Pour la quatrième fois depuis 2006, le Conseil de sécurité des Nations unies a voté, mercredi soir 9 juin, à New York, une série de sanctions contre l'Iran, jugées comme les plus dures et les plus coercitives. Grande satisfaction du côté des capitales occidentales qui espèrent ainsi faire fléchir la République islamique, sans passer par des représailles militaires, trop risquées dans la conjoncture actuelle. Des quinze membres du Conseil, seuls deux ont voté contre : le Brésil et la Turquie –alliés actifs de Téhéran. Le Liban, divisé sur la question, s'était abstenu. Le président iranien a vite réagi à l'annonce des sanctions, en voulant les ridiculiser à sa façon. En substance, il dit que rien ne pourrait arrêter le projet de son pays de posséder cet arsenal nucléaire controversé. Pour les observateurs internationaux, ces nouvelles mesures ne pourront pas, en effet, dissuader l'Iran de continuer son programme d'enrichissement de l'uranium, dès lors que le gouvernement d'Ahmadinajad semble en mesure de les contourner. Ce qui risque d'aggraver la crise dans l'avenir immédiat, et peut mener les Etats-Unis et leurs alliés à reprendre la menace de représailles militaires, option quelque peu abandonnée depuis l'arrivée de Barack Obama. Cela dit, le ralliement, négocié, de Moscou et de Pékin à ces nouvelles mesures est susceptible d'accentuer l'isolement diplomatique de la République islamique, et d'affaiblir son économie, en rendant ainsi «plus coûteuse» le programme d'enrichissement tant redouté. Il faut noter que ce durcissement de ton de la part des grandes puissances est venu mettre fin à une politique d'ouverture menée par Obama. Le président américain a redit mercredi qu'il était prêt à un dialogue avec l'Iran. Mais cela risque de rester sans suite. Des menaces vaines Après un énième ultimatum adressé à Téhéran, les cinq membres du Conseil de sécurité sont finalement parvenus à une formule conciliant les points de vues de ces pays divisés essentiellement sur la nature des pressions à exercer sur le régime iranien pour le dissuader de ses projections actuelles, jugées aussi bien dangereuses qu'illégitimes. Trois options se dégageaient dès le début. La première était incarnée par la Russie et la Chine qui continuaient à s'opposer à toute sorte de mesures coercitives ou d'attaque militaire contre l'Iran ; la second, mise en avant par les Etats-Unis qui insistaient sur la nécessité d'infliger des sanctions économiques et se disaient prêts à en découdre militairement. Puis enfin, il y a la position européenne plus nuancée, oscillant entre menaces de sanctions et recours diplomatiques. De son côté, l'ONU a toujours préconisé la voix diplomatique pour désamorcer la crise et recommandait expressément à Téhéran de «suspendre momentanément l'enrichissement d'uranium en guise de signe de bonne volonté» de la part des Iraniens. Le téméraire président iranien, Mahmoud Ahmedinedjad, n'a depuis cessé de défier la communauté internationale en menaçant de «couper la main» à celui qui serait tenté d'agresser son pays et en se disant «prêt à tous les scénarios», y compris donc celui d'une attaque militaire enclenchée par son principal adversaire, les Etats-Unis, ou par leur allié israélien que le président iranien avait encore, il y a quelque jours suite à l'attaque contre la flottille pour Ghaza, voué aux gémonies. La communauté internationale ne désespérait pas, pour autant, de voir l'Iran se plier enfin à sa «volonté», sous l'effet de la guerre contre son allié libanais, le Hezbollah. Mais la donne politique a aujourd'hui changé dans la région, en faveur de l'axe iranien aujourd'hui renforcé par Ankara, dont le soutien à la politique iranienne se fait de plus en plus ouvertement. Le lien entre la situation au Proche-Orient et la crise nucléaire iranienne n'a jamais paru aussi franc. Et Téhéran ne veut pas perdre cet atout pour peser dans ses négociations avec l'Occident sur son droit de se doter de l'arme nucléaire, au même titre que son ennemi juré, Israël, supposé aujourd'hui affaibli. Israël qui, en toute impunité, continue sa politique nihiliste, en violation flagrante du droit internationale ; puisque ni le Conseil de sécurité, ni son parrain américain n'ont pu le convaincre d'accepter une enquête internationale sur le massacre commis par son armée en haute mer, fin mai dernier.