7) Qu'en sera-t-il sur le volet prix et coûts liés de la crise économique ayant provoqué des bouleversements sur l'évolution des prix avec comme conséquence principale une déconnexion prononcée entre les prix du gaz et ceux du pétrole liée à la progression de la production de gaz non conventionnel aux Etats-Unis et à la surabondance de l'offre de GNL ? Le dernier rapport de l‘AIE 2010, repris par la majorité des revues spécialisées, ne prédit-il pas la généralisation de ces nouvelles technologies des réserves mondiales de gaz de schiste estimées à près de 900 téramètres cubes, soit plus de quatre, voire cinq fois les ressources de gaz conventionnel mais en mars 2010 pour leur rentabilité exigeant un prix de cession variant entre 7/8 dollars le MBTU, le coût ayant baissé de 40 % en trois années et pouvant encore baisser avec la généralisation des nouvelles technologiques ? Il est à préciser que ces schistes à porosité très faible contiennent de grandes quantités de gaz provenant de la décomposition de matière organique par des bactéries sont désormais exploitables grâce à la technique de fracturation hydrosiliceuse, qui consiste à envoyer du sable et de l'eau sous pression pour fracturer la roche et libérer le gaz piégé dans les pores. Cette technique est encore plus efficace lorsqu'elle est associée à des forages horizontaux allant chercher les réserves dans l'ensemble de la couche et pas seulement à la verticale des puits. Cette nouvelle donne n'affaiblit-elle pas les négociations des pays producteurs qui ont réalisé des contrats à moyen et long terme pour le gaz conventionnel ? 8) Le repositionnement qui s'opère aux Etats-Unis vers le gaz non conventionnel au détriment du GNL ne va-t-il pas modifier la donne au plan mondial qui risque d'être rejoint par de nombreux pays comme la Chine, la Russie expliquant la baisse vertigineuse du prix du gaz sur le marché libre spot depuis près d'une année et paradoxalement segmentant encore plus le marché qui devient de plus en plus local ? Cette nouvelle configuration des prix ne pose-t-elle pas le problème de l'indexation des prix du gaz aux prix du pétrole dans les contrats à long terme en Europe et en Asie ? Le succès du gaz non conventionnel ne compromet-il pas l'essor du GNL, posant la problématique de la rentabilité des deux GNL algérien en construction à Skikda et à Arzew nécessitant au minimum un prix de cession entre 12 et14 dollars le MBTU ? Et quels seront les prix de cession des gaz conventionnel et non conventionnel, des énergies substituables en tenant compte de l'abaissement des coûts des technologies utilisées à travers leur généralisation ? 9) Ne faut-il pas faire confiance au génie humain, demain, les énergies renouvelables dont le solaire évitant cette vision pessimiste du pic énergétique ? La flambée des prix du gaz aux Etats-Unis et les progrès techniques n'ont-ils pas conduit à une croissance forte de la production des gaz non conventionnels (gaz de houille, gaz de schistes et shale gas) qui sont moins chers à produire, cette production dépassant aujourd'hui celle du gaz conventionnel, le Department of Energy ayant revu à la baisse sa prévision de demande de GNL de plus de 60 % à l'horizon 2020, d'où le gel, voire l'abandon de plusieurs projets de regazéification, ce qui risque d'être suivi par d'autres pays, notamment d'Asie ? Les données des experts jugeant que des réserves de gaz non conventionnel d'une ampleur équivalente peuvent être trouvées en Europe ou en Asie ne risquent-elles pas de changer la géopolitique mondiale du gaz (qui aurait dit 200 ans de réserve de gaz non conventionnel pour la Pologne) ? 10) Seuls les pays possédant beaucoup de réserves d'eau pouvant utiliser ces nouvelles techniques ne préfigurent- elles pas d'un bouleversement stratégique aux dépens des pays arides et semi-arides comme l'Algérie et d'autres du Moyen-Orient lorsqu'on sait que le forage et la fracturation hydraulique des puits peuvent nécessiter un apport d'eau considérable, les producteurs qui exploitent les schistes de Barnett (Texas USA) ayant utilisé 1 % de toute l'eau consommée dans le bassin de Fort Worth en 2007 ? 11) Existera-t-il une discipline même au niveau du marché du gaz conventionnel entre les différents producteurs avec les nouvelles découvertes de gaz en Amérique latine et en Afrique surtout et cette baise de l'offre de ceux présents à Oran ne sera-t-elle pas contrebalancée par à la fois ces nouveaux producteurs qui ont un important besoin de financement et surtout par le gaz non conventionnel pénalisant ainsi ceux qui réduiront l'offre ? 12) Enfin, la réussite de cette réunion ne dépendra-t-elle pas de la Russie qui a montré par le passé qu'elle privilégiait avant tous ses intérêts propres, Gazprom, concurrent direct de Sonatrach, comme en témoigne les récents accords gaziers avec l'Espagne et la France (plus de 30 % des réserves mondiales de gaz conventionnel, de l'Iran 15 % et du Qatar 10 %) sans compter les récentes découvertes de gaz non conventionnel en Sibérie ? Et Gazprom est-elle toujours intéressée pour prendre une participation dans le projet Nigal ? Ce sont là autant de questions fondamentales qu'il conviendra de débattre en toute sérénité lors de la réunion du GNL16 à Oran du 18 au 21 avril 2010, loin de voeux pieux, mais devant tenir compte des nouvelles mutations de l'économie gazière intiment liées à la nouvelle stratégie énergétique mondiale entre 2015 et 2020 dont le développement des énergies renouvelables. (Suite et fin)