A Annaba et Tébessa notamment, ces deux fléaux, qui ont atteint des proportions alarmantes, ont été largement débattus par les magistrats et les membres du barreau présents hier à la cérémonie d'installation de M. Mezhoud Rachid en qualité de président de la cour d'Annaba. Ce dernier est connu pour avoir, en sa qualité de président de tribunal, réussi à ficeler des dossiers impliquant de gros trafiquants de l'import-export dans les wilayas de Biskra et d'Oum El-Bouaghi, à Hussein Dey et à Msila en tant que de président de cour. Des sources proches du parquet d'Annaba ont affirmé que, préalablement à la procédure de passation des consignes avec son prédécesseur, M. Mezhoud s'est longuement attardé sur des dossiers chauds, à savoir des affaires sous instruction de malversations, de corruption, de trafic d'influence, d'abus de biens sociaux impliquant des cadres gestionnaires de l'Entreprise nationale du fer et du phosphate (FERPHOS), de la Société nationale du transport Ferroviaire (SNTF) et de la société mixte algéro-indienne de sidérurgie en charge du complexe sidérurgique d'El-Hadjar et des mines de l'Ouenza et de Boukhadra à Tébessa. D'autres affaires ayant trait à la santé à la population seront aussi traitées. Dans le lot, celle soulevée en 2009 par la direction générale du centre-hospitalier universitaire d'Annaba. Dans une plainte déposée auprès du tribunal correctionnel d'Annaba, le premier responsable du CHU avait dénoncé l'utilisation clandestine du laboratoire d'urologie. En déclinant sa responsabilité dans tout problème qui pourrait résulter des interventions chirurgicales payantes effectuées clandestinement, ce responsable a impliqué directement le chef du service urologie, promu par la suite recteur par intérim de l'université Badji-Mokhtar d'Annaba. Ce dernier a été condamné en première instance à deux mois de prison ferme et une amende de 50.000 DA pour diffamation. En appel, le même recteur par intérim a écopé d'une amende de 10.000 DA. C'est lors d'une des interventions clandestines qu'une mère de famille insuffisante rénale a failli faire perdre son bras à la suite d'une faute médicale. Toutes ces grosses affaires et bien d'autres ont fait l'objet de discussions entre les magistrats, les représentants de la presse et des membres du barreau d'Annaba. Si l'on se réfère aux références du nouveau patron de la cour d'Annaba et à son itinéraire professionnel, tout indique que les dossiers de la SNTF, de la FERPHOS et d'ArclorMittal vont revenir au devant de l'actualité. Nos sources ont affirmé que la chancellerie a qualifié de trop lente l'instruction de ces trois dossiers portant sur des atteintes à l'économie nationale et à la dilapidation du patrimoine public. Des actes qui ont été confirmés par les enquêtes effectuées par les éléments de différents corps de sécurité (GN, PJ et DRS) et par les rapports d'experts judiciaires et de commissaires aux comptes. Aux cadres cheminots, dont l'ancien directeur régional d'Annaba, il est reproché la cession à des prix bradés et sous la forme de déchets ferreux de nombreuses pièces de rechange et autres équipements ferroviaires importés et à l'état neuf d'une valeur de plusieurs centaines de millions de dollars. Les différents rapports d'expertise et les plaintes déposées au niveau du tribunal correctionnel d'Annaba par les commissaires aux comptes ont montré que les cadres gestionnaires de l'EPE Ferphos sont à l'origine de créances douteuses. Ce qui a valu à Hamid Temar de perdre son poste de ministre. Le troisième dossier concerne un préjudice à l'entreprise algéro-indienne ArcelorMittal. Judiciairement, ces deux dernières affaires sont de la compétence des deux tribunaux d'Annaba et Tébessa, deux institutions concernées justement par le changement de leur président de cour.