En 1816, paraît l'Antiquaire, le roman préféré de Scott, dont l'intrigue se déroule à la fin du XVIIIe siècle. Mais ses besoins d'argent s'aggravent, pour agrandir Abbotsford, et il veut échapper à la tutelle du seul Constable. Un écrivain prolifique Aussi, Walter Scott publie-t-il (toujours sous l'anonymat) une nouvelle série de romans chez l'éditeur londonien Murray et son correspondant écossais, sous le titre les Contes de mon hôte, dont la première série comprend le Nain noir et Old Mortality (qui décrit la répression des Covenantaires sous Charles II en1679). L'éditeur fictif est un personnage caricatural, Jedediah Cleishbotham, sacristain et maître d'école à Gandercleuch, qui est censé publier le travail d'un certain Peter Pattieson. En janvier 1817, Scott publie son dernier long poème, Harold l'Intrépide, puis part, durant l'été, à travers l'Ecosse visiter les sites qui seront évoqués dans le roman auquel il travaille, Rob Roy. A Abbotsford, durant l'été, il reçoit la visite de Washington Irving, qui laissera un long récit de ce séjour. En 1817, paraît Rob Roy, avec la mention «par l'auteur de Waverley». Dans ce roman, il évoque la figure historique de Rob Roy et la révolte jacobite de 1715. Jouant de la rivalité qui oppose ses éditeurs, Scott consent à donner à Constable la seconde série des Contes de mon hôte, à condition qu'il reprenne tout le stock invendu de Ballantyne. Cette seconde série comprend le Cœur du Midlothian (1818), qui part de l'émeute Porteous, qui eut lieu à Edimbourg en 1736, et décrit le périple d'une fille du peuple, Jeanie Deans, pour sauver sa sœur, accusée d'infanticide. La même année, il assiste avec émotion à la redécouverte des Regalia d'Ecosse, insignes de la royauté écossais qui avaient disparu depuis cent ans. Bien qu'il blâme sa prédilection pour les horreurs (moquées par Edgar Allan Poe), Scott collabore au Blackwood's Magazine, rival de l'Edinburgh Review. A cette époque, il atteint un niveau exceptionnel de popularité et de fortune (au moins 10 000 livres de revenu annuel) en Europe. En 1819, paraît la troisième série des Contes de mon hôte chez Constable, la Fiancée de Lammermoor, un roman noir à la manière de Roméo et Juliette évoquant l'amour de deux jeunes gens appartenant à des familles ennemis, dans l'Ecosse vers 1669, et Une Légende de Montrose (qui décrit l'Ecosse et les Highlands sous Charles Ier, pendant la guerre civile). Souffrant de plus en plus de sa jambe et de calculs biliaires, sous l'effet de fortes doses de laudanum, Scott dicte à John Ballantyne et à William Laidlaw ses romans dans une sorte de transe. Quand son état de santé s'améliore, il affirme à Ballantyne en découvrir les épisodes en même temps que les lecteurs, tant l'opium a troublé sa mémoire. La même année, il reçoit le titre de baronnet et obtient une commission d'officier pour son fils aîné, Walter, qui sera cornette chez les hussards. Le roman historique Le 24 décembre 1819, jour de la mort de sa mère, Scott, qui, jusque-là, décrivait le passé récent de l'Ecosse, fait paraître son premier vrai roman historique avec l'évocation de l'Angleterre du XIIe siècle dans Ivanhoé. En moins de deux semaines, le premier tirage de 10 000 exemplaires est épuisé. Suivent le Monastère et l'Abbé (sur Marie Stuart) en 1820, puis Kenilworth (qui raconte l'histoire d'Elisabeth et d'Amy Robsart) et le Pirate (qui prend pour toile de fond la vie dans les Shetland à la fin du XVIIe siècle) en 1821. En 1820, il fait un séjour à Londres pour recevoir du nouveau roi George IV son titre de baronnet. Sa fille Sophia se marie avec un jeune écrivain tory, ami de la famille depuis plusieurs années, qui sera le biographe de Scott. John Ballantyne publie une collection de romanciers ; Scott se charge d'écrire un essai sur chacun d'entre eux ; il commence par une Vie deFielding, puis celle de Smollett. En 1822, il publie deux romans : les Aventures de Nigel et Peveril du Pic et deux poèmes historiques : The Halidon Hill et Mac Duff's Cross. La même année, George IV fait une visite officielle en Ecosse (il est le premier roi d'Angleterre à poser le pied sur le sol écossais depuis le XVIIe siècle). Scott organise les manifestations de bienvenue à Edimbourg : il fait figurer les clans, retrouve leur antique ordre de préséance, discipline les rivalités. Revêtu d'un tartan aux couleurs des Campbell, il accompagne partout le roi qui le fait féliciter par Robert Peel. Scott en profite pour réclamer la restauration des pairies écossaises (supprimées après les insurrections jacobites) et le retour à Edimbourg du canon géant Mons Meg (saisi par les Anglais en 1746). En 1823, c'est au tour de la France du XVe siècle et la lutte entre Louis XI et Charles le Téméraire d'être décrite à travers l'histoire d'un garde écossais dans Quentin Durward. En revanche, c'est dans le passé récent de l'Ecosse qu'il puise le sujet de Redgauntlet, paru en 1824, qui décrit l'écrasement définitif des conspirations en faveur des Stuart en 1767. De même, l'intrigue des Eaux de Saint-Ronan, pour une fois, se situe au XIXe siècle. En 1825, Scott marie son fils, maintenant capitaine. Il commence une nouvelle série de romans : les Histoires du temps des croisades, dont les deux récits, les Fiancés et le Talisman, paraissent la même année. Par ailleurs, Constable crée une collection de livres à bon marché paraissant tous les mois : le premier sera la Vie de Napoléon de Scott. (A suivre)