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Informer l'opinion de la réalité du traumatisme palestinien
La Question de Palestine de Edward W. Said
Publié dans La Nouvelle République le 10 - 03 - 2010

Tels sont quelques-uns des objectifs qui ont incité Edward W. Saïd, théoricien littéraire, critique et intellectuel palestinien à publier, en 1979, la Question de Palestine (1). Actualisé et réédité en 1992, cet ouvrage vient d'être publié en langue française aux Editions Actes Sud.
A travers cet essai historique et politique de 384 pages, l'auteur qui se positionne comme Palestinien précise la nature de son intervention. Ni expertise. Ni «témoignage personnel». Mais un ouvrage «basé sur des faits vécus et une certaine conception des droits de l'homme et sur les contradictions d'une expérience sociale ». Par ailleurs, E. W. Saîd remet en cause la «neutralité du langage» des études politiques universitaires sur le Moyen-Orient qui légitiment le sionisme lequel reproduit à l'égard du peuple arabe palestinien les préjugés occidentaux à l'égard de l'Islam, du monde arabe et du Moyen-Orient. «Cette attitude nous déshumanise, nous ravale au niveau d'une nuisance à peine tolérée», écrit-il dans son introduction.
La Palestine ou l'histoire d'un peuple «juridiquement absent»
La Palestine... Un territoire colonisé par l'Etat sioniste dont le peuple a été pérsécuté par l'Europe chrétienne durant la première moitié du XXe siècle. Un peuple reconnu comme l'archetype de la victime de l'histoire qui à son tour expulse, opprime, étouffe, tue, assassine... Des victimes de l'holocauste, persécutrices d'un autre peuple (...) devenu victime des victimes.
Les Palestinien(ne)s... Un peuple expulsé de son territoire, qui, depuis plus de soixante années, date de la Naqba (catastrophe), subit la politique expansionniste, discriminatoire et éliminatoire de l'Etat d'Israël et son lot de conséquences tragiques : la dépossession, la dispersion, la dépendance, l'exil et toutes les caractéristiques de l'existence fragmentée et déstructurée d'un peuple errant bafoué dans ses droits les plus élémentaires et dans son droit de vivre libre et digne sur sa terre.
Un territoire usurpé et un peuple désigné en termes de «réfugiés» ou «d'extrêmistes», «incompris», «ignorés», qui vivent «une expérience unique dans la région du Moyen-Orient : la rencontre dramatique et traumatisante avec le sionisme. Un drame national et collectif qui met en évidence une histoire politique d'une complexité inhabituelle et même sans précédent - dont la situation - demeure entière, non résolue, apparemment incontrôlable, irréductible.
«Les Palestiniens
dans le discours occidental»
Selon E. W. Saïd, la détermination des Palestinien(ne)s d'imposer l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) comme «l'authentique dirigeante du peuple palestinien» a joué un rôle important dans la modification de la conscience occidentale vis-à-vis des droits palestiniens. Car, de son point de vue, «ils proposaient un programme clair (...) qui incarnait une nation en exil plutôt qu'il ne faisait partie d'un vague rassemblement d'individus et de petits groupes vivant ici et là». La mobilisation et le travail structuré des Palestiniens et de leurs dirigeants politiques ont, ainsi, permis à la cause palestinienne de gagner en visibilité, d'entrer dans le discours américain et d'obtenir la reconnaissance, l'adhésion et le soutien d'organisations internationales (ONU, la Ligue arabe....) ; d'organisations transnationales (Organisation de l'unité africaine, Le Vatican) ; d'organisations non gouvernementales...
Le terrorisme a-t-il porté préjudice à la lutte du peuple palestinien. ? Pour E. W. Saïd, les actions terroristes menées par des Palestiniens ont créé un amalgame entre le mouvement national palestinien et les actions politiques palestiniennes terroristes qui ont eu lieu dans un contexte défini et des circonstances bien particulières.
