? Avant la décision du Conseil de l'enseignement supérieur, les étudiantes issues de familles traditionnalistes affirmaient devoir porter des chapeaux ou des perruques pour cacher leur voile et avoir ainsi accès aux cours. D'autres avaient choisi de rester chez elles. Avec ce changement, certains laïcs redoutent une montée en puissance du conservatisme et une «pression du voisinage» pour les forcer à modifier leur mode de vie et à porter le voile. «Je ne pense pas que nous allons subir des pressions pour porter le voile à Istanbul mais je crois qu'il y a un risque dans beaucoup d'universités de villes d'Anatolie», indique Begum Yildiz, 18 ans. Une autre étudiante, qui a requis l'anonymat, se montre moins confiante. «Je ne souhaite pas que l'interdiction soit levée. Je connais beaucoup de filles dont les familles les forcent à porter le voile. L'université est un endroit où elles peuvent se sentir libres.» Pinar Gedik, qui porte un voile rose, indique que l'interdiction est toujours en vigueur dans des universités. «Je peux assister à des cours avec mon voile maintenant mais il reste interdit dans de nombreux départements. La pression est toujours là.» Si les symboles de l'Islam sont plus présents dans la sphère publique, la sensibilité des uns et des autres reste à fleur de peau. Ces derniers jours, le sujet de discussion portait sur la présence ou non des généraux et des hommes politiques laïcs à la réception du 29 octobre au palais présidentiel lors de la fête nationale. Le président Abdullah Gül, dont la femme porte un voile comme celle d'Erdogan, organise d'habitude deux réceptions pour ceux dont la femme porte le voile et les autres. Il envisage cette année de n'en organiser qu'une. Muharrem Ince, membre du Parti républicain du peuple, a fait savoir que son parti boycotterait la cérémonie. «Le Président change la tradition de deux réceptions. C'est parce que l'AKP veut imposer le voile non seulement dans les universités mais de fond en comble», a-t-il dit.