Cette évaluation s'est opérée à travers l'exposition de pièces extraites lors des dernières fouilles, en plus des travaux de restauration et d'aménagement de structures culturelles et sites archéologiques de la capitale de Zianides. Selon M. Brahim Chennoufi, conservateur et président du patrimoine et responsable du service des sites et musées de Tlemcen, le mois du patrimoine a été marqué par l'organisation d'expositions, de tables rondes, de conférences sur le legs culturel matériel et immatériel, pour le faire découvrir, le valoriser et l'exposer durant la manifestation internationale de 2011. Ces activités ont été concrétisées en coordination avec la cellule technique de coordination entre les acteurs du patrimoine local et l'Office national de gestion et d'exploitation du patrimoine protégé, a-t-il poursuivi. Installée pour préparer l'évènement de l'année prochaine, cette cellule constitue un lien entre les acteurs locaux de la culture et des affaires religieuses et des autorités locales, pour la préparation des dossiers relatifs aux bureaux d'études et entreprises de construction spécialisés, et faciliter les opérations de restauration et la supervision de toutes les pièces archéologiques découvertes, selon le même responsable. Il a ajouté que ces pièces sont formées, à ce jour, de plus de 60 fonds faisant l'objet actuellement d'étude et de classement avant d'être présentés au public, alors que l'opération de restauration touche plus de 120 sites dans différentes parties de l'ancienne ville, notamment des mosquées, des zaouias, des bains maures, des fours traditionnels, des monuments historiques et archéologiques et différentes maisons de culture. D'autre part, une attention particulière a été accordée, au cours de ce mois du patrimoine, aux anciennes écoles dont recèle la capitale des Zianides et qui sont restées des témoins archéologiques sur l'âge d'or de la civilisation qu'a connue la région dans les époques passées. Toutefois, il ne reste de ces écoles que des vestiges reflétant cette époque florissante et qu'il s'agit de sauvegarder. Beaucoup d'écoles détruites ou disparues sont mentionnées dans des manuscrits. Parmi ces monuments, il y a lieu de signaler l'école Yaakoubia ouverte en l'an 679 de l'hégire correspondant à 1296 du calendrier grégorien, durant le règne de Othmane Ibn Ziane, successeur de Yaghmoracene Ibn Ziane. Elle fut reconvertie en silos après l'occupation française de Tlemcen en 1864, avant d'être ravagée par un incendie et transformée en musée municipal. Ces dernières années, cette école abrite des activités culturelles pour préserver son aspect architectural, un chef d'œuvre témoin du raffinement urbanistique dont Tlemcen s'est rendue célèbre. Il y a lieu également de citer l'école d'Abi Imam Yahia El-Matmar, ouverte en l'an 710 de l'hégire (1310) à l'époque d'Abou Hamou Moussa 1er, et l'école El-Eubbad édifiée en 748 de l'hégire à proximité du mausolée de Sidi Abou Mediène Chouaib, devenant l'école khaldounéenne en l'honneur du grand historien Abderrahmane Ibn Khaldoun. On cite aussi l'école Sidi-Hassan-Ben-Makhlouf-Aberkane, proche de la mosquée de quartier haï Bab Zir connue pour ses wakfs et ses cours de théologie, en plus de l'école Sidi-Haloui. La plus importante de ces écoles rendues célèbres à travers les âges c'est celle baptisée Tachfinia, ouverte en l'an 720 de l'hégire (1320) sous le règne d'Abou Tachfine Abou Abderrahmane Moussa 1er, et fut appelée l'école du Grand Palais ou l'école nouvelle. Cette école fut démolie par les colons français qui avaient édifié à sa place, en 1873, le siège de la mairie. Cette école se trouvait entre El-Mechouar et La Grande Mosquée de Tlemcen, qui étaient reliés, selon les informations historiques, par un tunnel souterrain permettant au sultan et son entourage de passer sans se mêler à la population. Les fouilles sont lancées actuellement sur ce site et certaines installations du palais du Mechouar. Un groupe de chercheurs en archéologie et de spécialistes de fouilles et de professeurs de l'université de Tlemcen se penchent sur la reconstitution, en miniature, de cette école, en s'inspirant de documents techniques et de dessins datant de l'époque coloniale. L'équipe de chercheurs a également tenté de recueillir toutes les informations d'ouvrages sur cette institution d'enseignement et l'exploitation des résultats des fouilles qui ont eu lieu sur place, pour comprendre l'architecture du système adopté dans la construction et la perception de la forme et les dimensions, en vue de sa reconstruction. Cette école a servi, durant plus de cinq siècles, de pôle de rayonnement de la connaissance et du savoir. Plusieurs ulémas et théologiens en sont sortis, y compris Abou Hassan Tenessi, frère d'Ibrahim Tennessi, décédé à Tlemcen en 679 de l'hégire (1261) et Abou Ishak Ibrahim Tennessi, un des éminents théologiens et savants du Maghreb, à qui on a attribué la présidence de la fatwa et l'enseignement dans la capitale des Zianides.