C'est apparemment le sens donné à la visite de travail et d'inspection effectuée hier dans la wilaya de Annaba par M. Ould Abbès, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. «Il y avait des corrections à appliquer dans la gestion de nos structures de santé. Nous l'avons fait sur la base d'un rapport circonstancié. Le CHU de Annaba avait atteint une situation de blocage telle qu'il fallait décider de corriger sur la base du rapport transmis par le wali. Nous l'avons fait. Nous continuerons à le faire sur la base de dossiers solides. Je peux dire que plus rien ne sera comme avant», a déclaré le ministre à un praticien venu à sa rencontre au CHU Annaba et lui-même cité dans le dossier de l'erreur médicale qui avait failli coûter la vie à une insuffisante rénale. Le ministre ne s'est pas arrêté à ce niveau des messages clairs qu'apparemment il voulait transmettre à tous les effectifs de son département. «Nous avons ouvert grandes nos portes aux différents syndicats pour dialoguer et chercher en commun des solutions aux problèmes posés y compris celui des salaires», a-t-il ajouté, comme pour mettre définitivement un terme aux supputations. Cependant, c'est le dossier de la corruption, des compromissions et de la gestion des marchés publics sur lequel Djamel Ould Abbas s'attardera longuement. Il en donnera un aperçu à son arrivée à l'établissement hospitalier spécialisé maternité gynécologie El Bouni. Constatant qu'un appareil acquis courant 2004 pour 14 millions de dinars n'a, depuis, jamais été utilisé car non adapté, le ministre instruira la chef du service à l'effet de déposer plainte contre le fournisseur qui serait parti sans laisser d'adresse. «En ce qui concerne les marchés publics de notre secteur qui annuellement correspondent à 8% de notre produit intérieur brut, nous avons décidé au niveau du ministère de contrôler point par point tout marché public appelé à être signé conformément à un cahier des charges. Rien ne passera sans ma signature», a précisé le ministre qui a également annoncé l'uniformisation de l'ensemble des équipements médicaux dans les structures de santé publique du pays. Les quantités de matériels et équipements médicaux acquis en devises et stockés définitivement sans espoir d'être utilisés sont effarantes. Ainsi, sur les 10 000 récemment acquis, 3 000 n'ont pas, à ce jour, été utilisés. «Nous n'admettrons plus ça. L'Inspection générale des finances est déjà sur le dossier. Elle a déjà décelé que des fournisseurs engagés pour une durée de garantie étalée sur 10 ans, disparaissent quelques mois après. Par cette démarche, M. Ould Abbès annoncera la mobilisation de ses services centraux. Sans le dire, le ministre a estimé qu'ils ont été trop longtemps tétanisés. Les déclarations du genre, le représentant du gouvernement en a fait plusieurs durant les 3 étapes de sa visite de travail et d'inspection. Ce fut le cas au nouvel hôpital 120 lits El Hadjar qu'il a officiellement débaptisé au nom du martyr de la révolution Benaouada Berzedjeb. Dans cet établissement de santé flambant neuf doté d'équipements médicaux de technologie de pointe, il a appelé à une prise en charge efficace des malades. A l'établissement hospitalier spécialisé en maternité gynécologie El Bouni, sa 2e étape, le ministre a décidé de transformer le laboratoire d'analyses existant en une structure jouissant d'une totale autonomie de gestion à l'intérieur du même établissement. Alors que l'on s'attendait à une visite du centre anti-cancer de Annaba dont les travaux enregistrent un retard de plus de 6 mois, selon le directeur de la santé de la wilaya, plus d'une année selon des techniciens interrogés sur les lieux, 15 minutes ont suffi à M. Ould Abbès pour s'imprégner de la situation. Il s'est contenté d'écouter les explications du chef de projet sur les perspectives qu'offrent cet établissement aux cancéreux. «Actuellement l'Algérie comptabilise 40 000 cancéreux. Ils seront 43 000 en 2012. C'est pourquoi, pour une bonne prise en charge, l'Etat a lancé la réalisation de 15 centres de ce type. «Grâce aux moyens sophistiqués dont ils ont été dotés, ils prendront en charge toutes les maladies chroniques», a-t-il affirmé. Interrogé en marge de cette visite sur les pénuries récurrentes de divers médicaments destinés aux malades chroniques dont le cancer et la tension, M. Ould Abbès a indiqué que tous les médicaments seront disponibles en quantité dans les prochains jours. «Il ne s'agit pas de pénurie mais de problème de gestion de la distribution à travers nos différentes pharmacies centrales. Cet aspect est pris en charge pour être rapidement solutionné», a-t-il précisé. Dans sa volonté de dénoncer les rumeurs et amalgames sur la situation de son secteur, le représentant du gouvernement a estimé que l'Algérie est en tête des pays maghrébins dans la prise en charge de la santé des citoyens. Selon lui, elle le sera davantage avec les 1 000 structures de santé entre CHU, hôpitaux, centre de santé, laboratoires qu'elle est appelée à réaliser dans le cadre du programme quinquennal 2010/2014. «Notre département a bénéficié de 230 milliards de dinars pour sa gestion en 2010. Il a eu 281 milliards de dinars dans le cadre du quinquennal 2010/2014. Nous sommes en mesure de faire beaucoup mieux dans la prise en charge de la santé publique», a conclu Djamel Ould Abbas.
