La Coupe du Monde-2010 marquera-t-elle la fin du football offensif ? Oui, si l'on croit les chiffres après 14 matches. Pour l'heure, les filets n'ont tremblé en moyenne que 1,64 fois par match, soit un total de 25 buts. Mis à part le match Allemagne – Australie où les camarades de Klose s'étaient permis de luxe de scorer par quatre fois, les attaques sont restées muettes, après la fin des rencontres de la première journée de tous les groupes de la Coupe du Monde. Cet état de fait a laissé les puristes sur leur faim. Mais qu'est-ce qui explique cet état de fait ? Les spécialistes s'accordent à dire que plusieurs facteurs sont à l'origine de ce phénomène qui marque un tournant et qui traduit une nouvelle tendance du football. De prime abord, plusieurs données en sont à l'origine. Si pour certains, le Jabulani et les Vuvuzelas sont des motifs de déconcentration des joueurs, d'autres pensent que cette moyenne traduit une nouvelle tendance du football. Le Jabulani est devenu une peste aussi bien pour les gardiens que les attaquants et les Vuvuzelas sont un élément fondateur du folklore sud-africain, ils ajoutent un côté pittoresque à l'ambiance et peuvent motiver certains joueurs avides de dépaysement. Les véritables raisons sont à rechercher dans les schémas tactiques et les dispositions de jeu. Tous les entraîneurs abordent leurs premiers matches de poules dans la prudence et pour ce faire, il n'y a pas mieux qu'un renfort de joueurs au milieu du terrain et une pléthore de jambes derrière pour faire écran devant tout danger pouvant survenir durant les quatre-vingt-dix minutes. On bétonne et on attend la suite des événements. Les systèmes de jeu adoptés durant ce premier tour, aussi bien pour les favoris que les équipes modestes, étaient basés sur une défense renforcée et un milieu à vocation de récupération. Les attaquants ont trouvé les pires difficultés pour construire des actions offensives. L'essentiel du potentiel offensif était basé sur des actions standards (coups francs, corners ou longues touches). L'autre originalité est l'absence du jeu direct (en contre), basé sur un minimum de touches de balles. Cette façon d'agir laisse la porte ouverte devant l'exploit individuel. Mais là aussi, l'habileté des joueurs est mise à rude épreuve par l'insaisissable Jabulani. La moyenne réalisée de buts inscrits au terme des matches de la première journée du Mondial-2010, est très en retard par rapport aux sept dernières Coupes du Monde, selon les statistiques de la FIFA. Lors du Mondial-2006 en Allemagne, ce fut une moyenne confortable de 2,30 buts lors des 64 matches alors que le Mondial de «disette», fut celui disputé en 1990 en Italie avec seulement 2,21 buts en moyenne par match. Cette tendance traduit également une autre donnée, celle d'une mutation que vit le football mondial. Le festival allemand devant l'équipe d'Australie en est la parfaite illustration. Depuis le retour du football spectacle avec Zidane et Messi, les Européens ont délaissé la rigueur et la sobriété dans leur façon de jouer pour laisser place à un petit brin de folie qui rappelle les artistes brésiliens qui avaient séduit le monde par leur technique en 1958 en Suède. Les Européens commencent à découvrir le coup du sombrero, le passement de jambes, le petit pont ou encore le jeu en dribble, des armes qu'ils délaissaient pour adopter les changements d'ailes, le football physique et surtout le football sobre.