L'Almohade Abou Debbous voulut enfin tenter un dernier effort pour se rendre indépendant à Merrakech; il adressa aux Abdelouadites un appel auquel répondit Yarmoracene, mais, en 1267, Abou Youcef Yacoub se porta contre lui avec les Merinides; il vint par Guercif et Tafrata et le poursuivit jusqu'au Telagh. Yarmoracene eut son camp enlevé et fut complètement battu, il put néanmoins rallier Tlemcen en bon ordre. Les Merinides allèrent ensuite attaquer Abou Debbous, qui fut vaincu puis assassiné en 1269; c'était la fin de la dynastie almohade, les Merinides et les Abdelouadites restaient seuls en présence. A partir de ce moment, les Abdelouadites régnèrent à Tlemcen sous le nom de Beni Ziane, leur royaume s'étendit depuis Miliana jusqu'à la vallée de la Moulouya; quand aux Merinides, ils étaient établis à Fez et dans tout le Magreb extrême. La région comprise entre Tlemcen, la mer et la Moulouya était toujours occupée par les Beni Fatene, qui devaient déjà être submergés par les Zénètes, parmi lesquels il y avait probablement des débris de la grande tribu des Beni Ifrene. Les Merinides et les Abdelouadites (Beni Ziyane) se disputent la possession de la région d'Oujda Après avoir étouffé une révolte de ses parents qui se retirèrent à la cour de Tlemcen, le merinides Abou Youcef Yacoub songea à se venger des Abdelouadites. En fin 1271, il se dirigea vers l'Est avec une armée considérable. Yarmoracene ben Zian fit appel à ses alliés et marcha au devant de lui. Parvenu dans l'Angad, Abou Youcef, qui voulait porter la guerre en Espagne, fit des offres de paix à son adversaire, mais celui-ci les refusa. Les deux armées se livrèrent bataille en février 1272, près de l'oued Isly. Abou Youcef avait rangé son armée en ligne, il s'était réservé le commandement du centre et avait placé aux ailes ses fils Abou Malek et Yacoub; ceux-ci engagérent la lutte qui sanglante. Fares, fils de Yarmoracene, fut tué et les Merinides taillèrent en pièces la majeure partie des Abdelouadites. Yarmoracene, accablé par le nombre, tint aussi longtemps qu'il put; sa milice chrétienne, don't le chef fut fait prisonnier, protégea la retraite et, suivant l'expression d'Ibn Khaldoun, “ se laissa broyer sous la meule de la guerre”; le souverain abdelouadite suivi de ses enfants dut s'ouvrir un passage à travers une grêle de coups de sabre. La nuit ayant mis fin au combat, Yarmoracene, soutenu par une petite troupe de guerriers, se retira sur Tlemcen avec les débris de son armée; en passant devant son camp il mit le feu aux tentes, mais son barem tomba aux mains de l'ennemi. Abou Youcef poursuivit les fuyards et arriva à Oudjda, qu'il détruisit de fond en comble et rasa jusqu'aux fondements, il se porta ensuite sur Tlemcen en dévastant le pays et fit le siége de cette ville. Les deux rivaux finirent par conclure la paix et Abou Youcef rentra à Fez chargé de butin. Les cours de Tlemcen et de Fez entretinrent quelque temps des rapports amicaux, puis, en 1281, Yarmoracene ayant manifesté de l'hostilité, Abou Youcef fit partir son fils Abou Yacoub avec une avant-garde et le rejoignit à Taza ; de là il marcha sur Tlemcen. La rencontre entre Merinides et Abdelouadites eut lieu sur les bords de la Tafna, ces derniers décompèrent pendant la nuit. Abou Youcef s'avança dans l'est ruinant tout sur son passage, au commandement de 1281, il était de retour à Fez.Yarmoracene mourut en 1283; il fut remplacé par son fils Othmane; Abou Yacoub Youcef succéda de son côté à son père Abou Youcef mort à Algésiras. Par la suite, les Abdelouadites remportèrent des succès dans l'est, ce qui éveilla la jalousie des Merinides. Aussi, en 1290, Abou Yacoub, suivi d'une grosse armée dans laquelle se trouvait une milice chrétienne, alla-t-il assiéger Tlemcen; il ravagea le pays et dut se retirer sans obtenir aucun avantage. Abou