainsi que dans les procédés tels que certains types de fabrication de papier, et la production de matières plastiques. En Algérie le mercure est, maintenant, une histoire ancienne. Par le passé, le mercure algérien provenait d'une usine située à Azzaba, près de Skikda, qui passait, en 1971, pour être la plus grande usine de mercure du monde. Elle transformait en mercure pur le mercure brut, appelé cinabre, extrait de la mine d'Ismael, à deux kilomètres de là. Pour la petite histoire, c'est ce mercure qui a permis l'extraction du sous-sol algérien du premier lingot d'or coulé par l'Algérie, le 1er mai 1972, offert symboliquement au président Houari Boumédiène à l'occasion d'une visite à l'usine, en juin 1972. La valorisation de cette ressource minière avait justifié, en grande partie, le choix de Skikda pour l'implantation d'un grand complexe pétrochimique. En 1997, ce complexe, un des principaux clients nationaux de l'usine d'Azzaba, a commencé à dire adieu au mercure, et au problème posé par ses stocks de boues, l'ancien procédé de fabrication de chlore, par électrolyse à cathode de mercure, ayant été abandonné et remplacé par une technologie propre. En juin 2005, l'Entreprise nationale des non ferreux (Enof) a décidé de fermer la mine de mercure d'Ismael. La commercialisation du mercure algérien s'était, toujours, heurtée à une forte dégradation du marché, due aux restrictions liées aux risques de contamination qu'il engendre. Mais, des milliers de potiches (contenant 34,5 kg de mercure, chacune) étaient exportées, chaque année, à partir du port d'Alger. Au cours d'un de ces chargements, en mai 1977, un câble a rompu, sous le poids de la palette, laissant tomber à la mer des potiches de mercure. Un rapport de la Banque mondiale, daté d'août 1989, sur les «problèmes de l'environnement en Algérie», a mentionné l'existence de «76 fûts de mercure stockés depuis 1977 au fond de la baie d'Alger». Les potiches sont, en principe, conformes aux normes de sécurité exigées pour ce type d'emballage (en acier inoxydable, avec un revêtement à l'épreuve de la corrosion, et plombées). En été 1991, il était question de repêcher les potiches, un avis d'appel d'offres international devait être lancé, dans ce but. Il n'en fut rien. Avec les potiches qui dorment au fond du port d'Alger, depuis plus de trente ans, l'aventure du mercure algérien a laissé, aussi, des déchets estimés à un million de tonnes, dans l'environnement de l'usine d'Azzaba. Le Plan national de gestion des déchets spéciaux (PNAGDES), élaboré en 2002 pour une durée de dix ans, a choisi le traitement par confinement, pour ces déchets. Un programme de dépollution du site d'Ismaël est en cours, conformément aux dispositions de la loi sur les mines. Le mercure est, également, présent dans oued El Harrach, dans la banlieue d'Alger, d'après les résultats des analyses effectuées en 2005 par des experts japonais, de la JICA, qui travaillent à la réhabilitation de l'oued. A l'origine de cette pollution, le procédé mis en œuvre dans l'atelier d'électrolyse de chlore (avec cathode en mercure) du complexe papetier de Baba Ali, dans la périphérie d'Alger. Il faut noter, enfin, que le procédé d'extraction de l'or, utilisé dans la mine du Hoggar, dans l'extrême sud-algérien, fait appel au cyanure, qui est récupéré, et non pas au mercure. En dehors des problèmes de dépollution qui restent en suspens, il ne reste plus à ce polluant, pour revenir dans l'actualité, que la rubrique faits divers des journaux qui annoncent, de temps en temps, la découverte de petits trafics portant sur quelques kg de mercure destinés à la fabrication de faux billets.