Le 25e Sommet France-Afrique s'ouvre aujourd'hui à Nice, en présence de près d'une quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernement africains. A ce sommet, le premier depuis l'élection de Sarkozy à la présidence française, sont conviés, pour la première fois, des responsables d'entreprise d'Afrique et de France. Le sommet intervient dans une conjoncture particulière : crise économique mondiale, tensions dans les rapports internationaux et l'importance du rôle de l'Afrique sur le plan international. Le président Sarkozy, qui a déclaré à la veille de l'ouverture du sommet que ce dernier «est une réunion de famille», omet de voir les déséquilibres économiques existants et l'écart du niveau de développement entre le Nord et le Sud. Si Sarkozy a tenu à faire participer à ce sommet, pour la première fois, les chefs d'entreprise de France et d'Afrique, cela répond en premier lieu à la préoccupation majeure de Paris relative à la présence renforcée de la Chine et des Etats-Unis en Afrique. S'ajoute l'approche africaine visant à diversifier les partenaires sur la base d'un partenariat gagnant-gagnant, à l'image des sommets Chine-Afrique, Inde-Afrique et Amérique latine-Afrique. L'ordre du jour des travaux de ce 25e Sommet France-Afrique, coprésidé par les présidents français et égyptien, porte sur les questions de paix et de sécurité, le développement économique et les changements climatiques. Des séances thématiques sont prévues pour débattre de ces questions. Il est utile d'indiquer que l'heure est à la traduction des discours politique de bonnes intentions au vu des mutations en cours, sur fond des carences et des lacunes d'autres régions du Monde dont l'Afrique. En s'efforçant de relever les multiples défis qui se posent, allant des questions liées à la paix et à la sécurité, au développement ainsi qu'à la consolidation des acquis enregistrés, l'Afrique voit ses rapports avec la France en deçà des potentialités et des possibilités existantes. Ce qui est, pour bon nombre d'observateurs, lié aux effets de l'ex-politique coloniale de la France. Cela vient d'être illustré par le secrétaire général de l'Elysée, qui en explicitant la politique de Sarkozy en direction de l'Afrique, a déclaré à la veille de la tenue de ce sommet qu'«on ne va pas se brouiller avec ceux qui nous rendent de grands services». A cela vient s'ajouter d'autres effets charriés par une mondialisation galopante et à double vitesse accentuant la complexité des relations sur le plan international dont celles entre la France et l'Afrique, sur fond des priorités de cette dernière. La France, en soulignant sa disponibilité à soutenir les efforts de l'Afrique pour son développement, n'a pas été étrangère à l'élaboration de règles économiques inéquitables par l'Organisation mondial du commerce (OMC). Les règles adoptées par l'OMC sur le marché du coton ont porté dans certaines régions africaines un coup fatal à la culture de ce végétal, avec des conséquences dramatiques pour les cultivateurs et leurs familles. D'autre part, l'approche africaine relative aux réponses à moyen et long terme aux effets des changements climatiques dont le continent n'est pas responsable – il les subit – n'a pas été pour plaire à Paris, via l'UE, lors du sommet de Copenhague. Ce qui renseigne sur les divergences d'approche entre la France et l'Afrique qui nécessitent plus que des discours de bonnes intentions. Des divergences, aussi, sur les questions déterminantes pour garantir le développement en Afrique, celles ayant trait à la paix et la sécurité. Elles doivent impérativement trouver leur fondement dans la promotion et l'application du droit international, et des conventions et résolutions s'y rapportant. Ce qui sera sans nul doute un des principaux défis à relever lors de ce sommet dont l'approche africaine dans la résolution des conflits et des tensions a fait ses preuves en dépit des carences et des lacunes.