Yacoub ayant été humitié par Othmane, entra en campagne en 1295 et s'arrêta à Taourirt, d'où il expulsa la garnison abdelouadite, avant de rentrer dans sa capitale il y fit bâtir un fort et y plaça une garnison de Beni Asker sous les ordres de son frère Abou Yahia. En 1296, il quitta Fez avec l'intention de pousser jusqu'à Tlemcen; arrivé à Oujda, il en fit abattre les fortifications. Le sultan merinide se porta aprés cela sur Nédroma, puis il regagna ses Etats. Othmane chatia ceux qui avaient soutenu son adversaire, lequel fit une nouvelle apparition sans résultatà la fin de 1297. En février- avril 1298, Abou Yacoub vint encore attaquer les Abdelouadites. Lorsqu'il fut parvenu à Oujda, il donna l'ordre de relever la ville de ses ruines et d'y construire une kasba, un palais, un bain maure et une mosquée. Il alla enfin investir Tlemcen, mais au bout de trois mois il leva le siège; en retournant à Fez, il laissa à Oujda pour diriger les travaux son frère Abou Yahia. Ce dernier, ayant avec lui les Beni A sker de l'ancienne garnison de Taourirt, fit, conformément aux instructions reçues, de nombreuses courses dans l'est et domina le pays; il s'empara notamment de Nédroma. En 1299, le merinide Abou Yacoub revint assléger Tlemcen, il rassembla des forces considérables et, à peu de distance de cette ville, il fit bâtir Mansoura où il s'installa avec son armée. Le siège dura sept ans. L'Abdelouadite Othmane mourut en 1304. le 13 mai 1307, les défenseurs de Tlemcen étaient aux abois, quand l'assassinat d'Abou Yacoub vint les sauver. Abou Tabet, petit-fils de ce souverain, s'empara du pouvoir et retourna dans l'ouest ayant conclu la paix avec le sultan Abdelouadite, Abou Zian, auquel il abandonna toutes les conquêtes de son grand père moins Tlemcen el Djedid. Abou Tabet passa par Oujda et de là gagna Fez, où il fit son entrée en juillet 1307. La région d'Oujda jouit alors de quelques années de tranquillité, cette période fut de courte durée. Le sultan merinide Abou Saïd, qui haïssait les Abdelouadites, rouvrit les hostilités en 1314. il marcha contre Abou Hammou et fit prendre les devants à ses fils Abou Lahcene et Abou Ali, auxquels il donna le commandement de deux fortes colonnes ; quand à lui, il suivit avec le reste de ses troupes . il traversa la Moulouya et pénétra sur le territoire abdelouadite où il répandit la dévastation. En passant devant Oujda il lui fit subir un assaut terrible, mais trouvant dans cette place une vigoureuse résistance, il passa outre et alla ravager les environs de la capitale abdelouadite. Abou Saïd châtia les Beni Snassen et se rendit maître de leurs montagnes, puis, trompé par une ruse de l'Abdelouadite Abou Hammou, il leva le siège de Tlemcen et retourna dans ses Etats. Son fils Yaïch, dont il avait lieu de suspecter les intentions à son égard, quitta Oudjda pour se réfugier à la cour de Tlemcen. Abou Saïd eut ensuite à lutter contre son fils révolté Abou Ali, qui était soutenu en secret par le sultan abdelouadite Abou Tachefine. Ce dernier attaqua à plusieurs reprises les Hafsides et porta ses armes jusqu'à Tunis. L'émir hafside demanda donc au Sultan merinide de faire une didersion sur Tlemcen, mais Abou Tachefine ayant rappelé ses troupes de l'Est, Abou Saïd s'arrêta à la Moulouya en 1330. a la mort d'Abou Saïd, en 1331, l'empire merinide échut à son fils Abou Saï Lahcen, qui, en 1332, somma Abou Tachefine de lever le siège de Bougie et envahit les Etats de Tlemcen avec une nombreuse armée, sans réussir pourtant à s'emparer de cette ville. En 1332-1333, Abou Tachefine, qui avait poussé Abou Ali à la révolte contre son père le sultan merinide, chercha à profiter de la situation pour jeter ses troupes sur le Maghreb extrême ;après avoir atteint Taourirt sur l' oued za, il fut repoussé parles Merinides et poursuivi jusqu'à Tlemcen.