En effet, «devant la détermination acharnée d'Israël à accélérer le processus pour réduire, pour minimiser les palestiniens puis pour s'assurer de leur absence en tant que présence politique et humaine dans l'équation du Moyen-Orient», les Palestiniens ont répondu, à la fin des années 1960, et au début des années 1970, par des assassinats, des détournements d'avions, des prises d'otages, des attentats... Cependant, l'auteur souligne le fait que les attaques punitives des Israéliens («terrorisme d'Etat») en guise de réponse aux actions terroristes sont plus importantes et ont causé plus de dommages aux Palestiniens. «Le nombre de Palestiniens tués, l'ampleur des pertes matérielles, les privations physiques, politiques, psychologiques, a très largement excédé les dommages infligés aux Israéliens par les Palestiniens», écrit-il. Puis il attire l'attention sur le caractère asymétrique de la situation des Palestiniens en mettant l'accent sur «l'extraordinaire disproportion, ou asymétrie, entre, d'un côté, la situation des Palestiniens en tant que peuple affligé, dépossédé et bafoué, et, de l'autre côté, Israël en tant "qu'Etat du peuple juif», instrument direct de la souffrance des Palestiniens, - qui - est à la fois énorme et largement ignorée».
Ignorée, d'une part, par les Présidents américains qui refusent de reconnaître la lutte des Palestiniens pour leurs droits alors qu'ils n'hésitent pas un seul instant à célébrer le combat des dissidents russes, afghans, chinois... Et d'autre part, par des intellectuels engagés et d'ex-politiciens qui n'approuvent pas la politique d'Israël à l'égard des Palestiniens mais qui font preuve de manque de courage car ils n'osent pas exprimer leur opinion en public. La question de la «trahison des clercs» concerne également ces intellectuels israéliens et occidentaux juifs et non juifs qui s'enferment dans «le silence, l'indifférence, l'ignorance». Leur «non-engagement-» est, du point de vue d'E. W. Saïd, une preuve de complicité et de lâcheté. Et inévitablement, cette attitude maintient le peuple palestinien dans sa souffrance et sa tragédie .
Les relations entre les
Etats-Unis et les Palestiniens
La position des Etats-Unis à l'égard des Palestiniens est extrêmement importante pour deux raisons. D'une part, en leur qualité de «premier patron et allié stratégique» d'Israël. D'autre part, ils constituent «la seule force extérieure» qui cherche à avoir un rôle au Moyen-Orient. Le lobby sioniste, avec la complicité des gouvernements de la droite israélienne joue un rôle déterminant dans la politique américaine vis-à-vis du peuple palestinien.
En 1988, sur injonction de ce lobby, le dirigeant de l'OLP, Yasser Arafat, a été empêché d'entrer sur le territoire américain par le secrétaire d'Etat américain, Georges Shulz. L'amendement Grassley présenté au Congrès poursuivait trois objectifs : interdire à l'OLP «toute rencontre » aux Etats-Unis ; supprimer la mission d'observation de l'OL. à l'ONU et fermer le bureau palestinien à Washington. Mais la cour du district refusa d'exécuter. En 1979, Andrew Young, l'ambassadeur américain aux Nations unies fut contraint de démissionner après un contact informel avec le délégué palestinien à l'ONU, Zuhdi Terzi. Selon E. W. Saïd, cette attitude d'hostilité et d'exclusion à l'égard des Palestiniens a bien sa logique. Elle «est l'extension de la politique officielle israélienne, immuable et pourtant toujours plus violente».
Pourtant, malgré cette interdiction de contact et de rencontre avec les dirigeants palestiniens, ces derniers ont, à maintes reprises, eu des contacts secrets avec les autorités américaines. En 1970, l'OLP est intervenue en faveur des Américains à Beyrouth.
La protection de l'ambassade américaine ainsi que l'évacuation des ressortissants américains par la mer ont été assurées par les gardes Palestiniens (1976). En 1979, les trente Américains tenus en otage à l'ambassade américaine de Téhéran ont été libérés grâce à l'intervention de Yasser Arafat.
Malgré le fait que la Palestine a toujours été une question «secondaire» aux Etats-Unis voire «une affaire de politique intérieure américaine, contrôlée depuis 1948 par le lobby israélien», la question de Palestine a commencé à émerger dans la conscience américaine grâce à trois facteurs.
(Suivra)
De Paris, Nadia Agsous
1) Dans la préface de l'édition de 1992, Edward W. Saïd précise que l'ouvrage, la Question de Palestine a été écrit entre 1977 et 1978 et publié en 1979 aux Vintage Books Editions
Edward W. Saïd, la Question de Palestine - Actes Sud, Sindbad, Mars 2010, 384 P., traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Jean-Claude Pons


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