Le président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la Santé publique (SNPSSP), le Dr Mohamed Yousfi s'est insurgé, lors de la conférence de presse hebdomadaire animée conjointement avec le Dr Lyès Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la Santé publique (SNPSP), des déclarations «contradictoires» du premier responsable de l'exécutif en Algérie relatives au mouvement de grève entamé depuis déjà plus de sept semaines et qui vont (déclarations) en direction du pourrissement de la situation. «Je demanderais à M.Ouyahia de nous expliquer sur quelles bases avait-il fondé ses propos complètement en contradiction avec ce qui se passe en Algérie. S'il nous avait reçus comme nous l'avions sollicité, si le RND qui dépend de lui nous avait reçus, il n'aurait pas été amené à faire des déclarations insultantes aux praticiens que nous sommes. Mais dire que nous sommes manipulés par des groupes qui ont perdu « des batailles politiques », on le refuse !!!», répond le Dr Yousfi. Notre orateur expliquera en détail que l'intersyndicale SNPSSP-SNPSP a été reçue par des groupes parlementaires des indépendants, du PT, du RCD, du FLN et du MSP. Ces deux derniers qui sont membres de l'Alliance présidentielle ont exprimé par différents moyens qu'ils soutiennent les revendications des praticiens jugées légitimes. Malheureusement, l'intersyndicale SNPSSP-SNPSP n'a pas été reçue par le RND dont Ahmed Ouyahia est secrétaire général. «M.le Premier ministre doit être cohérent avec lui-même car ceux qui nous avaient exprimé leur soutien et nous ont promis d'intervenir font partie de son entourage. Maintenant si dans l'esprit du plus important responsable de l'échiquier politique dans notre pays, ces derniers font dans la manipulation et ont balancé vers l'opposition, ce sera tout autre chose», rétorque t-il. Le Dr Lyès Merabet a, de son côté, rejoint son confrère en demandant au Premier ministre qu'il ne faut pas se prononcer sans preuves. «Lorsqu'il parle de manipulation politique, qu'il apporte ses preuves», signale t-il en enchaînant : «Lorsque le 1er responsable de l'exécutif parle de manipulation et des partis de l'opposition qui manipulent les syndicats, je crois qu'on crache sur l'intelligence de l'universitaire que nous sommes et sur le droit à la citoyenneté qu'on veut exprimer à travers la protestation». Le Dr Merabet rappellera entre autres les grandes lignes de la politique du président Bouteflika en matière de prise en charge des compétences nationales et osera montrer du doigt qu'il existe une incohérence entre les déclarations du Premier ministre et les dispositifs mis en place en la matière par le président Bouteflika : «Il existe une contradiction flagrante entre ce qu'a déclaré M.Ouyahia et les déclarations, les engagements et le programme du président de la République lorsqu'il parle de compétences nationales, du cadre de réhabilitation du cadre universitaire, faire fonctionner ou carrément ramener et faire participer nos compétences nationales établies à l'étranger. On fait aujourd'hui dans l'exportation de ce cadre et c'est de très mauvaise augure pour l'avenir de ce pays», ajoute le Dr Merabet. Furieux, le Dr Yousfi reviendra sur les augmentations faramineuses des salaires des autres fonctionnaires en soulignant que des enveloppes extraordinaires ont été dégagées sans souci aucun alors que tout le problème se pose pour les praticiens de la Santé publique. «Les praticiens de la Santé publique ne demandent que leurs droits. Pourquoi des droits ont-ils été accordés à l'Enseignement supérieur, à l'Education, aux députés, aux magistrats et été facilement acquis et quand il s'agit des miettes qu'on nous donnera, ceci va mettre en jeu l'équilibre financier du pays ?», s'interroge le Dr Yousfi en comparant ce qui a été dépensé durant le Festival panafricain ou les scandales de corruption qui coûtent des milliards de dollars à l'Etat avec ce que réclament les médecins du secteur public. «On doit expliquer à M.Ouyahia qu'avec l'amendement des statuts des praticiens de la santé publique, on ne s'enrichira pas mais notre quotidien sera amélioré», justifie t-il. Par ailleurs, les deux syndicalistes se disent prêts au dialogue à condition que celui-ci se fasse dans les règles de l'art. «En date du 3 février dernier, le même département du MSPRH, à savoir la DRH au moment où on est en blouses blanches en train de protester et se faire tabasser nous envoie un document où il nous demande de désigner seulement deux représentants pour tous les syndicats et nous invite à une «Surprise party» où sera discuté le régime indemnitaire. Ceci est insensé et a été rejeté dans le fond et la forme», déclarent les deux conférenciers. En effet, la correspondance N°62 du 3 février 2010 signée par Aïssa Farsi, directeur des Ressources humaines au MSPRH, a convié les deux syndicats, non pas comme le stipule la loi en vigueur à une réunion de conciliation mais à prendre part «aux travaux de la commission chargée du traitement du dossier du régime indemnitaire» et ce le 6 février à 11 heures. Un horaire qui coïncide bizarrement avec la conférence de presse hebdomadaire des deux syndicats. «La fameuse commission censée être mixte a été installée un 11 octobre 2009 de manière unilatérale et nous n'avons pas été conviés à prendre part», expliquera le Dr Merabet. Il se joindra au Dr Yousfi pour décider qu'aucun des deux syndicats ne se déplacera au ministère sauf pour une éventuelle réunion de conciliation. «Avant de passer au régime indemnitaire, il faudra d'abord se réconcilier, chose que ne veut pas comprendre la tutelle. La loi est claire : avant tout mouvement de grève, la tutelle invite le partenaire social à des réunions de coordination mais une fois arrivés à des points de discorde, il faut des réunions de conciliation bien avant la grève, c'est ce qui est écrit noir sur blanc dans les lois de la République algérienne et auxquelles le ministre a tourné le dos», explique une énième fois le président du SNPSP. Toutefois et comme prévu, l'intersyndicale SNPSSP-SNPSP a décidé de maintenir la grève dans sa forme actuelle et fixe un rendez-vous à tous ses membres mercredi 10 février à 11heures pour un rassemblement devant le siège du ministère de la Santé.