L'attaque terroriste menée par Israël menée contre la flottille pour la paix au large de Ghaza aurait occasionné la mort à deux Algériens. C'est ce qui est avancé par différentes sources. «Il est toujours très difficile d'avoir des informations sur ce qui s'est passé, raconte une membre de la Campagne civile internationale pour la protection du peuple palestinien (CCIPPP) à Paris. Mais nous avons appris que l'un des bateaux avait accosté au port d'Haïfa. Les passagers ont été soumis à des contrôles et leurs téléphones ont été coupés. Nous savons qu'il y a deux Algériens parmi les personnes tuées lors de l'assaut.» toutefois, aucune confirmation officielle n'est venue étayer la déclaration du CCIPPP. Même son de cloche du côté du MSP qui a affirmé qu'aucune nouvelle ne lui est parvenue de la délégation algérienne faisant partie de la flotille pro-palestinienne agressée par l'armée sioniste. «Nous sommes sans nouvelles de la délégation algérienne de 32 membres qui comprend des députés, des journalistes et des médecins. Nous étions en contact par téléphone satellitaire avec le chef de la délégation, mais la communication a été interrompue deux heures avant l'agression», a indiqué le chargé de communication du MSP, Mohamed Djema. «Des informations non confirmées font état de deux victimes parmi la délégation algérienne», a-t-il ajouté. Il y a lieu de noter que la délégation algérienne était à bord d'un bateau acheté en Turquie portant l'emblème national. Tout a commencé lorsque la marine israélienne a attaqué, lundi matin, au moins un des six bateaux transportant des militants pro-palestiniens et de l'aide humanitaire vers la bande de Ghaza, soumise au blocus. Des responsables palestiniens ont fait état de 19 morts parmi les militants, pour la plus part turcs. Une ONG turque qui a participé à l'opération humanitaire navale a confirmé ce chiffre. Pour justifier cette attaque sanglante, le gouvernement de Tel Aviv a déclaré que les soldats israéliens chargés d'intercepter les passagers auraient été attaqués «avec une extrême violence par les gens sur le bateau, avec des barres de fer, des couteaux et des tirs à balles réelles». «Face à la nécessité de défendre leur vie, les soldats ont employé des moyens anti-émeute et ont ouvert le feu», précise un communiqué de l'armée. Or, les activistes attestent de leur côté que leurs bateaux se trouvaient dans les eaux internationales au moment de l'assaut. Les médias occidentaux parlent d'une «guerre de communication», en rapport avec ces déclarations contradictoires, mais ne peuvent ignorer l'atrocité de cette action programmée et supervisée en haut lieu. A noter qu'un bateau algérien fait partie de la flottille de la paix. Il compte 32 personnes dont 5 femmes, parmi lesquels des députés du MSP et des indépendants. D'après des sources algériennes, ils seraient sains et saufs. L'Occident se culpabilise L'attaque a suscité une vague d'indignation dans le monde, à commencer par les capitales occidentales, qui d'habitude se font moins critiques à l'égard d'Israël. Qualifié d'acte de «barbarie», de «crime» et de «massacre», l'assaut israélien peut provoquer un tournant inédit dans le positionnement européen. Déjà la Turquie – visée dans l'attaque –, la Grèce et l'Espagne ont convoqué les ambassadeurs israéliens dans leurs capitales respectives. «Cet incident déplorable, qui a eu lieu en pleine mer et constitue une violation claire de la loi internationale, peut entraîner des conséquences irréparables sur nos relations bilatérales», a déjà prévenu le ministère turc des Affaires étrangères. L'Union européenne a quant à elle demandé une «enquête complète» des autorités israéliennes sur les circonstances de ce raid, a indiqué un porte-parole du chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton. Le président français, que l'on ne peut soupçonner d'être un pro-palestinien, a condamné «l'usage disproportionné de la force» à propos de l'opération commando israélienne. La Maison-Blanche a aussi condamné l'acte, bien qu'en des termes plus mesurés. L'unanimité est bien acquise contre Tel Aviv sur cette affaire, mais il restera à savoir si les principaux membres du Conseil de sécurité des Nations unies consentiront à convoquer une réunion extraordinaire pour examiner la situation. De son côté, la Ligue arabe convoque une réunion extraordinaire de son conseil pour aujourd'hui, pour étudier les mesures à prendre en réaction à cette escalade. Alors que dans plusieurs capitales arabes, des rassemblements de protestation sont organisés depuis hier. A l'occasion, le mouvement palestinien Hamas appelle à un soulèvement populaire contre l'occupation et exhorte la communauté internationale à poursuivre les pressions pour amener Tel Aviv à briser l'embargo décrété sur la bande de Ghaza depuis plus de trois ans. A quand la fin du blocus ? Depuis fin 2006, l'embargo imposé par Tel Aviv à la population palestinienne de la bande de Ghaza, en guise de riposte à la recrudescence de la résistance, n'aura fait qu'accentuer la crise à tous les niveaux : guerre inter-palestinienne, impasse dans les négociations de paix… Une situation qui a encouragé Israël à multiplier les incursions meurtrières sur Ghaza, avec toujours l'assentiment coupable des Etats-Unis et de leurs alliés européens. Et c'est sans doute dans cet esprit que l'armée israélienne se permet de s'en prendre, pour la première fois, à un convoi humanitaire avec une telle impunité. Devant tant d'acharnement, le gouvernement Hamas, entre temps démis par le président de l'Autorité, a tenté vaille que vaille de débloquer la situation et éviter une catastrophe humanitaire inévitable, en cherchant, partout dans les capitales arabes, des aides urgentes sous formes de dons ou de contributions régulières, et en jouant la carte de la trêve… Mais tous ces efforts avaient buté sur l'attitude pour le moins condamnable et irresponsable du gouvernement égyptien qui, au lieu d'aider à un dénouement sur ses frontières avec Ghaza, a aggravé la situation en empêchant le passage des aides humanitaires sous prétexte de lutte contre le trafic d'armes, et en jetant les Palestiniens en pâture. Les Egyptiens eux-mêmes doivent se sentir aujourd'hui coupables. C'est l'occasion pour eux de se racheter en appelant à la fin du blocus.