Consciente de la complexité de l'opération, l'armée française aurait fait appel à la collaboration de l'Algérie, elle-même concernée par la lutte contre ces groupes armés ayant infesté la région. Si certaines sources affirment que les militaires algériens auraient pris part aux combats, d'autres disent qu'ils se seraient contentés d'apporter un appui logistique dans cette opération contre le groupe terroriste. On se souvient qu'au lendemain de l'assassinat, le 30 juin dernier, de 11 gendarmes gardes-frontières, le Mali avait proposé à l'Algérie de poursuivre les groupes armés sur son territoire. Mais on ne sait que très peu de choses des résultats de cette opération. L'essentiel pour l'Algérie étant de consacrer cette légitimité de lutte contre le terrorisme, mettant ainsi un terme au laxisme patent des pays voisins et même des forces de l'OTAN dans la région du Sahel. Cette mobilisation a donc eu un effet d'entraînement, sur les Français dont c'est la première intervention militaire dans le Sahel. Paris avait suscité, il y a quelques mois la réprobation de beaucoup de pays, dont l'Algérie, en acceptant de payer la rançon exigée par des terroristes pour libérer un otage français détenu dans cette même région. Cette «initiative» a été interprétée comme une caution, dans le sens où pareille concession est susceptible d'encourager les groupes terroristes à commettre d'autres actions et de faire subir à d'autres pays le prix de cette complaisance coupable. Et c'est bien ce qui s'est passé, avec cette prise d'otage et cet acharnement des groupes affiliés à Al Qaïda contre les garde-frontières algériens… La responsabilité française Le cas de l'ancien chef du GSPC, Abderrazak El Para, est devenu problématique à plus d'un titre et doit, de ce fait, servir de leçon. Le chef terroriste, en captivité chez des rebelles tchadiens, aurait été racheté par ses camarades algériens avec l'argent de la rançon versée au groupe qui avait organisé le rapt d'otages occidentaux en février 2003. Depuis son adhésion au djihad internationaliste, l'ex-GSPC a réussi à étendre son champ d'action jusqu'aux fins fonds du Sahara et dont l'action semble de plus en plus coordonnée avec les différentes ramifications régionales d'Al Qaïda. En attestent les attaques perpétrées dans plusieurs pays de la région. Pour certains spécialistes d'Al Qaïda, l'ex-GSPC, devenu entre temps l'AQMI, acculée en Europe, s'est concentrée et rabattue, «par défaut», sur le Sahara. Une région dans laquelle elle était déjà présente et où elle a intensifié ses actions en ouvrant de nouveaux fronts, notamment au Niger, en 2009. Elle a, effectivement, recruté des membres de différentes nationalités africaines comme simples fantassins, mais en conservant cette hiérarchie algérienne, puisque tous les chefs opérationnels sont Algériens. Depuis quelque temps, que ce soit avec l'enlèvement des Français ou avec la récente attaque des onze gendarmes algériens à l'extrême sud du pays, on a l'impression que leurs actions se concentrent beaucoup plus dans le nord du Mali. Ce qui risque, pour l'Algérie, d'aggraver la situation dans cette zone de conflit – entre Touareg et gouvernement malien – et d'obliger ainsi les autorités algériennes à rester en état d'alerte. Partout, les Français semblent être particulièrement visés : les attaques contre les touristes français en Mauritanie dès décembre 2007 ou encore contre l'ambassade de France à Nouakchott, en 2009. Il a fallu attendre cette énième prise d'otage, pour voir Paris se secouer enfin et se décider à affronter la situation et à agir en toute responsabilité.