, Dans une conférence de presse organisée, hier, au siège de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme, sise à Alger, MM. Ali Abdelnour, Bouchachi et Ben Issaâd, les animateurs de cette rencontre ont rappelé tour à tour les conditions et les motivations des années 1988-1992 qui ont poussé le pouvoir algérien à proclamer l'état d'urgence en Algérie. Le premier intervenant en l'occurrence, Me Bouchachi rappelle que le 5 octobre 1988, les jeunes algériens sont sortis dans les rues pour réclamer plus de liberté et rejeter le parti unique. L'arrêt du processus démocratique de décembre 1991 et le vote des collectivités qui donnaient au premier tour le parti du FIS-dissous comme étant majoritaire a connu un grand mouvement de protestation qui menaçait les institutions de l'Etat suite à quoi l'état d'urgence fut annoncé. Me Ali Abdelnour informe que sur le plan réglementaire, il y a eu vice de forme car l'Assemblée nationale et populaire et le Sénat n'ont pas été consultés pour adopter un tel projet. L'état d'urgence étant de ce fait anticonstitutionnel, ce qui était prévu pour une durée d'une année persiste encore aujourd'hui, et pour cause 18 années durant. Les conséquences, précise Me Ali Abelnour, il en résulte 18 000 personnes internées dans des camps de concentration au Sahara algérien. Me Ali Abdelnour appelle à la levée de l'état d'urgence, l'exercice des libertés individuelles et collectives, la liberté de la presse, les libertés politiques et évoque une citation de Victor Hugo pour illustrer sa pensée : «Libérez la liberté et la liberté fera le reste». Me Ben Issaâd évoque que sur la forme, l'état d'urgence est conditionné par une loi organique qui doit passer par l'Assemblée nationale et le Conseil de la nation et qui n'a jamais été promulguée. Sur le fond, le conférencier rappelle que l'Algérie ayant ratifié un certain nombre de conventions internationales, l'état de siège limite l'exercice des manifestations publiques et musèle toute velléité d'exercice des droits fondamentaux. Pour la mémoire collective, Me Ben Issaâd, évoque que l'état de siège persiste depuis 28 ans en Egypte, 47 ans en Syrie, 18 en Algérie alors qu'un bouclier de la communauté internationale a levé celui du Pakistan qui a n'a duré que 45 jours. La Ligue algérienne des droits de l'Homme appelle à la création d'une coalition nationale, un mécanisme pour militer et unifier les efforts pour la levée de l'état d'urgence en Algérie.