Depuis la mise en application des nouvelles dispositions, l'anarchie s'est installée. Elle est visible partout dans ces deux institutions chargées de ces opérations. Ces derniers jours, avec la multiplication des départs vers les Lieux- Saints de l'Islam, l'approche de la rentrée scolaire et le lancement des concours pour des recrutements dans les différentes administrations, la situation a atteint le point de non-retour. Elle est pratiquement intenable à proximité du Cours de la Révolution où sont implantés les sièges de ces deux administrations. A l'exigüité des locaux communaux, dont l'entrée est contrôlée par des énergumènes, s'ajoute le comportement indécent des guichetiers. Ainsi, quotidiennement, des centaines de citoyens sont soumis à l'arrogance, au mépris et à l'abus de pouvoir des préposés aux guichets. Avec un comportement à la limite du refus de travailler, ceux qui perçoivent un salaire payé par ce même contribuable qu'il refuse de servir imposent leur loi. Leur nonchalance de tout instant est une provocation à laquelle répondent l'agressivité et l'invective de nombreux administrés, surtout les jeunes. La situation est aggravée par la restriction imposée par ces mêmes guichetiers. Elle porte sur le nombre de citoyens appelés à s'inscrire très tôt le matin sur la liste des demandeurs de documents des pièces d'état civil. D'où les files d'attente qui se forment dès l'aube devant le service concerné. Elle est composée par plusieurs centaines de citoyens venus s'inscrire sur la «fameuse» liste. Pouvoir des guichetiers oblige, cette liste ne doit pas dépasser 80 demandeurs/jour de l'extrait de naissance traditionnel ou le spécial n°12. D'autres citoyens se présentent pour un retrait. Etablis par des agents issus majoritairement du filet social au bas niveau scolaire, les documents d'état civil délivrés s'avèreront erronés. Les erreurs de transcription du nom ou du prénom, de la date de naissance, l'omission ou le rajout d'une lettre comparativement au registre de l'état civil sont courantes. Interrogé alors qu'il attendait depuis des heures son tour sous un soleil de plomb devant le service d'état civil de la commune d'Annaba, Chaker a affirmé : «Cela fait plus de 10 jours que je me présente pour avoir un extrait de naissance n° 12 et 12 S pour la constitution de mon dossier de candidature à déposer avant le 20 août pour prétendre participer au concours de recrutement de la Direction de l'éducation. C'est apparemment mission impossible.» A la cour de justice, les services chargés de l'établissement du casier judiciaire et du certificat de nationalité sont submergés. Là également, la situation est à l'anarchie. On est revenu au temps des bras longs, de la maarifa, du piston et même du bakhchich pour prétendre disposer d'un des documents d'état civile nécessaires à l'établissement des pièces biométriques ou ceux destinés à la la constitution d'un quelconque dossier. Et si à la cour de justice d'Annaba, les responsables restent insensibles aux appels de détresse des administrés, à la commune, les élus, comme cela est devenu une tradition, n'ont pas le temps de s'occuper du concitoyen lambda. Pour eux comme pour leurs relations, il leur suffit d'un coup de fil. C'est cette même insensibilité face au calvaire que vivent les citoyens qui caractérisent les services de la wilaya. A ce niveau, l'on attend peut-être des émeutes qui ne sauraient tarder si cette situation n'est pas rapidement prise en charge.