En sa qualité de président temporaire de l'Unasur, l'Equateur, via son ministère des Affaires étrangères, a, dans un communiqué annonçant la tenue de cette réunion sur la crise entre Bogota et Caracas, que l'agenda portera aussi «sur l'adoption de mécanismes qui rendront possible le renforcement du dialogue de paix dans la région». Le gouvernement vénézuélien, en demandant jeudi dernier à Quito l'organisation en «urgence» de la réunion de l'Unasur, a qualifié les attaques de Bogota contre Caracas de «graves agressions». La crise diplomatique est survenue, pour rappel, après les déclarations du président colombien, Uribe, et son ministre de la Défense accusant Caracas d'abriter des guérilleros colombiens. Une accusation réfutée par la République bolivarienne de Vénézuela et l'annonce par son président, Hugo Chavez, de la rupture des relations diplomatiques ainsi que la mise en état d'alerte maximale de son armée qui s'est déployée à la frontière avec la Colombie. Bogota, qui à quelques semaines de la prise de fonction du nouveau président de la Colombie provoque une crise diplomatique avec son voisin le Vénézuela, n'a pas été sans susciter aussi des réactions au sein de l'opinion colombienne. L'ex-président colombien, Ernesto Samper, a soutenu que «ce qui attire mon attention, c'est qu'à vingt jours de la prise de fonctions du nouveau président, et alors que des démarches très importantes sont en cours pour tenter de normaliser les relations, on fasse ainsi éclater un scandale médiatique avec ces preuves présumées probablement en possession du gouvernement depuis plusieurs mois». De son côté, le président Chavez a estimé que les accusation de Bogota étaient le produit «du désespoir du groupe d'extrême droite entourant Uribe pour tenter de créer un conflit avec Caracas». La réunion de jeudi prochain des 12 membres des Nations sud-américaines de l'Unasur pour la recherche d'une solution diplomatique à la crise, constitue aussi un rendez -vous test pour ses capacités à y parvenir. Cela d'autant plus que la région est connue pour être un espace où d'autres acteurs étrangers sont influents dont l'acteur traditionnel dans cette partie du Monde, les Etats-unis . D'où les craintes exprimées de part et d'autre de voir la région s'embraser, à l'exemple de la déclaration du président de la Bolivie sur la crise en question. «La région était menacée d'un conflit à cause de la politique pro-américaine menée par le président colombien sortant», selon Morales en ajoutant que «la tenue en urgence des douze présidents de l'Unasur vise à résoudre le problème entre la Colombie et le Venezuela», tout en avertissant plus loin dans ses propos que «les membres de l'Unasur ne doivent pas laisser une guerre se déclencher entre des pays frères». Si Caracas a soutenu que les accusations de Bogota s'appuient sur des documents fournis par les Etats-unis, via les propos du président Chavez, celui-ci a exprimé le souhait de voir «un retour à la normale des relations sous la présidence de Santos». Le mouvement de la guérilla colombienne, les Farc est, porté sur la liste entant qu'«organisation terroriste» par les Etats-unis et l'Union européenne. Ce qui constituera le fond de toile de la réunion de l'Unasur au vue de la stratégie américaine dans sa lutte contre le terrorisme favorisant en premier lieu le déplacement de ses troupes militaires. Ceci d'autant plus que les relations bilatérales entre Caracas et Washington sont au rythme des contradictions induites par l'opposition de leur système politique respectif. Bogota, pour le règlement de la crise, a demandé une réunion de l'Organisation des Etats américains tout en annonçant la perspective d'une éventuelle démarche auprès de la Cour pénal Internationale. Par ailleurs, il est à rappeler que l'année dernière, un nouvel accord permet à l'aviation et à la marine des Etats-Unis l'usage d'au moins sept bases militaires colombiennes.