La résistance farouche des habitants de cette vaste contrée n'avait, finalement, servi à rien puisque leurs territoires furent annexés à l'Empire romain, tout comme le reste du monde antique, d'ailleurs. Un évènement majeur dans l'histoire de Rome et de l'Europe La guerre des Gaules revêt une double importance. D'abord, parce qu'elle a marqué la fin définitive de la menace -- alors toujours vivante dans la mémoire collective des Romains -- que les Gaulois, peuple barbare, représentaient pour Rome depuis le sac de la ville par leurs hordes en 390 av. J.-C. Ensuite, il faut se rappeler que dans l'histoire de l'Europe, les provinces gallo-romaines seront les plus peuplées de l'Empire romain et la plaque tournante du commerce européen. L'essentiel des connaissances historiques sur cette guerre proviennent des écrits de César lui-même qu'il rassemble dans De bello Gallico ou Commentaires sur la guerre des Gaules. Situation en Gaule à la veille de la conquête romaine Sous le prétexte d'une aide militaire apportée à Marseille, le général romain Sextius Calvinus conquiert les territoires des Salyens et provoque la fuite de leur roi. En août -121, les Romains, menés par le consul Flavius, affrontent une coalition arverne et allobroge au confluent de l'Isère. Rome, en effet, attaque ce dernier peuple sous le prétexte qu'il avait accueilli le roi salyen comme réfugié. Le roi arverne, Bituitos, est alors fait prisonnier et emmené en triomphe en Italie. Au même moment, les Gaulois rivaux de l'hégémonie arverne, à savoir les Eduens, sont reçus au Sénat et sont proclamés «amis de Rome». Après cette défaite gauloise, le reste des territoires situés au sud et à l'est des Cévennes sont rapidement soumis. Depuis la fin du IIIe siècle avant J-C, Rome est maîtresse de la Gaule cisalpine, qui s'étend de la plaine du Pô aux Alpes. A la fin du IIe siècle, elle soumet la Gaule méridionale et la vallée du Rhône, qu'elle érige en province romaine en -121 : c'est la Gaule transalpine, appelée Narbonnaise ou simplement la Provincia. Au nord, s'étend l'immensité de la Gaule. Vers -80, toutefois, un chef du nom de Celtillos, père du futur Vercingétorix, tente de restaurer un pouvoir régalien sur les Arvernes, comme au temps de Luernios et de Bituitos. Mais il échoue et est brûlé vif par l'aristocratie de son peuple. Son frère Gobannitio semble avoir été son principal rival lors de cette affaire, puisqu'il est connu qu'il devient alors le premier par son pouvoir chez les Arvernes. César décrit la Gaule indépendante dans son livre Ier des fameux Commentaires sur la guerre des Gaules : «L'ensemble de la Gaule est divisé en trois parties : l'une est habitée par les Belges, l'autre par les Aquitains, la troisième par le peuple qui, dans sa langue, se nomme Celte, et, dans la nôtre, Gaulois. Tous ces peuples diffèrent entre eux par le langage, les coutumes, les lois. Les Gaulois sont séparés des Aquitains par la Garonne, des Belges par la Marne et la Seine. Les plus braves de ces trois peuples sont les Belges, parce qu'ils sont les plus éloignés de la Province romaine et des raffinements de sa civilisation, parce que les marchands y vont très rarement, et, par conséquent, n'y introduisent pas ce qui est propre à amollir les cœurs, enfin, parce qu'ils sont les plus voisins des Germains qui habitent sur l'autre rive du Rhin, et avec qui ils sont continuellement en guerre. [...].» «La partie de la Gaule qu'occupent, comme nous l'avons dit, les Gaulois commence au Rhône, est bornée par la Garonne, l'océan et la frontière de Belgique ; elle touche aussi au Rhin du côté des Séquanes et des Helvètes ; elle est orientée vers le nord. La Belgique commence où finit la Gaule ; elle va jusqu'au cours inférieur du Rhin ; elle regarde vers le nord et vers l'est. L'Aquitaine s'étend de la Garonne aux Pyrénées et à la partie de l'océan qui baigne l'Espagne ; elle est tournée vers le nord-ouest.» Les ambitions de Jules César En effet, César vient de finir sa période de consulat, à la suite de quoi il s'est vu confier pour 5 ans le gouvernement de la Gaule cisalpine et de l'Illyrie avec 3 légions à sa disposition, puis celui de la Provincia de Gaule transalpine, avec une 4e légion. Le voilà à la tête de provinces prestigieuses. Mais sa gloire militaire reste modeste, notamment par rapport à celle de Pompée «le Grand», qui vient de recevoir un triomphe à Rome en 61 av. J.-C. César a besoin d'une victoire grandiose qui lui procure la renommée -- gravir le Capitole en triomphe, le seul prestige qui compte aux yeux de l'opinion publique -- et les profits énormes car il est largement endetté) qui lui permettraient d'asseoir son pouvoir à Rome. Mais les régions du monde où une grande campagne est possible ne sont pas très nombreuses : l'Orient étant la chasse gardée de Pompée, il ne peut envisager une campagne qu'en Occident, soit vers le Danube, soit vers la Gaule indépendante. Il semble que César ait d'abord projeté une campagne vers les vastes territoires traversés par le Danube. Mais un hasard -- la migration des Helvètes en mars 58 avant J-C --, de puissants intérêts économiques qui associent déjà les Italiens à certaines nations gauloises clientes de Rome (Eduens, Arvernes...), et la perspective fabuleuse de pousser les légions vers des terres inconnues jusqu'aux confins occidentaux de l'univers, «voilà qui rencontrait la volonté de puissance et le désir de gloire d'un proconsul de 41 ans». ( A Suivre)