Le ministre de la Défense Hervé Morin, qui recevait son homologue britannique Liam Fox à Paris pour un entretien bilatéral consacré aux programmes d'armement des deux pays, a également souligné que les entreprises françaises et britanniques devaient coopérer davantage et que Paris et Londres feraient des propositions communes pour réformer l'Otan. «Nous souhaitons que notre coopération ait en arrière-plan la capacité (pour la France et la Grande-Bretagne, ndlr) de faire des économies budgétaires», a-t-il dit au cours d'un bref point presse. La France et la Grande-Bretagne, toutes deux confrontées à des tensions sur leurs finances publiques, ont décidé d'engager des mesures d'économies, notamment dans le secteur de la défense. «Il est logique d'examiner les dossiers où nous pouvons partager les actifs plutôt que d'agir séparément», a justifié Liam Fox. «C'est une approche purement pragmatique.» Hervé Morin a, toutefois, indiqué que la France ne prévoyait pas de partager de porte-avions avec la Grande-Bretagne à ce stade. Une source proche du ministère de la Défense a expliqué à Reuters que les caractéristiques techniques des avions français et britanniques rendaient une mutualisation particulièrement difficile mais que rien n'empêchait aux deux armées de partager des bateaux logistiques. «Le partage d'un porte-avion ne serait pas réaliste», a confirmé Liam Fox. Hervé Morin a assuré que Paris et Londres avaient engagé une réflexion sur une série de sujets de coopération et a mentionné comme exemple les avions ravitailleurs et le futur avion de transport militaire A400M, programme mené par Airbus Military, filiale du groupe européen d'aéronautique et de défense EADS. «Nous examinons très concrètement, capacité par capacité, sujet industriel par sujet industriel, ce que nous pouvons faire, soit en coopération, soit ce que nous pouvons décider qui nous amènerait vers l'interdépendance», a-t-il dit. «Sur les tankers (ravitailleurs), le maintien en condition opérationnelle (MCO) de l'A400M, les moyens navals communs, nous pouvons aller vers plus de mutualisation.» Propositions Le contrat de l'A400M, programme en retard de près de quatre ans, doit être révisé alors que certains pays comme l'Allemagne et la Grande-Bretagne, mécontents des délais de livraison et soucieux de réduire leurs dépenses, envisagent de diminuer leurs commandes. «Sur l'A400M, il fait réellement sens, alors que nous avons des restrictions budgétaires, d'obtenir davantage ensemble que séparément et de voir où nous pouvons dégager des économies d'échelle et se servir d'un partage des actifs», a dit Liam Fox. Les deux ministres n'ont pas détaillé de quelle façon ce partage pourrait avoir lieu. La France a passé commande de 50 A400M tandis que la Grande-Bretagne pourrait diminuer sa commande de 25 avions à 22. EADS a signé un accord en mars avec les sept pays membres de l'Otan à l'origine de l'A400M qui leur permet d'annuler jusqu'à 10 avions sur le total des 180 appareils commandés. Hervé Morin a également fait valoir qu'il avait discuté d'une réforme de l'Otan avec Liam Fox. «La France et la Grande-Bretagne portent la volonté d'une réforme en profondeur de l'alliance avec une réduction de la bureaucratie, un contrôle budgétaire accru, la diminution des états-majors et des empreintes physiques», a-t-il expliqué avant d'ajouter que la France et la Grande-Bretagne présenteraient des propositions d'économies au prochain sommet de l'Otan à Lisbonne en novembre. Le ministre a également invité les entreprises françaises et britanniques à engager des partenariats et des rapprochements. "Il faut redéfinir un certain nombre de contours pour que nous n'ayons pas forcément les mêmes centres de recherche des deux côtés du Channel, a-t-il plaidé. M.B