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Concrétisation du message de l'espoir et du renouveau (II)
Gouvernance en Algérie 2010-2013
Publié dans La Nouvelle République le 07 - 01 - 2010

, Quand un ministre, ou un wali, attendra au perron de son lieu de travail des chercheurs et des entreprenants avec des fleurs, comme cela se passe dan les pays développés et les pays émergents, alors le changement de la mentalité rentière bureaucratique aura effectivement commencé en Algérie avec, non plus des promesses sans lendemain, déconnectées des pratiques sociales, mais la concrétisation du message de l'espoir et du renouveau.
Car, il suffit que le prix du pétrole soit en hausse pour que la télévision officielle ânnone cette nouvelle à la une avec une résonance sans pareille, sans analyse objective, avec fierté, comme si cela était du génie de nos responsables. Or, la crise mondiale a détruit cette utopie, montrant clairement que la gouvernance interne n'a aucun impact sur les prix du pétrole, dépendants largement de la conjoncture économique mondiale. Alors, quand l'ENTV officielle montrera t-elle des chercheurs et, de véritables entreprenants créateurs de richesses, qui, eux, font effectivement la fierté de l'Algérie ? Car existe un paradoxe qu'il convient de dénoncer, car voulant inculquer au peuple algérien l'utopie mais qui a un effet dévastateur sur la productivité globale du travail où n'existe pas une politique salariale, digne de ce nom, récompensant le travail et l'intelligence mais une distribution de la rente de surcroît profondément inégalitaire.
3.- Pour en revenir à l'Algérie, largement dépendante de la situation économique mondiale, tant pour ses exportations que ses importations, tenant compte qu'il ne faille pas confondre la loi sur la Monnaie et le crédit qui stipule, pour toute entreprise, de transiter par la Banque d'Algérie pour déposer ses recettes à l'exportation, et l'autofinancement de Sonatrach, qui est une société par actions non régie par la comptabilité publique, qu'en sera-t-il si le cours se maintient à 70 dollars à prix constant, car tout dérapage du dollar réduit le pouvoir d'achat de nos importations en euros, qui représentent plus de 60%, et 80% si l'on inclut les autres monnaies, supposant qu'elles s'apprécient par rapport au dollar ? D'autant plus que les dernières mesures gouvernementales, comme cette vision juridique du passage de la Remdoc au crédit documentaire Crédoc (et là je partage, totalement, l'avis du professeur de droit, Mohand Issad, dans son interview à El Watan du 03 janvier 2010, pour qui le gouvernement, en invoquant la traçabilité, s'est trompé de cibles), n'ont pas atteint effectivement leurs objectifs permettant d'économiser, selon les statistiques douanières de fin 2009, la somme dérisoire de 1,3 milliard de dollars par rapport à la valeur des importations de 2008, qui se sont chiffrées à 40 milliards de dollars, alors que nous avons assisté à une déflation (baisse des prix), au niveau mondial, et à une bonne récolte due à la pluviométrie, la raison fondamentale étant la non maîtrise de la dépense publique. D'ailleurs, à ce montant il faut ajouter les services (car il est faux de raisonner par rapport uniquement à la balance commerciale, mais au niveau de la balance des paiements) de plus de 11 milliards de dollars (selon la moyenne annuelle 2008/2009) reflétant la dévalorisation du savoir local, et il faudra également ajouter, sur autofinancement public, les nouveaux investissements hors infrastructures projetés, dont les 12 fameux champions industriels, au moment où existe une crise manufacturière mondiale sans précédent (a t-on fait une analyse en termes d'avantages comparatifs mondiaux ?). Précisément, pour les exportations de gaz prévues horizon 2012 à 85 milliards de mètres cubes gazeux, il faut tenir compte, à la fois, de la dépréciation du prix de cession du gaz sur le marché libre, l'Algérie étant épargnée à court terme du fait des contrats à moyen terme, mais dont le coût est élevé par rapport à ses concurrents, représentant 1/3 de nos recettes globales en devises (chute entre 30 et 40%, du fait des nouvelles découvertes technologiques et d'un nombre de plus en plus élevé d'offreurs sur une période, selon les experts, au minimum de 5 années) et des prévisions de la consommation intérieure de la Commission de régulation de l'électricité et du gaz (CREG) passant de 25,6 milliards en 2007, 27,4 en 2008, à 55,157 en 2017, scénario moyen, et plus de 63 milliards de mètres cubes gazeux si tous les projets sont réalisés soit, au total, une production annuelle de 85 plus 63, soit 148 milliards de mètres cubes gazeux, sur des réserves prouvées inférieures à 4 500 milliards de mètres cubes gazeux. Les 20% des gisements marginaux étant non rentables, financièrement, la durée de vie (3% des réserves mondiales de l'Algérie contre 1% pour le pétrole) est relativement courte.
