L'attaque contre la «flottille de la liberté» par l'armée israélienne a suscité des réactions en chaîne de par le monde. Personnalités, Nations unies, ONG ont condamné ces actes innommables. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays est l'un des initiateurs de cette mission humanitaire, a exigé hier qu'Israël soit «puni» pour son attaque contre la flottille de la liberté chargée d'aide humanitaire en route vers Ghaza, un acte qu'il a qualifié de «massacre sanglant». «Je condamne de la manière la plus forte ce massacre sanglant» commis par Israël, et ce pays doit être «absolument puni» pour cet acte, a déclaré M. Erdogan aux députés du parti de la justice et développement (AKP au pouvoir). Il a ajouté à ce propos que «cette attaque insolente et irresponsable qui piétine toute vertu humaine doit absolument être punie», appelant la communauté internationale à «dire non aux agressions d'Israël». Lors d'une visite la veille au Chili, Recep Tayyip Erdogan avait accusé Israël d'avoir perpétré un acte de «terrorisme d'Etat inhumain» après avoir ordonné cette attaque meurtrière, en soulignant que son pays «ne restera pas inerte et silencieux au sujet de cet acte». L'un des pays initiateurs de cette mission humanitaire, la Turquie, avait mis en garde Israël contre les «conséquences irréparables» sur les relations bilatérales après l'agression israélienne qui a visé notamment un bateau turc composant la flottille, et avait rappelé son ambassadeur en Israël.
Israël planifie une «attaque massive» contre Ghaza, selon Ahmadinejad Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a fait savoir qu'Israël était en train de planifier une «attaque massive» contre la bande de Ghaza, avertissant qu'une telle action provoquerait «une tempête de colère dans la région». «Nous avons des informations précises qu'ils (Israéliens) ont planifié une attaque massive contre Ghaza pour compenser leurs échecs passés», a affirmé M. Ahmadinejad lors d'un discours retransmis par la télévision d'Etat. Khaled Mechaâl : «Obama responsable de l'impunité d'Israël» Le chef du Hamas en exil, Khaled Mechaâl, a jugé «décevante» la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur l'assaut israélien contre la flottille internationale pour Ghaza, accusant les Etats-Unis d'être «responsables» de l'impunité de l'Etat hébreu. «Elle n'est pas à la hauteur du crime» de l'armée israélienne, a déclaré M. Mechaâl à Sanaa, ajoutant que «l'administration Obama est responsable du fait qu'Israël en soit sorti impuni. M. Mechaâl s'est en outre dit disposé, sous conditions, à une réconciliation entre le Hamas, qui contrôle la bande de Ghaza depuis son coup de force de juin 2007, et le Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas, dont l'autorité est limitée à la Cisjordanie. «Face au crime israélien, nous devons prendre rapidement l'initiative d'une véritable réconciliation qui repose sur notre droit à la résistance et un vrai partenariat dans la prise de décision politique, la sécurité et le contrôle des élections en Cisjordanie», a-t-il dit. Une réconciliation suppose aussi «un gel de la comédie des négociations (de paix) directes et indirectes, utilisées par Israël pour couvrir ses crimes», a encore dit le chef du Hamas. L'ONU demande une enquête «impartiale» Le Conseil de sécurité des Nations unies a demandé hier une enquête «impartiale» sur l'assaut israélien contre une flottille humanitaire pro palestinienne à destination de Ghaza, et condamné ces «actes» qui ont fait au moins neuf morts lundi. A l'issue d'une réunion d'urgence et près de 12 heures à New York, les 15 membres du Conseil de sécurité ont adopté à l'unanimité une déclaration lue par l'ambassadeur du Mexique Claude Heller, dont le pays assure en juin la présidence du Conseil. Cette déclaration présidentielle, non contraignante et de moindre portée qu'une résolution, «regrette profondément la perte de vies humaines et les blessés» et réclame la libération «immédiate» des navires et civils détenus par Israël. L'ICG condamne l'attaque israélienne et l'inertie de la communauté internationale L'International Crisis Group (ICG) a condamné à Bruxelles l'agression militaire israélienne contre la flottille de l'aide humanitaire à destination de Ghaza, et estimé que la responsabilité de cet acte incombe également à l'inertie de la communauté internationale face à Israël. L'organisation non gouvernementale à but non lucratif a rappelé que «durant des années, nombreux dans la communauté internationale ont été complices d'une politique qui vise à isoler la bande de Ghaza dans l'espoir d'affaiblir le Hamas. Cette politique est moralement et politiquement effroyable et vouée à l'échec». «L'assaut contre la flottille n'est qu'un symptôme d'une approche qui a été implicitement approuvée par «beaucoup», déclare Robert Malley, directeur du Programme de Crisis Group Moyen-Orient, qui souligne qu'«il est encore un autre exemple frappant de la nécessité qui tarde pour une transformation complète dans la politique envers la bande de Ghaza.» Pour M. Malley, «la condamnation internationale et l'appel à une enquête est chose facile, mais nombre de ceux qui les prônent doivent reconnaître leur propre rôle dans le traitement déplorable du conflit de Ghaza, qui a constitué la toile de fond des événements d'aujourd'hui». «La politique d'isolement de Ghaza, visant à retourner sa population contre le Hamas, et l'adoption d'une approche de Cisjordanie d'abord» a montré son échec estime la même source. «Aujourd'hui, nous assistons à la triste conséquence d'une politique dangereuse qui a échoué», a conclu Louise Arbour, présidente de ICG. «Cette initiative ne va pas s'arrêter» A Chypre, où est basé le Mouvement pour Ghaza libre à l'origine de la flottille, une des organisatrices, Greta Berlin, a déclaré qu'un autre cargo chargé d'aide faisait route vers Ghaza. Un bateau transportant une soixantaine de passagers devait le rejoindre, a-t-elle ajouté, en assurant que «cette initiative ne va pas s'arrêter». Selon des Allemands rescapés, il n'y avait aucune arme à bord Des Allemands qui étaient dans la flottille visée lundi par un raid israélien meurtrier alors qu'elle tentait de forcer le blocus de Ghaza ont assuré hier à Berlin que les militants pro palestiniens n'étaient armés que de bâtons. «J'ai personnellement vu deux bâtons en bois qui ont été utilisés (...). Il n'y a rien eu de plus», a affirmé Norman Paech, 72 ans, ancien député du parti d'extrême gauche Die Linke, qui était à bord du ferry turc Mavi Marmara. «Nous n'avons jamais vu de couteau utilisé comme arme. C'est avec des bâtons qu'on s'est défendu», a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse peu après son rapatriement. «C'était une attaque sur une mission pacifique dans les eaux internationales. Les Israéliens peuvent vouloir défendre leur zone de défense militaire, mais nous étions en dehors de ces limites. Nous avions le droit de nous défendre, et même d'utiliser les armes avec lesquelles on nous attaquait», a-t-il ajouté. «Nous ne nous étions pas préparés contre une attaque. On s'était dit (...) depuis le début : pas de violence, pas de résistance car on savait que face à des soldats, on n'avait absolument aucune chance». M. Paech a été rapatrié en compagnie de quatre concitoyens qui étaient également à bord du Mavi Marmara, arraisonné au petit matin lundi par des commandos de marine israéliens. Deux d'entre eux, les députés de Die Linke Inge Hoeger, 59 ans, et Annette Groth, 56 ans, ont abondé dans ce sens. «Personne n'était armé», a assuré Mme Hoeger.