Les ministres de l'Environnement se sont trouvé une nouvelle bête noire à abattre. Réunis à Nairobi au Conseil d'administration du Programme des Nations unies pour l'environnement, les ministres (dont Chérif Rahmani) et délégués de 140 pays ont décidé hier à l'unanimité d'ouvrir des négociations sur un traité limitant la pollution par le mercure. Il n'existe jusqu'à présent aucun instrument mondial pour contenir cette pollution hautement toxique (l'organisme ne peut pas éliminer le mercure). Pourtant, la menace, mondiale, pèse sur la santé de millions de personnes du fait des rejets de mercure dans l'atmosphère, dans l'eau et le sol. Si le traité aboutit, l'Algérie devra donc trouver des solutions pour nettoyer et protéger certains de ses sites, gravement contaminés. La pollution par les métaux lourds en général – déjà démontrée en 1984 par l'Institut danois pour la qualité des eaux en association avec les Allemands et les Algériens – affecte presque de façon systématique les principaux ports algériens. Dans la baie d'Alger, la pollution par les métaux dans les sédiments montre (Programme d'aménagement côtier « Zone côtière algéroise », 2006) une contamination inquiétante, largement au-dessus des valeurs admises. Le port d'Alger, qui fait l'objet d'une surveillance soutenue, présente des niveaux de pollution encore plus critiques. Ces chiffres sont confirmés par les dernières mesures réalisées par l'étude JICA (Agence de coopération internationale japonaise, 2004) qui révèlent aussi des teneurs élevées en métaux lourds à l'embouchure de l'oued El Harrach, notamment des valeurs alarmantes pour le mercure. Entre 2004 et 2006, le projet Mytilos coordonné par l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer a également confirmé la pollution au mercure du côté de Skikda en mesurant le niveau de la contamination chimique grâce à des moules, connues pour leur capacité à filtrer et à accumuler des particules extrêmement petites. Alors que la moyenne sur les 148 stations étudiées est inférieure à 0,1 mg de mercure par kilo de poids sec, la valeur à Skikda atteint 0,2 mg (soit environ 0,40 microgrammes par kilo de chair, la moyenne haute des teneurs habituellement relevées dans les moules). Enfin, plus récemment, une étude de la pollution au mercure dans la région de Azzaba (European Journal of Scientific Research, 2008) menée par des chercheurs de l'université de Annaba a également mis en évidence d'importantes concentrations de mercure (jusqu'à 0,41 microgrammes) dans des végétaux terrestres. Ce « premier effort mondial coordonné pour lutter contre la pollution au mercure », comme l'appelle Achim Steiner, directeur du PNUE, doit maintenant trouver des moyens concrets de lutte contre la pollution. « Le Kirghizistan est actuellement le seul pays qui extrait d'importantes quantités de mercure destiné à l'exportation – l'Espagne et l'Algérie ont fermé leurs mines de mercure et ne fournissent plus le marché mondial », rappelle le PNUE. L'Europe et les Etats-Unis ont pris des mesures pour interdire à terme l'exportation du mercure, même si les Américains, comme la Chine et l'Inde, hésitent à s'engager plus de crainte que le traité ne soit, par la suite, étendu à d'autres produits, comme le cadmium ou le plomb.