L'autoroute doit passer en flanc de montagne au niveau d'une nature de terrain capricieuse. Ici c'est de l'ardoise, là c'est un glissement de terrain. Ailleurs, c'est une forte déclivité. D'où la multiplication des ouvrages d'art et des techniques. Pas moins de huit viaducs et deux doubles tunnels. Pour les viaducs, il s'agit souvent de ponts suspendus à des hauteurs qui donnent le vertige. A partir de la localité de Kharrouba dans la daïra de Boudouaou, les ponts se suivent. C'est la seule solution pour contourner les difficultés. Néanmoins, les techniques exigent de gros moyens. Ils sont plus de mille ouvriers dont des Algériens qu'on voit de loin comme des drapeaux qui s'agitent au vent. Dès qu'on s'approche ils ressemblent à des fourmis humaines munis qui d'un marteau piqueur, qui d'une pioche, qui d'une pose de pierre à aligner en amont. D'autres sont sur un engin en train de manipuler des pilons en béton grâce à un système de rails qui les achemine jusqu'au pont suspendu où s'affairent des spécialistes du coffrage. En contrebas, le spectacle est grandiose: celui du barrage de Keddara avec ses eaux d'un bleu d'émeraude contrastant avec la verdure des maquis et des arbres. Le tout est en forme de cirque presque en fer à cheval de plusieurs kilomètres. Deux heures de route pour atteindre les premiers tunnels longs de 700 mètres pour l'un et de 1 747 pour l'autre construits à raison de 1,5 mètres par jour. On y pènètre à pied jusqu'à la limite où on pratique des trous avant qu'une immense machine ne vienne percer la paroi rocailleuse. De l'autre versant, on a aussi commencé à creuser. Un point de chute doit permettre d'ici quelques mois au tunnel d'être livré dans son ensemble. En effet, ce tunnel dédoublé verra sa livraison d'ici quelques semaines. Nous poursuivons notre ascension dans la poussière. Un peu plus loin, c'est le deuxième tunnel, long de 3 663 mètres dont 2 721 exécutés. A terme, ce tronçon permettra la jonction de l'est du pays à l'ouest avec un grand raccourci puisqu'au niveau de Dar el Beïda, il s'agira de prendre l'autoroute vers Larbatache, déjà fonctionnelle, puis de là parcourir le tronçon Kharrouba- Keddara de 18 kilomètres avant de poursuivre vers Lakhdaria sur une distance de 29 km seulement, soit un gain de plus de 60 km par rapport à la RN5 actuellement utilisée. Ce qui réduira la distance entre la capitale et Bouira à 150 km qu'on peut parcourir en 40 mn. Ce tronçon assurera également le désengorgement de la RN 5 et de la RN 12. La première ne sera empruntée que par les automobilistes en provenance de l'est de Boumerdes et de Tizi Ouzou. La seconde sera pour les usagers en direction de Boumerdès et de Tizi Ouzou à partir de l'est du pays. En un mot, le flux des véhicules sera départagé selon les différentes destinations et par de multiples voies contrairement à aujourd'hui où tous les véhicules du sud-est transitent par la RN 5 alors que ceux du nord-est par la RN 12. A l'issue de sa visite, le ministre mettra en avant l'importance de ce tronçon au niveau de l'autoroute Est-Ouest dont la longueur est de 927 km : «C'est le dernier tronçon entre les deux wilayas de Boumerdès et de Bouira. Concernant le lot centre (600 km) qui vient de Bordj Bou-Arréridj dont il nous reste 20 km, soit cette partie que nous visitons aujourd'hui qui comporte quatre tunnels -deux dédoublés- et 10 grands ponts. Ces 20 km se situent sur une zone très difficile de par son relief et sa géologie. Son taux global de réalisation tourne autour de 91 %. Pour les premiers tunnels de Boumerdès, ils sont prêts à 96% alors que les deux autres avoisinent les 80 % de taux de réalisation. Au cours de ce mois de janvier, nous achèverons les premiers tunnels dont la longueur est de 1 400 mètres. C'est le cas également des grands ponts. Il faut savoir que nous avons demandé à l'Agence nationale des autoroutes (ANA) de donner la priorité à ce projet du fait qu'il relie la capitale à l'est du pays. Dans le respect des délais, on pourra aussi contribuer au désengorgement de la RN 5; sans parler de l'aspect économique qui ne manquera pas de provoquer une dynamique». Il faut savoir, ajoutera M. Amar Ghoul «que beaucoup d'entreprises internationales accompagnent ce projet qui est réalisé selon des critères très pointilleux. Enfin, il ne faut pas omettre les efforts des autorités locales et des services de sécurité qui ont su sécuriser cette zone qui pullulait de terroristes.»