Entamé le matin, le procès en appel des 33 émeutiers du bidonville de la SAS de Sidi Salem, dans la commune d'El-Bouni, à 5 km du chef-lieu de wilaya, a pris fin quelques minutes avant la rupture du jeûne, dimanche dernier. Un des émeutiers, policier de profession, habitant le bidonville SAS de la même cité de Sidi Salem a été condamné à 4 années de prison ferme (8 années en 1re instance). Seize émeutiers ont été innocentés et ont bénéficié de l'acquittement dont le gendarme initialement condamné à 8 ans de prison ferme. Les 16 autres mis en cause ont vu leur peine initiale confirmée ou réduite. Même si le grief de l'emblème national brûlé semble avoir été abandonné dans les entendu du président de la cour, il n'en demeure pas moins qu'il a été fait référence à des banderoles portant atteinte aux institutions de la République, à la destruction des biens publics et privés, l'outrage à corps constitué et troubles à l'ordre public. La président de la cour paraissait très à l'aise dans le traitement de ce dossier qualifié d'explosif. D'autant que des dizaines de parents et proches des accusés avaient pris possession tôt le matin des alentours de la cour de justice d'Annaba où un dispositif sécuritaire renforcé veillait au grain. Certes, le comportement et les expressions des uns et des autres y compris des avocats de la défense n'étaient pas ceux de méfiance relevés lors de l'audience du 2 août 2010. Le fait que ce jour-là, celle-ci ait été ponctuée par la décision du président de la cour portant complément d'information, a quelque peu réduit la tension. Les magistrats et les gens du barreau donnaient l'impression de mieux maîtriser leur sujet. D'autant que le président de la cour était beaucoup plus précis dans ses questions aux accusés. Il allait à l'essentiel sans pour autant brusquer le cours du jugement. Il faut dire que les éléments fournis par le complément d'informations ont été très révélateurs. Implicitement, il est fait état d'abus d'autorité et de dépassement des forces de l'ordre lors de leurs interventions. Le même complément a mis en relief le fait que des personnes avaient été interpellées et arrêtées sans qu'elles n'aient pris part de près ou de loin aux émeutes. Elles étaient sur leur lieu de travail ou à proximité de leur domicile. Egalement mis en relief, la participation directe de plusieurs accusés dans la mise en place des barrages constitués d'objets hétéroclites et l'incendie de l'agence postale et de l'annexe communale. C'est dire que la décision du 1er magistrat de la cour d'appel de demander le complément d'information s'est avérée très pertinente pour l'éclatement de la vérité. Dans sa lecture des attendus sur lesquels il s'est basé pour rendre son verdict, le président a démontré qu'il a pris acte des éléments remis dans le cadre du complément d'information ordonné le 2 août motif du renvoi du jugement. Ces éléments imputent au service d'ordre une exagération des faits intervenus durant les 3 jours d'émeute du 19 au 21 juin 2010. Comme il a pris acte des plaidoiries des d'avocats de la défense dans leur volonté d'obtenir la relaxe de leurs mandants pour absence de preuve matérielle. Rappelons que les 33 accusés avaient été interpellés durant ces émeutes. Elles avaient été provoquées pour un problème de logement qui dure depuis l'avènement de l'indépendance et pour lequel les habitants de ce taudis (bidonville serait un luxe) n'ont pas cessé de réclamer une solution. Entassés à 10 et parfois à 15 dans des surfaces couvertes de tôles et de plastiques d'à peine 15 m2 de surface, cette population de la SAS de Sidi Salem a exprimé sa colère. En fait, l'absence de communication entre les pouvoirs publics et les citoyens serait pour beaucoup dans le ras-le-bol exprimé. Il est à l'origine de la condamnation en 1re instance du tribunal correctionnel dans son audience du mois d'avril 2010, des 33 émeutiers à de sévères peines de prison ferme variant de 2 à 8 ans assorties d'une amende de 1 million de dinars. Ces émeutes auraient pu être évitées si les sages de la cité, ou prétendus comme tels, avaient servi de trait d'union entre les habitants et les pouvoirs publics.