Inconnu des fans du football, il y a encore peu, le gardien de but bordjien Brahim Dalli est devenu en l'espace de quelques matches, un joueur de football remarqué dans le milieu professionnel. Agé de 25 ans, cet ancien joueur du CRB a plutôt bien réussi sa reconversion au CABBA. La Nouvelle République : tout d'abord, comment allez-vous ? Dalli : ça va très bien. Je continue de me préparer en vue du dernier match et de la saison prochaine. S'il y a bien un poste sous pression dans le football, en dehors de celui d'entraîneur ou de sélectionneur national, c'est effectivement celui de gardien. Comment faites-vous pour évacuer le stress ? C'est toute la spécificité du poste de gardien. Notre ennemi n'est pas la fatigue physique, c'est l'usure mentale. Depuis le début de la saison, il y a deux mois, j'ai déjà joué une dizaine de matches. Tous les trois jours, il faut se remobiliser et ce n'est pas toujours évident. Pour couper, je dors beaucoup et je passe pas mal de temps devant la télé entre les rencontres. On dit souvent que les joueurs qui choisissent d'être gardien de but, c'est pour ne pas avoir à courir. Est-ce votre cas ? (Rires). Lorsque j'étais plus jeune, ce n'était pas le cas. Courir ne me dérangeait pas. C'était justement l'occasion de faire autre chose. Mais aujourd'hui, c'est vrai ça me plaît bien. C'est vrai que certains gardiens n'aiment pas du tout avoir à courir mais ce n'est pas le cas de tous. Il n'y a pas de vérités absolues. Certains aiment, d'autres n'aiment pas. Et justement, le terrain ne vous manque-t-il pas un peu ? Pas spécialement, d'autant que je n'ai pas le niveau nécessaire (rires). Je suis bien meilleur avec mes mains qu'avec mes pieds. Mais attention, je n'ai pas un niveau catastrophique. Disons seulement que je me sens plus à l'aise dans ma surface de réparation. Quelles sont les qualités à travailler pour un gardien de but ? Que ce soit les réflexes, les sorties ou la vision de jeu, il faut tout travailler. Il ne faut pas faire de sélection car il y a toujours des choses à améliorer. Mais il y a quelque chose de très important : les gardiens ont besoin d'une grande maturité pour jouer au haut niveau. On le vit encore aujourd'hui, certains joueurs de champ commencent à jouer dès 17 ans. Les gardiens arrivent beaucoup plus tard car c'est un poste où le mental est très important. Il faut donc être un plus patient que les autres. Quelles sont les erreurs à ne pas commettre pour arriver au niveau professionnel ? Il ne faut penser qu'au football. Même si c'est dur, il faut essayer d'avoir une hygiène de vie parfaite. Ce n'est pas évident lorsqu'on est jeune et on apprend aussi de ses erreurs, mais il faut éviter de faire n'importe quoi. On peut être tenté par les sorties ou les activités un peu casse-cou pendant les vacances. C'est souvent dans ces cas qu'on se blesse. Mais il ne faut pas non plus se priver de tout et continuer à vivre. Il faut savoir le faire avec modération. N'est-ce pas compliqué mentalement de devoir jouer les doublures ? C'est vrai que ce n'est pas évident, surtout vu ce que j'ai connu en début de saison. Mais après, j'arrive à relativiser. La saison est presque terminée. Ma priorité, c'était d'être de nouveau à 100%. Aujourd'hui, c'est fait. Maintenant si je peux apporter à l'équipe, je le ferai. Mon but, c'est surtout de préparer la saison prochaine. Vos relations avec Kial Marouane, qui est donc titulaire, sont-elles toujours bonnes ? On travaille tranquillement chacun de notre côté et après tout, la concurrence fait progresser. Je n'ai pas eu de problèmes à m'intégrer, car l'équipe est très bien organisée. Et pour cela, je remercie tous les joueurs. Ils m'ont aidé et d'ailleurs ils sont prêts à aider tous ceux qui viennent d'autres clubs. Dans le CABBA, il n'y a pas de différence entre les joueurs. Tout le monde joue pour le T-shirt Jaune et Noir et nous fournissons tous les efforts nécessaires pour renforcer l'image du club et réaliser plus d'exploit. Je tiens aussi à préciser que mes fans m'ont beaucoup soutenu et encouragé. J'espère ne pas les avoir déçus. Existe-t-il un décalage entre votre image publique - celle d'un jeune gardien de buts calme, posé et insensible à la pression -, et ce que vous êtes réellement dans la vie ? Ce que vous dites s'applique à l'action sur le terrain pendant un match… S'il y a un secret, je crois que c'est celui-ci. Le plus important, c'est le prochain arrêt ou la prochaine intervention que je dois effectuer. Le reste, le passé, n'a que très peu d'importance. Pourtant, il y aurait de quoi péter les plombs parfois, non ? Plus rien ne me choque dans le foot. C'est un jeu. Vous parlez déjà avec la sagesse d'un professionnel en fin de carrière… (Il sourit). Et pourtant, je n'ai absolument rien fait du tout. Mon palmarès est totalement vierge, contrairement à d'autres joueurs. Et je suis bien conscient de n'être qu'au début de la route. Quelles sont vos ambitions pour la fin de saison ? Faire mieux. Terminer dans les cinq premiers, ce serait très bien. Ce serait dommage de ne pas le faire. Que comptez-vous faire la saison prochaine ? Je n'ai pas d'idées précises en tête. C'est vrai que je veux retrouver du temps de jeu. Après, on verra où ça m'emmènera. Rester ici ou partir ? On en discutera avec les dirigeants et le staff. Mais c'est vrai qu'à l'heure actuelle, ce que je recherche, c'est du temps de jeu. Mon objectif est de disputer le championnat et la Coupe d'Algérie en 2011 et pour ça, il me faut du temps de jeu. Des rumeurs font état d'un intérêt de deux équipes de nationales Une à votre égard. Qu'en est-il réellement ? Oui, c'est vrai que j'en ai entendu parler. Il y a eu peut-être des contacts réels, mais en toute honnêteté, je ne suis pas tout. J'ai eu une discussion à ce sujet avec mes proches mais ils m'ont dit de me concentrer avant tout sur la fin de la saison. Mais ce que je veux, c'est du temps de jeu. Si c'est pour me poser sur le banc, autant rester ici. En plus, je suis bordjien avant d'être un joueur du CABBA. Un dernier mot… Je profite de cette occasion pour lancer un appel aux supporters de revenir au stade et de continuer à supporter leur équipe. On a besoin de leur présence à nos côtés. Et un grand merci à votre journal qui, je tiens à préciser, est toujours aux côtés des jeunes joueurs.