Après la conquête de la Perse par les Arabes en 641, l'Iran devient une partie du monde arabe. Les artistes iraniens s'adaptent alors aux besoins de la culture islamique arabe, qui est à son tour influencée par les traditions iraniennes. Dans l'Iran islamique, la peinture et l'enluminure tiennent une importante dans la décoration des manuscrits du IXe siècle. Au XIIe siècle, l'école de peinture de Baghdad devient célèbre pour ses manuscrits d'œuvres scientifiques, de fables et d'anecdotes, illustrés de miniatures. Au XIVe siècle, Baghdad et Tabriz sont les principaux centres de la peinture. Par la suite, Samarcande, Boukhara et Hérat s'y joignent. Ces œuvres consistent en général en des scènes de chasse, de guerre ou de vie princière, et en des paysages de rochers déchiquetés, d'arbres solitaires ou de ruisseaux bordés de fleurs. Au début du XIVe siècle, les arrière-plans, habituellement rouges, deviennent plus souvent bleus, et à la fin du siècle, les arrière-plans dorés sont plus courants. Le peintre de miniatures persanes le plus célèbre fut Behzad, le plus grand artiste de la fin de la période mongole et du début des Safavides. Il reste à la tête de l'académie de peinture et de calligraphie d'Hérat jusqu'en 1506, date à laquelle il part pour Taâz où il devient bibliothécaire du roi. Les œuvres de Behzad se caractérisent par de riches coloris, des personnages et des paysages réalistes. Dans les scènes de groupe, chaque personnage est différent, et ses portraits sont fortement individualisés. De nombreux peintres étudient sous sa conduite, dont les célèbres artistes Mirak et Sultan Mohammed, et son style est imité dans tout l'Iran, le Turkestan et l'Inde. Parmi les quelques manuscrits illustrés qui subsistent de lui, il y a lieu de citer l'Histoire de Tamerlan (1467), conservée à la bibliothèque de l'université de Princeton, le Jardin fruitier (1487), un livre de poèmes actuellement à la bibliothèque égyptienne du Caire ainsi que le fameux recueil de fables et de maximes de vertus islamiques intitulé Bustan du poète persan Saadi. Naissance de la miniature algérienne L'enluminure et la miniature prennent, en Algérie, un essor particulier grâce au travail d'une famille d'artistes : les Racim. Certes, les techniques existaient bien avant mais elles se limitaient à la décoration d'objets usuels et décoratifs, destinés au marché local ou aux brocantes européennes. Aussi, Mohamed Racim décide de lui donner une nouvelle dimension, en lui conférant une apostille algérienne. L'artiste désire, en fait, faire revivre le passé prestigieux de la civilisation islamique et en même temps, contribuer à la sauvegarde des valeurs authentiques de l'Algérie, d'Alger, plus particulièrement. Les autorités coloniales jouent un rôle prépondérant, en mettant en place une politique artistique. Seulement, si au départ le but de ces dernières étaient d'enfermer les artistes et artisans algériens dans un art appliqué où ils se limiteraient à reproduire des motifs puisés dans le patrimoine musulman, le talent et le génie de Racim et de ses disciples feront émerger la miniature et finiront même par la faire admettre comme un art à part entière. L'école racimienne s'impose Tout en maîtrisant les fondements de la peinture occidentale, Mohamed Racim et ses compagnons élaborent un style typiquement algérien, répondant aux règles académiques universelles, répandues en ce XXe siècle mais correspondant aussi à la tradition musulmane. Les œuvres des miniaturistes algériens sont gorgées de référents culturels. Hymne à Alger la blanche, à ses habitants, ses ruelles, ode à l'Algérie des racines, à ses us et coutumes, les peintures de Racim, Temmam, Bendebagh ou Haminoumna sont éblouissantes tant par la touche délicate des formes, la palette de couleurs à la fois harmonieuse et ensoleillée que par les scènes heureuses reproduites. Racim, le premier, ne peindra que le luxe, le raffinement et l'authenticité. Ses miniatures sont autant de scène captées dans le quotidien des gens de la Casbah, cette Casbah natale si chère à son cœur. Se passant loin des contraintes quotidiennes, cette vie à laquelle il fait référence renvoie surtout à sa propre nostalgie. Celle d'Alger dans toute sa grandeur et sa magnificence. Et là où le colon ne voyait qu'exotisme, l'Algérien percevait à travers ces œuvres une revendication identitaire exprimée par des peintures d'artistes engagés. Si la miniature était ainsi devenue le reflet d'une identité nationale, au lendemain de l'indépendance, de l'Algérie, son statut se pose en d'autres termes car le côté engagé de cette peinture ne se justifiait plus. Le déclin d'un genre «subalterne» Empreinte d'engagement identitaire, la miniature a vu cet objectif devenir caduque dès l'indépendance. Vidée de sa quintessence, elle tombera peu à peu dans l'abandon. Les pouvoirs publics se tournent alors vers les arts plastiques, faisant une haie d'honneur à des artistes plus dans l'air du temps. La miniature se retrouve alors confinée dans un carcan presque folklorique ne refaisant surface qu'à l'occasion d'événements spécifiques. Ce qui est plus que dommage car des artistes au talent sûr auraient pu constituer la relève des Racim, Bendebbagh ou Temmam, malheureusement l'occasion ne leur sera nullement offerte, la miniature étant reléguée au rang de genre «subalterne».