Le lot d'armes récupérées est constitué de fusils de chasse modernes, de fusils de chasse traditionnels et, aussi, de pistolets automatiques. En dépit du recul notable de l'activité terroriste, ces deux dernières années, le trafic d'armes et de munitions n'a pas cessé aux frontières ouest et sud-ouest. La relation étroite entre les différents réseaux du crime organisé transfrontalier montre l'utilisation d'armes par les narcotrafiquants, les trafiquants internationaux de véhicules et certains contrebandiers, sans pour autant écarter la destination de ces armes à d'éventuels groupes terroristes toujours actifs. Les frontières ouest et sud-ouest avec le Maroc véhiculent, en effet, plusieurs menaces vers l'Algérie et les autres pays riverains à travers les différentes activités criminelles transfrontalières. Pour ce qui est du terrorisme, nul n'ignore que, via ces frontières, les groupes terroristes circulaient entre le Maroc et l'Algérie, clandestinement durant les années 1990. La lutte menée par les GGF contre cette menace a eu l'effet escompté et maîtrisé la situation, notamment après la fermeture des frontières. En effet, avant le renforcement du dispositif sécuritaire, les criminels réussissaient à prendre la fuite en regagnant tranquillement l'autre côté de la frontière. De passoires, nos frontières sont devenues imperméables Coincés partout, et bloqués par les points de contrôle au niveau des passages et des axes routiers, les criminels profitent toujours des brèches qui existent au niveau de nos frontières pour circuler entre l'Algérie et le Maroc, ainsi que vers d'autres pays africains. Il faut dire aussi que les enquêtes menées sur certains terroristes arrêtés ont confirmé leurs relations avec d'autres terroristes établis au Maroc. Une relation qui leur permettait de s'assurer un refuge et d'échapper à la traque menée par nos services de sécurité. Il y a lieu de noter, dans ce sillage, que la politique sécuritaire a été toujours revue pour s'adapter à la donne terroriste. Preuve en est, la vigilance des GGF a été renforcée durant la décennie noire et même lors de la fuite collective des terroristes de la prison marocaine d'El-Kantara, et ce, afin d'éviter leur entrée en Algérie. Actuellement, et devant l'amélioration notable de la situation sécuritaire, les services de sécurité maintiennent leur vigilance et enquêtent sur tout mouvement suspect au niveau des frontières d'où la thèse que les armes saisies à Tlemcen pourraient être destinées à l'activité terroriste. Quand la drogue inspire les terroristes L'autre analyse du phénomène du trafic d'armes et de munitions dans la région de Tlemcen fait ressortir qu'il s'agirait de nouveaux modes opératoires des réseaux de trafic de drogue qui tentent, vaille que vaille, de faire passer leurs marchandises prohibées par les frontières. En effet, d'importantes quantités de kif traité ont été saisies durant ces dernières années au niveau de ces frontières. A titre illustratif, 4 tonnes ont été saisies en 2007, plus de 30 tonnes en 2008 et plus de 65 tonnes durant l'année écoulée. Selon ces chiffres, il est démontré que la lutte menée contre le trafic de drogue par les services de sécurité a rendu presque impossible l'activité des narcotrafiquants, ce qui nous renseigne sur les quantités de drogue de plus en plus importantes saisies chaque année. Sur une quinzaine des affaires traitées par les GGF, notamment aux frontières sud-ouest de Tindouf et Béchar, des armes automatiques ont été saisies et plusieurs accrochages ont eu lieu avec les narcotrafiquants qui n'hésitent pas à ouvrir de feu en direction des gendarmes. Devant l'augmentation importante de la production du cannabis dans le Rif marocain l'année écoulée, les narcotrafiquants ne se contentent plus de passer la drogue dans des sacs à dos, sur des bêtes de somme ou à bord de véhicules prêts à être abandonnés en cas de problème. Ils sont passés à d'autres moyens modernes en organisant des convois de 6 à 10 véhicules 4x4 pour transporter des tonnes de kif gardés par des criminels armés lourdement. Toutefois, même si quelques armes saisies étaient destinées aux narcotrafiquants, il n'en demeure pas moins que la corrélation qui existe entre le trafic de drogue et le terrorisme est de mise, dans la mesure où il a été confirmé qu'une partie de l'argent issu de ce trafic illicite est destinée au financement des groupes terroristes. Les terroristes et les mines anti-personnel A noter, par ailleurs, que l'utilisation d'armes à feu commence à faire son apparition dans les réseaux de vol et du trafic de véhicules, la contrebande de carburant, de cuivre et d'autres produits qui saignent l'économie nationale. Pour rappel, durant l'année 2008, les services les gendarmes de Tlemcen ont saisi dix fusils de chasse, un fusil de fabrication traditionnelle, 159 cartouches, 800 mines anti-personnel et 400 détonateurs électriques. A noter que les mines anti-personnel sont utilisées par les groupes terroristes pour extraire le TNT afin de le réinjecter dans le process de fabrication des explosifs. Et lorsqu'on sait que chaque mine contient 1 kg de TNT, la quantité de mines anti-personnel saisie a amenuisé la capacité de nuisance des groupuscules terroristes.