Le message, formulé lors d'une réunion en Libye de la Ligue arabe, accorde à Washington un délai dans ses efforts visant à sauver les discussions de paix engagées il y a cinq semaines, mais qui butent sur le refus d'Israël de prolonger un gel des constructions dans les territoires occupés où les Palestiniens veulent établir leur futur Etat. Des diplomates ont rapporté que le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et les ministres arabes des Affaires étrangères avaient, lors d'une réunion à huis clos, évoqué les «alternatives» à une future reprise des négociations en face-à-face avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Abbas a notamment proposé de demander aux Etats-Unis et aux Nations unies de s'engager à reconnaître un futur Etat palestinien occupant l'ensemble de la Cisjordanie, avec une menace de démission du président de l'Autorité palestinienne. A l'issue de ces discussions, vendredi, les ministres arabes ont déclaré qu'ils se réuniraient à nouveau le mois prochain pour discuter de ce dossier. Les Palestiniens misent de leur côté sur l'administration Obama. «Nous donnons aux Etats-Unis l'occasion de convaincre Israël d'arrêter la colonisation. Nous leur donnons un mois qui sera une période d'interaction politique entre les Etats-Unis et Israël», a déclaré Nabil Abou Rdainah, porte-parole d'Abbas. En novembre 2009, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait décrété un moratoire de dix mois sur les constructions en signe de bonne volonté pour aider à la reprise des négociations de paix. Ce moratoire est arrivé à expiration le 26 septembre et Netanyahu refuse sa prolongation, étant soumis aux pressions des membres ultranationalistes de la coalition gouvernementale qu'il dirige. Israël fait valoir que les Palestiniens auraient dû entamer des négociations plus tôt, au début du gel, et que le différend deviendra sans objet une fois que le processus de paix en arrivera à la délimitation des frontières. Ce bras de fer sur le moratoire traduit néanmoins des divisions plus profondes sur le contenu d'un éventuel accord final. Les Palestiniens revendiquent la création d'un Etat qui réunirait la Cisjordanie, Jérusalem-Est ainsi que la bande Ghaza, territoires pris à la Jordanie et à l'Egypte lors de la guerre des Six Jours. Israël s'est retiré de Gaza en 2005 mais entend conserver la totalité de Jérusalem qu'il revendique comme sa capitale. L'Etat hébreu mène par ailleurs une campagne de colonisation en Cisjordanie avec la création d'enclaves de peuplement. Washington a bien accueilli une déclaration de la Ligue arabe qui, selon des diplomates, a prôné vendredi une prorogation de soixante jours du moratoire sur les constructions dans les colonies tout en offrant à Israël diverses incitations. «Nous continuerons à oeuvrer avec les parties, et avec tous nos partenaires internationaux, pour faire progresser les négociations vers une solution à deux Etats et encourager les parties à prendre des initiatives constructives à cette fin», a dit Philip J. Crowley, assistant du secrétaire d'Etat américain pour les affaires publiques. Les autorités israéliennes se sont refusées à tout commentaire sur la réunion de la Ligue arabe. Pour l'instant, les Etats-Unis et les autres puissances mondiales ne se sont jamais montrés très enthousiastes à l'idée d'un Etat palestinien qui serait créé sans l'accord d'Israël. Bien que considérant la colonisation comme illégitime, les grandes puissances soutiennent une solution négociée. Les Palestiniens font valoir que la colonisation les empêchera de disposer d'un Etat viable.