Trois églises ont été la cible de bombes incendiaires vendredi en Malaisie, où le débat autour de l'utilisation du mot «Allah» par les non-musulmans fait rage, opposant la population malaise musulmane aux minorités d'origine chinoise et indienne, qui pratiquent, notamment, le christianisme. L'affaire n'est pas récente, et puise ses racines en mai 2008, date à laquelle le haut Conseil national de la fatwa avait ordonné que l'appelation «Allah» soit uniquement employée par les musulmans. Il avait, en effet, estimé qu'un tel usage de ce mot par des catholiques risquait de semer la confusion parmi les musulmans, présents à 60% dans le pays. «Allah n'est que pour nous» Mais, la semaine dernière, la justice malaisienne a cassé cette décision, en autorisant le journal catholique Herald Weekly - édité à 14 000 exemplaires - a utiliser ce terme dans ses colonnes. Une décision qui a aussitôt provoqué l'ire d'une partie des musulmans du pays. Depuis, le gouvernement malaisien a fait appel de cette décision et, en attendant de statuer, la haute Cour de Malaisie a suspendu mercredi l'autorisation accordée au Herald Weekly. Vendredi, plusieurs manifestations de musulmans radicaux se sont déroulées devant les deux principales mosquées de la capitale, Kuala Lumpur. «Nous ne laisserons pas le mot Allah être inscrit dans vos églises», pouvait-on entendre dans les cortèges. Une cinquantaine d'entre eux ont brandi, par ailleurs, des pancartes «L'hérésie prend naissance dans la mauvaise utilisation des mots», ou «Allah n'est que pour nous.»