,A Bordj Bou-Arréridj, les files d'attente s'allongent devant le siège des banques. En effet, chaque jour ouvrable que Dieu fait, des retraités de France domiciliés aux différentes banques de Bordj Bou-Arréridj commencent dès le lever du jour à se rendre aux sièges situés, généralement, en plein centre-ville à l'effet de prendre une place dans les langues queues et toucher leur retraite et ce sont toujours les premiers arrivés qui arrivent à se positionner en attendant l'ouverture des banques et leur unique guichet pour des centaines de titulaires de comptes devises. Ce qui stresse le plus : le manque de personnel et l'incertitude sur le temps restant à attendre. En dépit du temps passé dans les files d'attente, même assez court, l'expérience reste stressante ! Ainsi, quand on demande aux gens ce qui les marque le plus quand ils sont dans une file, seulement un faible pourcentage répond spontanément que rien ne les ennuie… Pour confirmer cette impression, plus de 90% des personnes interrogées reconnaissent avoir déjà déserté une file d'attente, de guerre lasse. On notera à ce sujet que la tension a peu de chance de retomber : pour les employés interrogés, leurs clients auraient plutôt tendance à se montrer «de plus en plus impatients.» Ce qui exaspère le plus, et ce de façon très nette, est le manque de personnel pour répondre à l'affluence. Bien après cette défaillance organisationnelle de l'entreprise, vient l'exiguïté des lieux qui ne permet pas aux responsables de ces banques de les faire rentrer à l'intérieur et c'est ainsi que seuls la rue et le trottoir font figure de salle d'attente durant toute la journée et heureux seront ceux qui passeront devant le préposé au guichet, par fois jusqu'en fin de journée. Les recalés reviendront le lendemain pour refaire le même itinéraire. Pourtant, ces vieux qui ont trimé toute leur vie ne viennent que pour prendre leur dû, mais c'est ainsi que fonctionnent nos institutions. Le sentiment de dépendre d'une tierce personne arrive en retrait, même si ces vieux retraités considèrent que le fait de ne pas pouvoir se servir ou effectuer une opération par eux-mêmes rentre dans ses facteurs de stress les plus importants lors d'un temps d'attente. Il faut noter aussi que ce spectacle insolite n'émeut nullement les responsables qui devraient trouver un autre moyen plus humain à même de satisfaire ces vieux en leur offrant de meilleures conditions d'accueil afin de préserver leur dignité et ne pas ternir l'image de nos banques. Comment faire passer le temps plus vite ? Afin de mieux appréhender les techniques d'attentes adoptées par ces vieux retraités, on a constaté plusieurs stratégies d'abord orientées sur le repli sur soi…avant de passer à l'extériorisation de son bouillonnement intérieur via des manœuvres plus ou moins discrètes. Pour la première technique, la manœuvre la plus populaire est de tendre l'oreille pour profiter de la discussion des voisins, généralement un grand nombre de personnes, qui sont coutumiers du fait. Viennent ensuite, le fait de braver les regards outrés pour participer à son tour à l'entreprise de divertissement en menant soi-même une conversation au téléphone ou avec un voisin. La deuxième technique, consiste à l'extériorisation. Ces tactiques ne suffisent pas aux plus épidermiques, enclins à l'extériorisation de leur frustration. Certains ont déjà juré qu'ils ne reviendront plus, d'autre vont venir une fois par trimestre, les autres s'en sont pris au premier innocent venu en se disputant avec la personne qui les accompagne. Enfin, de manière plus timide (ou moins avouée), ils tentent la resquille et d'autres profitent parfois de ce temps mort pour exercer leur talent de grosse tête ou encore - solution moins pacifique - laisser libre cours à leur tempérament méditerranéen en faisant un scandale. Des solutions technologiques au secours des impatients ? Plus d'autonomie : une solution pour réduire le temps de l'attente et augmenter son confort. Quand on demande aux citoyens de juger certaines initiatives en fonction de leur capacité à réduire l'attente et les frustrations, au-delà de la mise à disposition de plus de personnel, ils estiment que participer eux-mêmes à la réduction du temps d'attente en prenant les choses en main est une solution (Ils prônent ainsi la mise en place d'équipements libre-service). Viennent ensuite des solutions plus axées sur le confort de l'attente que sur sa durée Ils demandent à être informés sur la durée de leur attente et, enfin, la mise en place de files d'attentes balisées et dans des conditions humaines. Solutions réelles Ce sentiment que l'autonomie peut agir comme réel réducteur de stress est confirmé quand on interroge ces vieux retraités sur les solutions à mettre en œuvre pour conjurer les temps d'attente et la tension nerveuse au sein de la file, ils sont tous pour plus du personnel, l'installation de distributeurs automatiques de billets et les distributeurs de tickets donnant un ordre de passage. On attendant, nos vieux retraités doivent prendre leur mal en patience car aucune de ces solutions n'est envisagée dans un futur proche.