Selon une légende, un juif (ou un homme de Ponce Pilate) aurait dérobé le Saint Calice au Cénacle puis l'aurait remis au gouverneur de la Palestine, Ponce Pilate. Certaines légendes ajoutent même que Ponce Pilate y aurait puisé l'eau avec laquelle il s'est lavé les mains après avoir accompli odieux forfait. Des légendes multiples Par ailleurs, il existe également d'autres légendes qui diffèrent de celle qu'on a évoquée plus haut. Ainsi, une autre légende, par exemple, a affirmé que Joseph d'Arimathée, le profanateur, devait rester chez lui et de ne pas bouger de là pendant quarante jours. Dans la légende, il restera enfermé dans son cachot, pendant trente à quarante longues années (dans certaines légendes, une colombe vient déposer tous les jours une galette dans la coupe pour qu'il puisse se restaurer de façon frugale). Ce n'est pas la seule légende car une autre vient généralement se rattacher à une autre légende, celle de la maladie de l'empereur romain Vespasien. Ainsi, selon cette dernière, un pèlerin avait raconté à Vespasien qu'il a vu en Judée un prophète ayant accompli de nombreux miracles. Bien que ce prophète, Jésus-Christ, soit mort (selon la fausse version chrétienne), l'empereur Vespasien pouvait être guéri s'il touchait quelque chose lui ayant appartenu de son vivant. Alors, cet empereur ordonna d'envoyer ses hommes de Rome vers la lointaine terre de Palestine à la recherche d'un tel objet devant être dans la ville sainte de Jérusalem qui pourrait le guérir, enfin, de sa maladie. L'alchimie et le Graal L'ouvrage de l'alchimiste Fulcanelli, le Mystère des Cathédrales, donne du Graal une interprétation initiatique. La compréhension s'élargit à la seule condition d'avoir reçu une initiation maçonnique dans les règles de l'art. Les nombreuses initiations avaient pour but de réveiller des symboles cachés qui se transmettaient de façon très particulière et, souvent, par la douleur ressentie. Le Graal existe, ainsi, mais dans le vécu de l'initié et c'est quelque chose de tellement particulier et effroyable qu'on ne pouvait l'exprimer. Non pas dans le sens de la crainte d'un quelconque châtiment mais l'homme est en contact avec lui-même. Il savait ce qu'il était et ce qu'il avait toujours été. Toute tentative d'explication était vaine ; plus il devait essayer d'expliquer, plus il était incompris au point de se sentir face à des juges. Le Graal entre science et symbole La quête du Graal a aussi un sens moderne beaucoup plus concret : il décrit un objectif difficilement réalisable, mais qui apportera au monde des nouvelles connaissances ou permettra une application originale sur la matière. Ainsi, en physique, on qualifie la théorie de grande unification (théorie du tout) de «Graal des physiciens». Encore, la compréhension du mécanisme par lequel les gènes contrôlaient la physionomie des organes serait le «Graal des généticiens». Le Graal serait un objet mystérieux : 1 - C'est un objet caché : personne ne l'a jamais vu et il n'aura réellement accompli son rôle qu'après avoir été, enfin, retrouvé pour toujours. 2 - C'est un objet sacré aux pouvoirs puissants : seul un être pur pourra le trouver et en prendre possession. * Selon certaines légendes, la découverte du Graal devait annoncer la fin des Temps Aventureux. Pourtant, tous les chevaliers du Moyen-Age devaient le chercher coûte que coûte, et le monde n'aura de paix qu'après sa découverte, mais, paradoxalement, c'est à celui qui ne le cherchait pas qu'il sera donné de le trouver, selon un obscur auteur, Wolfram. On peut ainsi donner plusieurs interprétations à la quête des chevaliers : 1 - L'énergie dépensée et les épreuves rencontrées font grandir ou révèlent les qualités des chevaliers de la Table Ronde, éventuellement leur permettent d'en acquérir de nouvelles. Il s'agit donc d'une quête initiatique et de révélation personnelle. 2 -La recherche d'un objet sacré comme but dans la vie, et même au risque de sa vie, montre que la finalité peut être plus importante que sa propre existence : vision chrétienne de la vie terrestre, vécue comme un passage avant un monde meilleur. 3 - Le Saint Graal déposé par un chevalier au centre de la Table Ronde, lieu de rencontre des puissants du royaume, marque symboliquement l'instauration du christianisme grâce aux pouvoirs temporels (politiques ou militaires). Il montre aussi la primauté du religieux sur le temporel, puisqu'il justifie les efforts accomplis par les chevaliers. 4 - L'ancienne civilisation celtique druidique puis moyenne ageuse païenne chaotique faite de magie, de sorcellerie et de superstition se termine pour laisser place à la civilisation chrétienne (humaniste). L'utilisation ésotérique du Graal Les sectes profitent de la fascination suscitée par le mystère du Graal. L'aspect magique et symbolique du Graal favorise l'interprétation ésotérique (voir la pléthore de forums sur Internet actuellement consacrés au Graal et à son interprétation «véritable»). Signalons, en fin de cet article, que la Commission parlementaire sur les sectes, dans un pays comme la France, avait, notamment, identifié au cours de l'année 1995 plusieurs sectes se rapportant à la légende du Graal. Parmi ces dernières, il existerait le «Mouvement du Graal en France» (qui compterait entre 500 à 2 000 adeptes). Une autres secte porte l'appellation d'«Ordre du Graal ardent» (qui regrouperait en son sein quelque 50 à 500 adeptes). (suite et fin)