La déclaration du ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, le 14 avril dernier à Genève, au sujet des droits de l'homme en Algérie, n'a pas manqué de susciter la colère de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), dont l'ex-président, Me Ali Yahia Abdenour, et son actuel président Me Bouchachi ont réagi en des termes très virulents à l'occasion d'une conférence-débat animée jeudi dernier à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou autour du thème “La LADDH au centre de la crise algérienne”. Devant une assistance nombreuse, Ali Yahia Abdenour n'a pas tardé à annoncer la couleur en dressant un sévère réquisitoire contre le pouvoir et surtout en qualifiant la déclaration de Medelci à Genève de “contradictoire avec la réalité du terrain”. “Le ministre des Affaires étrangère a déclaré, en somme, qu'en matière des droits de l'homme en Algérie, tout va très bien, et ce, pour se justifier devant les pays occidentaux et d'Amérique latine qui ont attaqué l'Algérie sur ce plan, mais sur le terrain, les droits de l'homme continuent à être violés”, a déclaré Ali Yahia Abdenour, avant d'être relayé par Me Bouchachi. Lors de son intervention, Ali Yahia Abdenour revient aussi sur un autre volet défendu par Medelci à Genève, à savoir le maintien de l'état d'urgence jusqu'à ce que les conditions de sa levée soient réunies. À ce sujet, l'ex-président de la LADDH estime qu'“on ne dit pas la vérité au peuple algérien”. On dit d'un côté que l'état d'urgence, qui à vrai dire c'est un état de siège qui est signifié, doit être maintenu, et d'un autre que le terrorisme est vaincu. En réalité, l'un ne va pas avec l'autre”. Dans le même sens, Me Bouchachi n'omet pas de faire un rappel de la décennie noire. Dans un autre registre, à savoir celui de l'évangélisation de la Kabylie qui a soulevé une vive polémique ces derniers mois, Ali Yahia dit, après s'être interrogé sur l'ampleur de ce phénomène, que “si l'on respecte la Constitution, la Déclaration universelle des droits de l'homme et les différentes conventions internationales ratifiées par l'Algérie, on devrait respecter la liberté du culte”. Abordant le Printemps berbère et le “printemps noir”, Ali Yahia Abdenour a souligné qu'aussi durant ces évènements, les droits de l'homme ont été maintes fois violés. À l'adresse de l'assistance, il dit : “Il faut écarter la violence mais il ne faudrait pas se démobiliser et abandonner le combat et, par conséquent, se livrer au désespoir et les phénomènes de suicide et de harga qu'il génère.” SAMIR LESLOUS