Lors de sa visite de travail et d'inspection effectuée jeudi dernier à la commune d'El Bouni de 120 000 habitants et située dans la banlieue, le wali de Annaba ne s'est pas privé de dire tout haut ce qu'il pensait de la gestion de toute la wilaya. « C'est l'anarchie totale dans cette wilaya. » Son constat est quelque peu dépassé. Les annulations de décisions prises par son prédécesseur, notamment dans le domaine du foncier, donnent à cette anarchie toute la dimension des actes commis au préjudice des populations. De ces annulations, il y a celles des lots de terrain, notamment ceux de la zone industrielle de la Meboudja. Ces lots avaient été attribués au début de l'année 2004 pour prétendre d'importants investissements. Les annulations prononcées et la récupération de l'ensemble du portefeuille initialement généré hors domaine ont contrecarré un grand nombre de desseins et faussé de nombreux calculs. M. Bensebane, qui n'en est pas à sa première constatation de la mauvaise gestion de la wilaya, a relevé lors de sa visite à El Bouni que pas un seul secteur social et économique de cette commune n'en a été épargné. Il a également noté que les démarches entreprises par des responsables locaux n'étaient pas en phase avec les préoccupations des populations. Des projets de réalisation de logements en souffrance, ou dont les travaux sont très en retard, un établissement scolaire inachevé et dont la réalisation avait été lancée sans permis de construire, des enfants scolarisés restaurés sous des bouis-bouis servant également de dépôt de matériaux de construction dont le ciment, le mauvais état des VRD dans les cités, l'absence des conduites d'eau potable et d'évacuation des eaux usées, d'éclairage public, d'hygiène et de salubrité. Ce ne sont là que les plus visibles anomalies que le directeur de l'exécutif de la wilaya a relevées. « C'est l'anarchie totale dans cette wilaya », s'est plu à répéter le wali à chacune des étapes marquant sa visite d'inspection d'une journée à El Bouni. Le directeur de l'éducation qui venait de suspendre injustement le directeur du lycée Ben M'hidi de Annaba, le président d'APC et le chef de daïra d'El Bouni étaient mis sur la sellette, tout au long de la tournée d'inspection. La colère du wali était difficilement contenue à la vue des 4500 bidonvilles implantés à El Bouni et à Annaba. Elle sera quelque peu atténuée par la réponse du directeur général de l'OPGI. En réponse à l'interpellation du wali par les représentants des associations de quartier des 800 familles recasées de Sidi Salem, le directeur général a argumenté : « Depuis qu'ils ont été recasés, la quasi majorité des locataires ne s'est pas acquittée de ses droits d'entrée et locatifs. Si la moitié seulement l'avait fait, nous aurions pu, avec la recette de quelque 600 millions de dinars, engager les travaux de réfection de la toiture et des VRD que ces habitants réclament. » Zone d'extension de la commune chef-lieu de wilaya par excellence en matière de structures, annexes et autres, Sidi Salem pourrait se transformer en un port de pêche et une corniche dotée de tous les moyens pour le développement touristique. C'est ce qu'a annoncé le wali, à l'issue de sa visite de cette grande cité toujours livrée à elle-même en matière de prise en charge de ses quelque 5000 habitants.« C'est l'anarchie totale dans cette wilaya », tonna encore une fois le wali à la vue des travaux lancés depuis plusieurs mois, toujours inachevés du dépotoir de Berka Zerga. « Un problème d'avenants nous a retardés M. le wali. Nous les achèverons dans deux mois », a argumenté l'inspecteur de l'environnement chargé de ce dossier. Tout au long de cette visite, le directeur de l'exécutif n'avait pas cessé ces remontrances, blâmes, mises en garde, rappels à l'ordre et menaces de sanction à l'égard de certains responsables locaux dont l'incompétence dans la gestion du quotidien des populations aurait été prouvée. `Rappelons que les mêmes démarches et les mêmes menaces avaient été entreprises et exprimées par les précédents walis. Elles n'ont jamais été réellement appliquées, leurs auteurs étant finalement rentrés dans les rangs.