4.-. C'est dans ce cadre, me semble-t-il, que le ministre de l'Energie et des Mines et le président-directeur général de Sonatrach viennent de mettre un terme aux supputations en affirmant «que le plan de développement de Sonatrach sera mené à son terme et aucun projet de l'entreprise ne sera gelé pour un montant de plus de 63 milliards de dollars entre 2010/2013», montant auquel il conviendra d'ajouter les 15 milliards de dollars pour Sonelgaz, soit au total 78 milliards de dollars, donc un montant annuel approchant 20 milliards de dollars comme je l'ai annoncé à maintes reprises à la presse nationale il y a de cela plusieurs mois. Et cela concerne tant les projets pétrochimiques qui ont déjà démarré, que le programme à l'international sur lequel Sonatrach est déjà engagée dans plusieurs pays pour augmenter ses réserves: Egypte, Libye, Niger, Mali, Mauritanie, Pérou, la création des sociétés de commercialisation de gaz en Europe qui vont permettre à la société d'aller jusqu'au client final pour capter une partie de la rente. Mais précision de taille, cela concerne les projets engagés, ceux inscrits et les projets en cours de maturation, dont les projets engagés l'ammoniac et les engrais avec Bahwan et avec Orascom, le projet de cracking d'éthane avec Total et le complexe de méthanol avec le consortium international Almet, les projets pour le cracking du fuel, le cracking du naphte mais qui sont toujours en appel d'offres, la déshydrogénation du propane, le polypropylène et la raffinerie de Tiaret. Concernant le projet de l'aluminium dont le coût dépassera les 3 milliards de dollars US tenant compte de la jetée, du port et de la centrale électrique de 2200 MW, il est en cours de discussion, devant rectifier le système 51-49% avec l'augmentation de la participation de Sonatrach. Donc le ministre de l'Energie se conformant aux directives gouvernementales a exclu de faire appel au financement extérieur, privilégiant l'autofinancement. Or le chiffre d'affaires à l'exportation (gaz et pétrole, bilan officiel) pour 2008 a été d'environ 77 milliards de dollars (pour un cours du baril moyen de 110 dollars), 232 millions de tonnes en équivalent pétrole, en précisant que le manque à gagner 2009 du fait de la réduction du quota OPEP par l'Algérie sera d'environ 5 milliards de dollars US prévoyant une recette d'environ 40/42 milliards de dollars pour 2009 et comme précisé précédemment il faut tenir compte à l'avenir de la dépréciation du prix du gaz et qu'en sera-t-il de al rentabilité financière des projets gaziers ? Cela aura un impact sur la fiscalité pétrolière dont la dévaluation du dinar par rapport à l'euro gonfle les taxes douanières et la dévaluation par rapport au dollar gonfle les recettes en dinars , voilant à la fois l'importance du déficit budgétaire et gonflant artificiellement à la fois la fiscalité pétrolière et le fonds de régulation en dinars.
5.- Face à cette situation, il faut être réaliste, la réforme globale ayant accusé un retard important à cause du blocage de la production et exportation hors hydrocarbures en Algérie, blocage qui risque de s'accentuer car confondant régulation importante de l'Etat comme chef d'orchestre et le retour au volontarisme étatique qui nécessitera de plus en plus de financement local, étant admis maintenant selon les derniers rapports du FMI, de la Banque mondiale, de la CNUCED , à un frein des investissements directs étrangers, frein plus accentué pour l'Algérie comme vient de le souligner l'OCDE avec les dernières mesures gouvernementales, la poursuite de l'investissement de Sonatrach y compris Sonelgaz est donc importante si l'on raisonne en dynamique, besoins croissants futurs et éviter de perdre des parts de marché, si demain la conjoncture permet un retournement de tendance mais sans être utopique comme démontré précédemment. Ce n'est pas Sonatrach qui n'a pas suivi, s'adaptant au cadre concurrentiel mondial en perpétuel mouvement, encore que des efforts doivent être menés pour réduire les coûts, mais les autres secteurs qui ont privilégié la dépense monétaire au détriment à la fois des réformes de structures et de la maîtrise de leur gestion. D'autant pus que les dernières mesures gouvernementales n'ont pas atteint leurs objectifs permettant d'économiser qu'environ 1,3 milliards de dollars par rapport à la valeur des importations de 2008 qui se sont chiffrées à 40 milliard de dollars, montant auquel il faut ajouter les services ( car il est faux de raisonner par rapport uniquement à la balance commerciale) de plus de 11 milliards de dollars (selon la moyenne annuelle 2008/2009 reflétant la dévalorisation du savoir local et les nouveaux investissements projetés dont les 12 fameux champions industriels au moment où existe une crise manufacturière mondiale sans précédent, ( a t-on fait une analyse en termes d'avantages comparatifs mondiaux ? ) sur autofinancement public ? Du fait que l'Etat algérien doit être majoritaire dans tout investissement porteur à moyen et long terme, ce qui conduit à une marginalisation du privé national et international, la structure des importations actuelles allant surtout au BTPH, les infrastructures n'étant qu'un moyen et non l'outil stratégique de tout développement qui relève de l'entreprise et son fondement, le savoir au profit des emplois rentes. Aussi, un changement de politique socio-économique s'impose, supposant une profonde mutation systémique et donc l'approfondissement de la réforme globale avec un rôle important pour l'Etat régulateur dans le cadre d'un Etat de droit.
En conclusion, existant des interactions entre la crise financière, économique, sociale et politique , la sécurité nationale étant posée, avec l'épuisement inéluctable dans moins de 20 ans tant du pétrole que du gaz, la période 2010/2013 en Algérie , cela impose justement une autre gouvernance pour atténuer les effets de la crise et de préparer les bases d'un développement durable dont la production et les exportations hors hydrocarbures, mais reposant sur des segments s'insérant dans le cadre des valeurs internationales, loin des intérêts de la rente, important presque tout et n'exportant presque rien hormis les hydrocarbures à l'état bruit ou semi brut avec une chute de plus de 40% pour 2009 par rapport à 2008 avec moins de un (1) milliard de dollars. Cela démontre que les politiques socio-économiques menées de 1963 à 2009 ont eu un impact mitigé, l'économie algérienne, malgré bon nombre de discours et des dépenses monétaires colossales, restant fondamentalement une économie rentière.
(Suite et fin)
Dr Abderrahmane Mebtoul
Professeur d'université en management stratégique


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